Le pape propose, Dieu dispose
Jour après jour, le Bureau de presse du Saint-Siège annonce le report – on n’ose pas encore parler d’annulation – des voyages du pape François. Le souverain pontife apparaît désormais dans un fauteuil roulant, comme ce fut le cas aux obsèques du cardinal Angelo Sodano, ancien secrétaire d’Etat, le 31 mai dernier à la basilique Saint-Pierre.
Le 10 juin, le Bureau de presse a fait savoir que le pape avait dû reporter son voyage en République démocratique du Congo et au Soudan du Sud, prévu du 2 au 7 juillet. Le communiqué indiquait qu’il avait accepté, à la demande de ses médecins, de ne pas compromettre les résultats du traitement de son genou droit, toujours en cours.
Le déplacement prévu au Liban les 11 et 12 juin 2022 a été lui aussi différé sine die, mais comme il n’avait pas été officiellement annoncé par le Saint-Siège, son report n’a pas fait l’objet d’une déclaration formelle.
On a appris le 13 juin qu’« en raison des limitations imposées au pape par sa gonalgie », il ne célébrerait pas la messe pour la solennité de la Fête-Dieu, le dimanche 19 juin, ni la traditionnelle procession du Saint-Sacrement à travers la Ville éternelle.
En revanche, le Kazakhstan doit accueillir François pour le 7e congrès des religions mondiales et traditionnelles, qui se tiendra les 14 et 15 septembre, dans la ligne de la Journée interreligieuse de prière pour la paix, organisée à Assise par Jean-Paul II, en 2002, où l’on déclarait sans vergogne – comme déjà en 1986 – « ne pas prier ensemble, mais être ensemble pour prier » !
Le 11 avril dernier, le pape a personnellement assuré le président kazakh de sa participation à ces journées consacrées au « rôle des responsables des religions mondiales et traditionnelles dans le développement socio-spirituel [sic] de l’humanité dans la période postpandémique ».
Cependant les vaticanistes qui ont bonne mémoire, se souviennent qu’une des raisons de la renonciation du pape Benoît XVI au souverain pontificat, le 11 février 2013, avait été l’avis des médecins lui demandant d’éviter les voyages lointains. La perspective des Journées mondiales de la jeunesse au Brésil, du 23 au 28 juillet 2013, avait ainsi pesé dans sa décision de se retirer.
Ce précédent historique relance les interrogations sur la capacité du pape François à poursuivre un pontificat dans lequel les voyages internationaux occupent une place prépondérante.
Handicapé physiquement, poussé dans un fauteuil roulant, le pape ne veut certes pas être traité comme un infirme qu’on pourrait pousser vers la sortie, en direction d’une unité de soins spécialisés. Il entend mener à bien le consistoire du 27 août, le voyage au Kazakhstan de septembre, et le synode sur la synodalité en octobre 2023…
Mais l’homme, fût-il pape, propose. Et Dieu dispose !
Abbé Alain Lorans
(Source : DICI n° 421 - FSSPX.Actualités)
Illustration : Banque d’Images Alamy