Le pape reprend son diocèse en main
Saint Jean de Latran
Le 6 janvier 2023, le Saint-Siège a publié la constitution apostolique In Ecclesiarum Communione, qui réorganise la structure du diocèse de Rome, le replaçant davantage sous le contrôle du pape.
Officiellement, la Constitution promulguée par le pontife romain a pour but de redonner « un élan évangélisateur et synodal » au vicariat de Rome, afin que ce dernier soit « un lieu exemplaire de communion, de dialogue et de proximité, accueillant et transparent au service du renouveau et de la croissance pastorale du diocèse de Rome », écrit le pape François.
En fait, la « réorganisation » du vicariat a plutôt les accents d’une reprise en main vigoureuse plaçant les affaires courantes du diocèse de Rome sous le contrôle du pontife argentin.
Le conseil épiscopal – normalement présidé par le cardinal-vicaire, jusqu’ici Mgr Angelo De Donatis – sera réuni trois fois par mois sous la présidence du Successeur de Pierre, qui entend avoir la main sur l’ordre du jour de chaque réunion qui « doit m’être transmis dans les plus brefs délais », intime le pape François, dans un ton qui laisse peu de place à la discussion.
Les fonctions du cardinal De Donatis sont désormais strictement encadrées : celui qui exerçait jusqu’ici « la haute et effective direction du vicariat », devient « l’auxiliaire » du souverain pontife qui entend serrer la bride : « il (le cardinal-vicaire) n’entreprendra aucune initiative importante ou dépassant le cadre de l’administration ordinaire sans m’en rendre compte au préalable », prévient François.
Après la fonction du cardinal-vicaire, plusieurs instances diocésaines sont également modifiées, toujours dans le sens d’une reprise en main : le conseil pour les affaires économiques est doté de nouveaux critères « de transparence dans la gestion des fonds ». Le budget du diocèse doit également recevoir l’approbation finale du pape.
Une commission indépendante dite de « vigilance », composée de six membres nommés par le pontife argentin, est également créée, « libre d’éventuels conflits d’intérêts », afin de contrôler les activités des différentes structures diocésaines.
Enfin, le mandat des personnels de direction est désormais limité à cinq ans, renouvelable une seule fois.
Un serrage de vis qui a été promulgué – faut-il y voir l’effet du hasard ? – au lendemain des funérailles de l’ancien pape émérite, ouvrant par un acte fort de gouvernement la période « post-Benoît XVI ».
Un geste vigoureux de reprise en main qui s’inscrit d’ailleurs dans la ligne d’autres actions entreprises ces derniers mois par le pape actuel concernant l’Opus Dei, Caritas Internationalis ou encore l’Ordre de Malte : histoire de donner un avant-goût de la gouvernance de la – probable – dernière partie du pontificat de François, qui paraît fort éloignée de la « synodalité » tant de fois affichée.
L’été dernier, dans un entretien accordé à la chaîne ViX de Televisa Univision, il avait déclaré qu’en cas de démission, il resterait vivre à Saint-Jean de Latran et qu’il ne conserverait que le titre d’évêque émérite de Rome.
La nouvelle constitution apostolique qui renforce son emprise sur le diocèse semble démentir les prédictions de ceux qui pensent qu’après la mort de Benoît XVI François pourrait se retirer. Les décisions prises, en effet, ne vont pas dans le sens de ceux qui se préparent à l’éméritat.
(Sources : Vatican News/La Croix – FSSPX.Actualités)
Illustration : Galilei, Alessandro, CC BY-SA 3.0, via Wikimedia Commons