Le Patriarcat latin de Jérusalem (3)
Le premier patriarche après la restauration du patriarcat, Mgr Giuseppe Valerga
La première et la deuxième partie ont décrit la naissance, la quasi-disparition, puis le renouveau du Patriarcat latin de Jérusalem avec la nomination d’un Patriarche par le pape Pie IX en 1847. Cette troisième partie considère la progressive mise en place du Patriarcat renaissant.
Les premiers pas du nouveau Patriarche
Giuseppe Valerga est né à Loano en 1813 dans une famille modeste. Il entre au séminaire d’Albenga, puis poursuit ses études à Rome, où il obtient le titre de docteur en droit et en théologie et une solide connaissance des langues orientales. Il entre à la Propaganda Fide en 1836 : il s’y fait remarquer par ses compétences et, devenu assistant du vicaire apostolique d’Alep, il est à Mossoul de 1842 à 1847 pour aider les pères dominicains à reprendre leur mission.
Son travail apostolique, sa sérénité face à des situations pouvant conduire au martyre à plusieurs reprises, ses travaux universitaires (comme la rédaction d’un dictionnaire chaldéen-italien) font de lui un missionnaire exemplaire. En mai 1847, il est appelé à Rome et consacré patriarche par Pie IX lui-même le 10 octobre 1847. Il avait 34 ans.
En janvier 1848, il arrive à Jérusalem où il est accueilli avec enthousiasme. Il entreprend immédiatement de former un clergé autochtone, de développer un réseau de missions en Palestine et d’obtenir une aide économique de l’Europe. Face aux nombreuses difficultés qui surgissent avec les autorités politiques et religieuses locales, le Patriarche Valerga reste fidèle à son rôle.
Dix ans plus tard, le Saint-Siège lui confie de nouvelles responsabilités en le nommant délégué apostolique pour la Syrie et le Liban. Puis « le bras droit de Pie IX en Orient » est appelé au Concile Vatican I pour soutenir le Pape sur la question de l’infaillibilité. Valerga mourra peu de temps après le Concile, à la suite d’une fièvre contractée lors d’une mission. A l’annonce de sa mort, Pie IX déclara : « Nous ne pouvons pas remplacer Valerga. »
L’une des initiatives de Mgr Valerga fut la renaissance de l’Ordre équestre du Saint-Sépulcre de Jérusalem. Dès son arrivée en Terre Sainte, il s’est fait un très bon juge de cet ordre ancien, qui lui avait été confié en tant que Patriarche latin. Depuis la fin des Croisades, c’étaient les Franciscains qui étaient au service du Saint Sépulcre et qui se chargeaient d’accueillir les pèlerins.
Certains d’entre eux venaient à Jérusalem pour recevoir l’investiture de Chevalier au Tombeau du Christ. Ces investitures étaient d’abord confiées à un chevalier laïc, puis le pape accorda au seul Custode de Terre Sainte le droit de procéder à l’investiture des chevaliers du Saint-Sépulcre méritants.
L’historien Alphonse Dupront parle d’un « rite semi-solitaire que l’Eglise et l’Orient accepteront presque malgré eux, pour l’audace de quelques isolés, vagabonds ou survivants des campagnes des Croisades ». Le Custode et ses successeurs exerceront ce droit sans discontinuer de 1500 à 1848, accordant ainsi l’investiture à 1 835 chevaliers.
Mgr Valerga comprit rapidement l’utilité qui pouvait découler de cet ancien Ordre et lui donna comme nouvelle tâche celle de soutenir matériellement et spirituellement le Patriarcat latin, tout juste restauré. C’est avec la publication de la Lettre Apostolique Cum multa sapienter de 1868 que Pie IX sanctionna officiellement la renaissance de l’Ordre Equestre proposé par Mgr Valerga.
La distance de vingt ans entre le projet présenté par Valerga au Pape et l’approbation du Pontife montre la prudence dont fit preuve le Saint-Siège en la matière. Cet Ordre est encore actif aujourd’hui et fidèle à sa mission et continue à offrir son soutien au clergé patriarcal, au Séminaire, aux maisons religieuses, aux écoles, etc.
Conclusion
La brève chronologie tracée jusqu’ici ont montré qu’il est possible de dater le début du Patriarcat à Jérusalem vers 451, comme pour Constantinople. Toutefois, comme nous l’avons vu, ce n’est qu’à l’époque des Croisades (1099-1291) que Jérusalem deviendra le siège d’un Patriarcat latin, mais pas par décision du Pape de l’époque.
La restauration du Patriarcat latin au XIXe siècle peut être considérée comme une réponse pastorale du Saint-Siège aux multiples intérêts géopolitiques et religieux nés au milieu du XIXe siècle.
(Source : Patriarcat latin de Jérusalem – FSSPX.Actualités)
Illustration : Patriarcat latin de Jérusalem