Le Patriarcat latin de Jérusalem (4)

Source: FSSPX Actualités

Les armes de l'Ordre équestre du Saint-Sépulcre

L’Ordre équestre du Saint-Sépulcre de Jérusalem a un lien profond et ancien avec le patriarcat latin de Jérusalem, il est donc intéressant de découvrir cet ancien ordre de chevalerie qui existe toujours et qui est en activité.

Histoire et liens avec le Patriarcat latin de Jérusalem

Les origines de l’Ordre équestre du Saint-Sépulcre de Jérusalem remontent à la première croisade, lorsque Godefroid de Bouillon libère Jérusalem. Afin de structurer les organismes religieux, militaires et publics des territoires libérés du contrôle musulman, il fonde l’Ordre des chanoines du Saint-Sépulcre.

Selon les récits des croisades, en 1103, le premier roi de Jérusalem, Baudouin Ier, prend la tête de cet ordre canonique et se réserve le droit, ainsi qu’à ses successeurs (en tant qu’agents du Patriarche de Jérusalem), d’en nommer ses chevaliers, en cas d’absence ou d’incapacité du Patriarche.

Les membres de l’Ordre comprennent alors non seulement les chanoines réguliers (Fratres) mais aussi les chanoines séculiers (Confratres) et les Sergentes. Ces derniers sont des chevaliers armés choisis parmi les croisés pour leur vaillance et leur dévouement ; ils font vœu d’obéir à la règle augustinienne de pauvreté et d’obéissance et s’engagent notamment, sous le commandement du roi de Jérusalem, à défendre le Saint-Sépulcre et les Lieux Saints.

Très peu de temps après la première croisade, les troupes – y compris celles des chevaliers de l’Ordre des chanoines du Saint-Sépulcre – commencent à retourner dans leurs terres d’origine. Cela conduit à la création, dans toute l’Europe, de prieurés faisant partie de l’Ordre.

En effet, ces prieurés se retrouvent sous la juridiction des nobles chevaliers ou prélats qui ont été investis dans le Saint Sépulcre lui-même et qui, bien que n’étant plus au service direct du roi de Jérusalem, continuent d’appartenir à l’Ordre des Chanoines.

L’Ordre décline en tant que corps militaire cohésif de chevaliers après la reprise de Jérusalem par Saladin en 1182, et cesse complètement d’exister sous cette forme après la défaite d’Acre en 1291. La disparition du royaume chrétien de Jérusalem laisse l’Ordre sans chef, mais sa présence au sein des prieurés européens subsiste, grâce à la protection des souverains, des princes, des évêques et du Saint-Siège.

Ces prieurés continuent de maintenir en vie les idéaux des chevaliers croisés : propagation de la foi, défense des faibles, charité envers les autres. Par la suite, à l’exception des évènements survenus en Espagne, ce n’est que rarement que les chevaliers du Saint-Sépulcre reprennent part à des actions militaires pour défendre la chrétienté.

Au XIVe siècle, le Saint-Siège verse une somme extrêmement élevée au sultan égyptien pour qu’il accorde aux Frères mineurs franciscains le droit de protéger les sanctuaires chrétiens. Pendant toute la période de suppression du Patriarcat latin, le droit de créer de nouveaux chevaliers est la prérogative du représentant de la plus haute autorité catholique en Terre Sainte : le Custode.

En 1847, le Patriarcat est restauré et le Pape Pie IX modernise l’Ordre en publiant une nouvelle Constitution qui le place sous la protection directe du Saint-Siège. Il confie son gouvernement au Patriarche latin. Le rôle fondamental de l’Ordre est également défini : soutenir les œuvres du Patriarcat latin de Jérusalem, tout en préservant le devoir spirituel de propagation de la Foi.

En 1949, Pie XII décrète que le Grand Maître de l’Ordre se doit d’être un cardinal de la Sainte Eglise romaine, et attribue la fonction de Grand Prieur au Patriarche de Jérusalem. Le pape Jean XXIII et le pape Paul VI réorganisent et revitalisent l’Ordre, respectivement en 1962 et en 1967, en y ajoutant des règlements plus spécifiques à la Constitution, dans le but de rendre les activités de l’Ordre plus coordonnées et plus efficaces.

En février 1996, le Souverain Pontife Jean-Paul II renforce le statut de l’Ordre. Il devient une Association publique de fidèles, dotée d’une personnalité juridique canonique et publique, et constitué par le Saint-Siège (en vertu du droit canonique 312, paragraphe 1:1).

Au-delà de ses connotations historiques et de sa riche évolution, l’aspect précieux et intéressant de l’Ordre réside aujourd’hui dans le rôle qui lui est assigné, qu’il poursuit dans le cadre de l’Eglise catholique et à travers sa structure administrative et ses organisations locales dans les différentes communautés.