Le patriarcat maronite d’Antioche (1)
Le patriarcat maronite de Bkerké
L’Eglise maronite a ceci de particulier parmi les Eglises orientales d’être intégralement catholique, autrement dit, il n’y a pas de maronites « orthodoxes ». Ses racines remontent au Ve siècle et elle a cette autre particularité de s’être en quelque sorte fondée dans la lutte contre l’hérésie et le maintien de la foi catholique.
L’origine du nom « maronite »
Le site The Maronite Foundation in the world donne d’amples renseignements historiques sur les commencements de l’Eglise maronite. Au cours du premier quart du Ve siècle, Maron, un ermite parlant syriaque d’origine araméenne, décède dans la région de Cyrus, entre Alep et Antioche (au nord-ouest de la Syrie actuelle).
La région était connue administrativement à l’époque romano-byzantine sous le nom de Syria Prima. La date du décès de saint Maron est incertaine. La tradition livre la date de 410, mais ce qui est certain est qu’il est mort avant l’accession de Théodoret à l’évêché de Cyr en 423.
Saint Maron n’a pas fondé d’église ni d’ordre monastique, et n’a laissé aucun travail théologique ou philosophique. Il s’est consacré au Christ, enseignant à de nombreux disciples : moines, fidèles et religieux. Il a établi une école spirituelle de vie érémitique qui continue de prospérer aujourd’hui. Théodoret la désignait comme une « philosophie de la vie en plein air ».
Les tribulations de l’Eglise syrienne des premiers siècles
Les VIe et VIIe siècles furent marqués en Syrie par deux grandes hérésies qui provoquèrent des scissions importantes. Au VIe siècle, certains Syriens ont adopté l’hérésie monophysite, qui nie l’existence d’une nature humaine en Jésus-Christ, celle-ci étant absorbée par la nature divine : c’est ce que signifie le terme qui se traduit par « une seule nature ».
C’est le moine Jacques Baraddaï qui contribua à l’expansion du monophysisme en Syrie, d’où le nom de « jacobite » donné aux adeptes de cette hérésie. Son origine remonte au moine copte Eutychès pour qui « la nature humaine avait cessé d’exister comme telle dans le Christ en étant assumée par sa personne divine de Fils de Dieu ». Cette hérésie fut condamnée au concile de Chalcédoine en 451.
Au VIIe siècle, l’empereur Héraclius, voulant faire cesser l’hérésie jacobite, encouragea l’hérésie monothélite, qui affirme que le Christ possède deux natures, mais une seule volonté, la volonté divine – comme les jacobites, puisqu’ils supprimaient la nature humaine. Cette tactique ne fit qu’augmenter la confusion. Cette hérésie fut condamnée au concile de Constantinople en 681.
Ainsi, en 451, après le concile de Chalcédoine, l’Eglise syrienne fut divisée en deux branches : la branche jacobite ou préchalcédonienne, car elle avait refusé le concile de Chalcédoine, et la branche chalcédonienne qui l’avait accepté.
En 452, influencés par Théodoret de Cyr et obéissant à l’ordre de l’empereur byzantin Marcian (450-457), les disciples de saint Maron construisirent un monastère sur l’Oronte et le nommèrent en l’honneur de leur patron. Ce monastère est rapidement devenu le rempart de la doctrine orthodoxe-catholique de la définition chalcédonienne, dans la région de la Syrie Seconde (Hama-Homs).
Le monastère de Saint Maron a prospéré et a donné naissance à nombre de monastères qui se sont développés en Syrie Seconde. La communauté rassemblée autour de ces monastères s’appelait Beit Maroun.
Cette nouvelle communauté s’est rapidement étendue dans différentes villes de la Syrie romaine, prêchant la foi de Chalcédoine. Elle est également venue en de nombreuses places du Mont-Liban, où Ibrahim de Cyr, l'un des disciples de Maron, avait précédemment converti de nombreux païens au christianisme dans la vallée de la rivière Adonis, qui a ensuite reçu le nom de Nahr Ibrahim.
Plus tard, lorsque le siège patriarcal d’Antioche est devenu vacant en raison de la conquête arabo-musulmane, la communauté maronite dirigée par le monastère de Saint Maron a pris l’initiative, à la fin du VIIe siècle ou au début du VIIIe, d'élire Jean Maron II comme Patriarche d’Antioche.
Les tribulations et les persécutions par le monde arabo-musulman
Au VIIIe siècle, les rivalités entre les catholiques dénommés melkites, les jacobites (majoritaires) et les maronites, sont devenues préoccupantes en Syrie. Au IXe siècle, une persécution religieuse qui aboutit à la destruction du monastère Saint Maron, obligea les maronites à s’enfuir. Ils se réfugièrent au Liban. Leur patriarcat fut transféré d’abord à Byblos.
Pendant les croisades, les maronites ont coopéré avec les Francs et ont renouvelé leurs relations avec Rome : leur union avec le centre de la chrétienté fut scellée en 1181. La communauté maronite tout entière rejeta les traces de monothélisme qui avaient pénétré dans leur liturgie, reconnut la primauté du pape et se soumit à lui.
Cependant, avec la défaite des Francs à la fin du XIIIe siècle, les maronites furent persécutés sous le règne des Ayyoubides et plus tard sous celui des Mamelouks (1291-1516), qui firent chèrement payer tous ceux qui avaient collaboré avec les croisés. De nombreuses campagnes militaires ont détruit entièrement le Pays maronite en 1268 et 1283 puis en 1305.
Les maronites ont encore subi de lourdes persécutions depuis : ainsi, en 1860, 12 000 maronites furent massacrés par le pouvoir en place. Durant toutes ces persécutions, ils demeurèrent unis et fidèles à la foi catholique, mais l’émigration devint importante. La population maronite de la diaspora est estimée à plus de trois millions.
Le patriarche maronite réside actuellement à Bkerké, au nord de Beyrouth.
(Sources : La Porte Latine/The Maronite Foundation in the World - FSSPX.Actualités)
Illustration : The Maronite Foundation in the World