Le responsable du dialogue interreligieux nommé nonce en Egypte

Source: FSSPX Actualités

Mgr Michael Louis Fitzgerald

Benoît XVI a nommé, le 15 février, Mgr Michael Louis Fitzgerald, jusqu’ici président du Conseil pontifical pour le Dialogue Interreligieux, nonce apostolique en République arabe d’Egypte et délégué auprès de l’Organisation de la Ligue des Etats arabes.

 Mgr Fitzgerald prendra ainsi la succession de Mgr Dino Marco Brogi, nonce apostolique en Egypte et délégué auprès de l’Organisation de la Ligue arabe depuis le 5 février 2002. La nonciature en Egypte se situe au Caire et partage ses bureaux avec la délégation auprès de l’Organisation de la Ligue arabe. Missionnaire d’Afrique (Père blanc), archevêque titulaire de Nepte, Mgr Michael Fitzgerald était président du Conseil pontifical pour le Dialogue Interreligieux depuis octobre 2002.

 Avec cette nomination, Benoît XVI écarte pour la première fois un chef de dicastère. Jusqu’ici, il n’avait éloigné que le secrétaire de la Congrégation pour le Culte Divin et la Discipline des Sacrements, Mgr Domenico Sorrentino, en novembre 2005. Le nom du successeur du prélat britannique n’a pas été annoncé. Il se pourrait que Benoît XVI attende le consistoire pour pourvoir ce poste ou encore qu’il décide de réformer le dicastère.

 La revue progressiste Golias fait sur cette nomination le commentaire suivant : "Depuis des mois, nous annoncions un certain nombre de coups de balais à la Curie, en particulier l’élimination et le transfert de prélats qui se posent en vivants obstacles contre la restauration doctrinale, disciplinaire et surtout liturgique en cours.

La première "victime" a été, il y a quelques mois, l’archevêque Domenico Sorrentino, Secrétaire de la Congrégation pour le Culte Divin, transféré à Assise : un petit diocèse (moins de 100.000 habitants) avec d’épineuses tensions à apaiser. Or Mgr Sorrentino était considéré comme l’un des plus opposés au retour à la liturgie tridentine. Ses réticences faisaient désordre dans le cadre du “rabibochage” avec les intégristes.

On le sait, le 13 février, le Pape a réuni les Chefs de Dicastères en vue d’envisager justement le chemin à parcourir vers une telle réconciliation.

L’une des plus grandes difficultés à surmonter réside dans le dialogue interreligieux voulu par Karol Wojtyla et mis en oeuvre avec détermination par le Président du Conseil Pontifical pour le Dialogue Interreligieux, l’archevêque anglais Paul Michael Fitzgerald. Une deuxième tête à abattre. Le prélat vient d’être muté au Caire comme Nonce Apostolique, transfert qui ne présente même pas l’apparence d’une promotion, contrairement aux usages romains. Mgr Fitzgerald est ainsi écarté d’un poste stratégique, d’où il défendait les audaces conciliaires et l’esprit d’Assise. On sait que d’aucuns conseillaient à Benoît XVI de muter Fitzgerald à Washington, à une Nonciature de premier plan, pour éviter une disgrâce trop évidente. Joseph Ratzinger n’est pas de cet avis. Il prend les nominations très au sérieux. Aucun poste trop important ne saurait être sacrifié à des stratégies internes visant à ménager des susceptibilités.

Le Pape nettoie les écuries d’Augias pour que la Curie incarne le "vrai Concile" et non l’esprit progressiste s’y référant.

Le troisième nom sur sa liste noire sera sans doute Mgr Piero Marini, le cérémoniaire, dont Joseph Ratzinger réprouve la ligne liturgique. Peut-être reste-t-il quelque part dans le monde une Nonciature exotique demeurée vacante ou un petit diocèse italien de montagne. Le Pape de la restauration souhaite des transfusions sans risque de nouvelles contaminations."

En revanche, d’autres journalistes - minoritaires parmi les vaticanistes -, soulignent que Mgr Fitzgerald aura un rôle à jouer auprès de l’Organisation de la Ligue des Etats arabes après l’affaire des caricatures et au moment où le Hamas vient de remporter les élections en Palestine.

 Mgr Fitzgerald a récemment fait paraître un livre intitulé "Dieu rêve d’unité. Les catholiques et les religions : les leçons du dialogue" (Bayard éd.), où il répond aux questions d’Annie Laurent. "Le dialogue interreligieux a ses exigences et ses pièges. Il implique certaines dispositions d’esprit et de cœur et doit se garder de toute tentation de syncrétisme ou de monopole", explique-t-il. Le livre se termine par une exhortation : "Les fruits de l’Esprit ne sont pas réservés aux chrétiens. Nous pouvons les reconnaître chez nos compagnons de route, qui appartiennent aux autres religions".

 En octobre 2003, Mgr Fitzgerald avait participé au congrès interreligieux de Fatima où il avait écouté sans broncher le jésuite Jacques Dupuis déclarer que le but du dialogue interreligieux n’était pas de convertir les non-catholiques à l’Eglise catholique et que toutes les religions – catholique, protestante, musulmane, hindoue, bouddhiste – étaient positivement voulues par Dieu et que ces religions faisaient toutes partie du "Royaume de Dieu" (voir Nouvelles de Chrétienté n°91, janvier-février 2005, p. 11)