Le Saint-Siège enquête sur un possible scandale financier de grande ampleur
La perquisition menée par la justice vaticane dans les bureaux de la secrétairerie d’Etat le 1er octobre, a abouti à la saisie de plusieurs pièces à conviction, et à la mise à pied de cinq employés du Saint-Siège, dont un ecclésiastique proche des cercles de pouvoir. La presse italienne fait état de transactions douteuses évaluées à plusieurs centaines de millions d’euros, et craint que l’image réformatrice du pontificat actuel soit durablement atteinte.
Le souverain pontife aurait été averti au début de l'été 2019 par les dirigeants de l’Institut des œuvres romaines (IOR) - la « banque du Vatican » - d’opérations financières « douteuses », et « de très grande ampleur », survenues ces dernières années. Alerté, le pape argentin a immédiatement diligenté une enquête.
Ainsi, le 1er octobre 2019, à la demande du promoteur de la justice Gian Piero Milano et de son adjoint Alessandro Diddi, les hommes de la gendarmerie ont procédé à la saisie de documents confidentiels et d’ordinateurs, non seulement dans les bureaux de la première section de la secrétairerie d’Etat, mais aussi dans les locaux de l'AIF, l'Autorité de l'information financière, l’organe indépendant créé par le pape Benoît XVI afin de lutter contre le blanchiment d’argent.
Dans la matinée du 2 octobre, le corps de la gendarmerie vaticane, dirigé par Domenico Giani, a émis une note interne, arrivée rapidement entre les mains d’un journaliste qui l’a publiée dans le journal L'Espresso.
Des transactions immobilières douteuses
On y apprend que cinq employés du Vatican ont été « suspendus de leurs fonctions ». Parmi eux, un ecclésiastique, Mgr Mauro Carlino, qui dirigeait il y a quelques semaines encore le « Bureau de l’information et de la documentation », l’organe stratégique au cœur de l’information vaticane.
L'enquête ne fait que commencer. Mais selon L'Espresso, les faits incriminés concernent des transactions immobilières à l'étranger, en particulier des propriétés prestigieuses à Londres, ainsi que des sociétés anglaises étranges qui auraient pris part à l'entreprise.
Le Corriere della sera est plus précis et avance un montant de deux cents millions d’euros qui auraient été transférés au Royaume-Uni, et d’autres sommes placées au Luxembourg : « comment allons-nous expliquer aux fidèles que le Vatican du pape François possède un immeuble de luxe à Sloane Square, au cœur de l'un des quartiers les plus huppés de Londres, dans lequel deux cent millions d'euros ont été investis de manière aventureuse ? C’est la question qui se pose désormais entre les murs du Vatican », explique le quotidien.
Par ailleurs, les enquêteurs auraient également repéré des flux financiers suspects sur des comptes servant au Denier de Saint-Pierre. Certains placements financiers font l’objet de vérifications.
Les plaintes déposées par l'IOR concernent une période récente, lorsque les bureaux de la première section de la secrétairerie d’Etat était dirigés par Mgr Angelo Becciu, qui a depuis été promu cardinal-préfet de la Congrégation pour les causes des saints. Mgr Carlino, qui fait partie des cinq employés suspendus de leurs fonctions, a d’ailleurs longtemps été le secrétaire personnel du cardinal Becciu, l'un des hommes les plus influents de la curie qui jouit de la confiance du pape François.
(Sources : Corriere della sera/L’Espresso - FSSPX.Actualités - 09/10/2019)