Le Saint-Siège préoccupé par la crise en Ukraine
Monastère Saint-Michel-au-Dôme-d'Or, à Kiev.
Les tensions religieuses dans le pays ne cessent de croître depuis l’examen du projet de loi porté par le parti du président Petro Porochenko et que l’Eglise orthodoxe russe juge « discriminatoire ». A terme, c’est tout le processus de paix dans le pays qui se trouve menacé.
Ce texte prévoit que les organisations religieuses dont le siège se trouverait dans un « Etat agresseur » - élément de langage utilisé par Kiev afin de désigner la Russie - soient obligées de s'enregistrer à nouveau auprès des autorités ukrainiennes avant d'être placées sous leur surveillance.
Selon les auteurs du projet de loi, les églises ukrainiennes se trouvant sous la tutelle de l’Eglise orthodoxe russe pourraient menacer les intérêts nationaux ukrainiens, la souveraineté et l’intégrité territoriale. Afin d’empêcher une ingérence présumée de l'Eglise orthodoxe russe, il serait accordé aux autorités ukrainiennes le droit de désigner les métropolites et les évêques. Pour mémoire, l’Eglise orthodoxe ukrainienne rattachée au patriarcat de Moscou regroupe la majorité des paroisses orthodoxes en Ukraine.
Pourquoi une telle attitude de la part de l’Ukraine ? Jean-François Colosimo, intellectuel orthodoxe et historien des religions, décrypte ainsi la crise : « L’Eglise orthodoxe russe est la seule institution recouvrant encore aujourd’hui des anciens territoires de l’URSS, il s’agit donc d’un levier diplomatique majeur pour Moscou ». D’autant que l’Ukraine, depuis le baptême de Vladimir le Grand à Kiev en 988, constitue le foyer historique de l’orthodoxie russe, d’où l’importance de cette Eglise aux yeux de sa grande sœur russe.
L’Eglise orthodoxe russe a d’ores et déjà dénoncé ces projets de loi comme « discriminatoires » et le patriarche russe Kirill a même demandé au pape François d’intervenir afin de résoudre une crise qui pourrait menacer le processus de paix dans le pays.
D’après le Service d’information religieuse ukrainien (RISU), des collaborateurs de haut-rang de la Secrétairerie d’Etat ont dernièrement rencontré à plusieurs reprises l’ambassadrice d’Ukraine auprès du Saint-Siège, Tetyana Ivanivna Izhevska. Les diplomates romains lui ont fait part de leurs « préoccupations au sujet du projet de loi concernant la mise en place d’un contrôle religieux », a annoncé un communiqué de la nonciature à Kiev.
Depuis la rencontre historique entre le pape François et le patriarche Kirill en février 2016, la question des relations diplomatiques, politiques et religieuses avec le monde orthodoxe russe est apparue comme l'une des priorités majeures du pontificat actuel.
(Sources : La Croix / cath.ch / Russia Today - FSSPX.Actualités - 24/05/17)