Le satisfecit du « Monsieur Propre » des finances du Vatican

Source: FSSPX Actualités

A un mois de l’évaluation des finances du Saint-Siège par le Conseil de l’Europe, l’homme choisi en 2019 par le pape François pour veiller à la sûreté des échanges financiers du Vatican, évalue de façon positive son bilan, alors que des transactions douteuses font l’objet de plusieurs enquêtes dans l’enceinte feutrée des palais apostoliques.

Carmelo Barbagallo est plutôt avare de paroles : c’est pourquoi l’entretien qu’il accorde, le 20 mars 2021 à Vatican News, en marge de la table ronde de clôture de la cinquième édition du cours de Master Anticorruption à l’Université de Tor Vergata, n’est pas passé inaperçu.

Celui qui endosse depuis 2019 les habits de président de l’Autorité de supervision et d’information financière (ASIF) est revenu sur l’effort consenti par le Vatican, afin de se conformer aux meilleurs standards internationaux en matière de lutte contre le blanchiment d’argent.

L’une des principales nouvelles de « monsieur anticorruption » du Vatican consiste dans le renforcement du bureau de vigilance de l’ASIF avec l’arrivée d’un nouveau responsable, qui devrait être issu d’une grande administration italienne.

Depuis plusieurs années en effet, le pape François a pris l’habitude de recruter aux postes sensibles assurant la gestion du plus petit Etat du monde, de hauts cadres ayant fait leurs preuves en Italie.

Carmelo Barbagallo est lui-même un ancien dirigeant de la Banque d’Italie ; le président du tribunal du Vatican, Giuseppe Pignatone et les autres promoteurs de justice sont issus des rangs de la magistrature italienne.

Durant l’entretien accordé à Vatican News, le président de l’ASIF rappelle le mode de fonctionnement des « finances du Vatican » : « aucune activité économique privée n’est autorisée dans l’Etat du Vatican, ni l’exercice privé d’activités professionnelles.

« La vente de tout type de biens est confiée à l’Etat sous un régime de monopole. Un seul intermédiaire financier, l’IOR, est autorisé à opérer. L’administration des biens du Saint-Siège, tant mobiliers qu’immobiliers, est concentrée dans une entité spécifique : l’APSA, qui fait office de trésorier de l’Etat », explique Carmelo Barbagallo.

Mais, comme en raison de sa projection universelle dans le monde, le Vatican est au centre d’un carrefour de flux financiers, il lui a fallu se doter de structures et de règles de contrôle à la hauteur des meilleures pratiques internationales : c’est là que l’ASIF trouve sa raison d’être.

C’est notamment grâce à cet organisme que le Saint-Siège a été intégré, en 2012, au Comité Moneyval : une autorité de contrôle créée en 1997 par le Conseil de l’Europe, dont le but est d’apprécier la conformité des Etats aux principales normes internationales en matière de lutte contre le blanchiment des capitaux, et de leur faire des recommandations, le cas échéant.

Dans la même optique de transparence, l’ASIF a été admise en 2020 dans le groupe Egmont, un forum d’échange opérationnel pour 160 cellules de renseignement financier « qui partagent les meilleures pratiques en matière de coopération internationale et d’échange d’informations », précise l’ancien dirigeant de la Banque d’Italie.

Carmelo Barbagallo insiste : les règlements qu’il a contribués à mettre en place ou pérenniser sont « nécessaires et suffisants pour renforcer, dans le contexte mondialisé actuel, l’exercice de la mission de l’Eglise dans une condition de plus grande protection ».

Une déclaration en forme de satisfecit qui arrive un mois avant la prochaine évaluation du Saint-Siège par Moneyval, lors de la prochaine assemblée plénière du Conseil de l’Europe prévue pour se tenir en visioconférence du 26 au 30 avril 2021.

Reste à savoir si les dernières séquences judiciaires impliquant de hauts fonctionnaires oltretevere, seront de nature à influer sur l’appréciation des experts de la finance mondiale…