Le secret de la confession est inviolable
Pour mieux comprendre en quoi consiste le “secret de la confession”, l’agence italienne catholique Acistampa a interrogé le cardinal Mauro Piacenza, pénitencier majeur de la Sainte Eglise romaine, le 15 octobre 2021.
Soulignant que de « nombreuses attaques sont lancées contre le sceau du secret du sacrement de la confession, avec pour cause apparente la publication de nombreux rapports sur le nombre d’abus sexuels prétendument commis par le clergé », l’agence italienne oppose que « ce n’est certainement pas en violant un sacrement que l’on peut combattre ce fléau, qui est d’ailleurs tragiquement répandu dans tous les secteurs de la société et qui est alimenté par une sexualisation extrême ».
La confession est « scellée parce qu’elle est faite à Dieu seul »
Le cardinal Piacenza rappelle que « tout ce qui est dit dans la confession est sous un sceau absolument inviolable ». C’est-à-dire, précise-t-il, depuis le moment où cet acte de culte commence par le signe de la croix jusqu’au moment où il se termine soit par l’absolution, soit par le refus de l’absolution. En effet, explique le cardinal, « toute information donnée en confession est “scellée” parce qu’elle est faite à Dieu seul, elle n’est donc pas disponible pour le prêtre confesseur ».
Ce qui n’empêche en rien le confesseur, ajoute Mgr Piacenza, de recommander vivement à l’enfant, qui révèle en confession être victime d’un abus, de le signaler aux parents, aux éducateurs ou à la police.
Ainsi, « le pénitent ne s’adresse pas au confesseur comme à un homme, mais à Dieu. Par conséquent, prendre possession de ce qui appartient à Dieu serait un sacrilège ». Et de conclure que le « sacrement lui-même, institué par le Christ pour être un havre de salut pour tous les pécheurs, se trouve sous cette protection ».
Sans analogie aucune avec le secret professionnel
Le cardinal Piacenza a également expliqué qu’il fallait écarter « à tout prix » l’analogie entre le secret de la confession et le secret professionnel des médecins, des pharmaciens, des avocats, etc.
En effet, a-t-il précisé, il n’y a pas de secret qui ne puisse céder aux exigences contraires établies par la loi ou par le juge, par les codes d’éthique ou par la personne concernée qui autorise sa divulgation – à l’exception du secret de confession.
Car, poursuit le prélat, « ce n’est pas une obligation imposée de l’extérieur, mais une exigence intrinsèque du sacrement, et en tant que tel, il [ce secret intrinsèquement exigé par le sacrement] ne peut être libéré même par le pénitent lui-même ».
Et de conclure qu’il est « essentiel d’insister sur l’impossibilité de comparer le secret confessionnel au secret professionnel, afin d’éviter que la législation laïque n’applique au secret confessionnel inviolable des exceptions au secret professionnel pour de justes motifs ».
« Un inquiétant “préjugé négatif” sur l’Eglise catholique »
Dans une Note de la Pénitencerie apostolique sur l’importance du for interne et l’inviolabilité du sceau sacramentel, du 29 juin 2019, le cardinal Piacenza écrivait déjà :
« Il semble se développer un inquiétant “préjugé négatif” sur l’Eglise catholique, dont l’existence est présentée culturellement, et réinterprétée socialement, d’une part à la lumière des tensions qui peuvent apparaître au sein même de la hiérarchie et, d’autre part, des récents scandales d’horribles abus, commis par des membres du clergé.
« Ce préjugé, oubliant la véritable nature de l’Eglise, son histoire authentique, et l’influence réelle et bénéfique qu’elle a eue et a encore dans la vie des hommes, se traduit quelquefois par une “prétention” injustifiable que l’Eglise elle-même, dans ces domaines, conforme sa propre législation à celle des Etats dans lesquels elle vit, comme seule possible “garantie de correction et de rectitude”. »
Cette Note avait pour but de définir des notions devenues aujourd’hui étrangères à l’opinion publique et aux instances juridiques civiles :
« Face à tout cela, la Pénitencerie apostolique, a jugé opportun d’intervenir par cette Note, pour rappeler l’importance, et favoriser une meilleure compréhension des concepts, propres à la communication ecclésiale et sociale, qui semblent aujourd’hui être devenus étrangers à l’opinion publique et parfois même aux instances juridiques civiles, à savoir : le sceau sacramentel, le devoir de réserve propre au for interne extra-sacramentel, le secret professionnel, les critères et les limites propres de toute autre communication. »
(Sources : acistampa/cath.ch/imedia/vatican/DICI n°414 – FSSPX.Actualités)
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