L’effroyable désordre de la théologie morale aujourd’hui (2)

Source: FSSPX Actualités

James Alison

Un webinaire a été organisé par The Tablet, publication catholique en ligne. Le thème en était le récent Responsum de la Congrégation pour la doctrine de la foi (CDF) affirmant l’impossibilité de la bénédiction des couples de même sexe.

Nous avons considéré la contribution désastreuse de Mgr Johan Bonny. Mais les autres intervenants ne sont restés avares de points de vue déviants et même contraires à la doctrine catholique.

Ne surtout pas rechercher des définitions précises

Le professeur Lisa Sowle Cahill, qui enseigne l’éthique et la théologie morale au Boston College, a expliqué que le Responsum « semblait être un retour en arrière, voire une régression, en particulier à la lumière d’Amoris Laetitia, qui affirme avec force que même les personnes se trouvant dans des situations familiales dites irrégulières sont toujours porteuses de la grâce sanctifiante ».

Proposition qui, quoi qu’il en soit de ce que dit véritablement Amoris laetitia, est absolument fausse. Il est invraisemblable de prétendre que tous ceux qui vivent en état de péché, sont toujours porteurs de la grâce sanctifiante. A moins de ne pas savoir de quoi l’on parle.

Le professeur poursuit : « je pense que c’est une erreur de continuer à essayer d’élaborer la réalité des couples de même sexe ou des personnes gays et lesbiennes dans le cadre de cette terminologie plus ancienne qui est si préoccupée par le fait d’attacher tout le monde à des définitions très minutieuses. Je vois Amoris Laetitia comme faisant quelque chose de vraiment différent. »

Autrement dit, si l’on sait modifier la définition des diverses sortes de péché, pour les transformer en vague appréciation morale, il n’y aura plus de pécheurs. Quelle idée splendide !

Un manque total de compréhension pastorale

La Sœur Gemma Simmonds, membre de la Congrégation de Jésus, fondée par Mary Ward en 1609 sur le modèle des Jésuites, est quant à elle « directrice spirituelle » et enseigne la pastorale.

Elle s’est dit « déçue parce qu’il [le Responsum] est tellement en contradiction avec ce que le pape François lui-même a dit. (…) J’ai cherché dans le document un élément de compréhension pastorale et je n’en ai trouvé aucun. Je me suis demandé ce qui était arrivé à notre compréhension du fait que Dieu est amour. Et toute personne qui vit dans l’amour, vit en Dieu, et Dieu vit en elle. »

Voilà une des confusions les plus habituelles des modernes : confondre l’amour naturel et la charité surnaturelle. Toute personne qui a un amour naturel ne possède pas pour cela la charité divine. L’on peut parler véritablement d’une profanation de la charité, au sens de l’abaisser dans le profane.

Notre théologienne ajoute que « le catéchisme reconnaît (…) que notre compréhension de l’anthropologie humaine se développe. Toute approche pastorale digne de ce nom doit avoir cette compréhension pastorale évolutive, (…) et qu’au fur et à mesure que les connaissances, tant scientifiques que théologiques, se développent, (…) nous trouvions une nouvelle façon de pouvoir comprendre le mystère que nous sommes pour nous-mêmes. »

C’est une variante de la révélation évolutive proposée par Mgr Bonny dans la même conférence, au moyen d’une nouvelle source de la révélation : la science moderne.

A la manifestation de la perte de fidèles en Belgique, annoncée par Mgr Bonny, la jésuitesse réagit : « La plus grande question pastorale est “comment aidons-nous les gens à grandir dans la grâce ?” Nous n’y parvenons pas en nous claquant la porte au nez les uns des autres. »

Un contestataire de la théologie de l’Eglise

Un singulier personnage

Le dernier intervenant à citer est James Alison, prêtre, dont l’histoire est édifiante. Converti du protestantisme à 18 ans, il a été dominicain pendant 14 ans, puis a considéré que ses vœux étaient nuls et les dénonce.

Après dix ans d’atermoiements, il refuse d’être réduit à l’état laïc. L’évêque du diocèse où il réside entame cependant la procédure. Au terme, la Congrégation pour le clergé lui annonce son renvoi de l’état clérical avec interdiction de célébrer, de prêcher ou d’enseigner. Décision qui est sans appel.

Mais… James Alison fait parvenir une lettre au pape François par l’intermédiaire d’un évêque ami, lui demandant de pouvoir continuer comme auparavant. Le 2 juillet 2017, le pape appelle directement Alison et lui dit « Je veux que vous marchiez avec une profonde liberté intérieure, en suivant l’Esprit de Jésus. Et je vous donne le pouvoir des clés », désavouant la Congrégation du clergé.

Une contestation radicale de la doctrine

Reprenant une suggestion du père jésuite James Martin, de reformuler le catéchisme pour remplacer le terme « objectivement désordonné » en parlant des tendances homosexuelles, par « différemment ordonné », James Alison, auteur fécond sur les questions LGBT, a déclaré que « différemment ordonné est très bien ».

« Si vous dites que les gens sont ordonnés différemment, dans ce cas, alors leurs actes seraient bons ou mauvais selon les circonstances, plutôt qu’intrinsèquement mauvais » a-t-il expliqué. « Et je pense que cela signifie concéder effectivement ce que la CDF a nié depuis 1975, à savoir que l’orientation vers le même sexe est une chose positive. »

C’est oublier complètement que ce jugement est celui de la Sainte Ecriture et de la Tradition. Mais cela, ces auteurs n’en ont cure, car la théologie évolutive nous permet de dépasser ces points de vue fixistes et contraires à la science contemporaine.