L’enregistrement du clergé en Chine : nouveau casse-tête pour le Vatican
En réponse à l’obligation faite à tous les membres du clergé catholique chinois de l’Eglise souterraine de se signaler au plus vite auprès des pouvoirs publics, le Saint-Siège vient de publier plusieurs orientations pastorales censées garantir autant le respect de la doctrine catholique que celui des lois de l’Etat communiste. D’aucuns y voient la volonté illusoire de rechercher la quadrature du cercle.
Le document romain publié le 28 juin 2019 constitue la réponse du Saint-Siège aux évêques chinois qui demandent depuis plusieurs mois déjà « une indication concrète sur l’attitude à adopter avant l’obligation de présenter une demande d’enregistrement civil ».
Le principe sur lequel repose la réponse du Vatican est celui de la contribution à l’unité des catholiques chinois et à l’exercice public du ministère ecclésiastique, pour le bien des fidèles, dans la ligne de ce que le pape Benoît XVI écrivait le 27 mai 2007 : « la clandestinité ne rentre pas dans la normalité de la vie de l’Eglise ». Ce qui est vrai en temps normal. Mais les premiers chrétiens n’ont-ils pas vécu souvent dans la clandestinité ?
Si Rome n’entend toutefois pas forcer les prêtres de l’Eglise souterraine à une démarche qu’ils jugeraient contraire à leur conscience morale, la lettre rendue publique en la fête du Sacré-Cœur suggère une piste afin de permettre à ceux qui se posent la question de l’enregistrement civil, de s’affranchir de leurs réserves.
Ainsi, le Saint-Siège propose à ceux-ci de demander, au moment de s’enregistrer, d’ajouter une phrase écrite par laquelle ils affirment que l’indépendance, l’autonomie et l’autogestion de l’Eglise - exigée de façon absolue par le Parti communiste - s’entendent sans faillir à la doctrine catholique. C’est-à-dire selon une autonomie semblable à celle que connaissent toutes les Eglises particulières dans le monde, qui professent leur soumission au successeur de Pierre.
Si cette clarification écrite n’est pas permise, le membre du clergé qui désire s’enregistrer devra formuler celle-ci de façon orale, en présence d’un témoin.
Dans tous les cas, le signataire doit informer au plus vite son ordinaire des circonstances précises dans lesquelles la procédure a été accomplie.
Cette approche se veut « réaliste », sans céder à une quelconque « naïveté », a précisé sur Vatican News le 28 juin 2019 Andrea Tornielli, directeur éditorial du dicastère pour la communication du Saint-Siège.
C’est oublier un peu vite le fameux proverbe chinois qui prétend qu’il faut « craindre autant le tigre qui se trouve devant toi, que le loup qui te suit derrière ».
(Sources : Salle de presse du Saint-Siège/Vatican News - FSSPX.Actualités - 09/07/2019)