Les catholiques indiens commémorent le douzième anniversaire des massacres d’Orissa

Une église détruite en août 2008 à Orissa
En Inde, plusieurs journées de prières ont rythmé la fin du mois d’août, à l'occasion du douzième anniversaire des massacres anti-chrétiens perpétrés dans le district de Kandhamal, au sein de l'Etat d’Odisha (anciennement Orissa), dans l'est du pays. La colère des chrétiens est toujours grande, car les crimes sont largement demeurés impunis.
L’émotion envahit le père Manoj Kumar Nayak, en ce 23 août 2020 : « En ces jours où nous commémorons le douzième anniversaire des violences dans le district de Kandhamal, unissons-nous par la prière, afin de soutenir les chrétiens persécutés pour leur foi dans tout le pays ».
Le prêtre est membre du National Solidarity Forum (NSF), un réseau regroupant plus de soixante-dix organisations de la société civile indienne, dont l’un des objets est de défendre les droits de la minorité chrétienne, de plus en plus bafoués par le pouvoir en place, le Bharatiya Janata Party (BJP), qui a fait de l’éradication de toute religion non hindoue, sa priorité.
La veille, le 22 août, le NSF a lancé un appel à tous les Indiens afin que justice soit rendue aux victimes et aux survivants des massacres perpétrés voici douze ans.
A l’époque, des groupes extrémistes hindous avaient accusé la minorité chrétienne d’être à l’origine du meurtre d'un de leurs responsables religieux, Swami Laxmanananda Saraswati.
Bien que ce crime fût revendiqué par des groupes rebelles maoïstes, il servit de prétexte à une vague de violences, qui vit une centaine de chrétiens massacrés, ainsi qu’une quarantaine de chrétiennes outragées, soumises au harcèlement et aux humiliations de la populace.
Quelques 395 églises et lieux de culte et 6.500 maisons furent rasées, et plusieurs institutions éducatives, sociales et sanitaires furent saccagées.
En définitive, plus de 50.000 fidèles quittèrent leurs villages et s’enfuirent, tandis que leurs biens furent abusivement confisqués.
Or, sur les 3.300 plaintes déposées devant les autorités de police par les chrétiens, seules 800 ont été officiellement enregistrées. Et parmi celles-ci, 518 ont été classées sans suite, les autres ayant débouché sur des procès au terme desquels 88% des inculpés ont été acquittés…
Ainsi, en 2020, plus aucun des responsables des massacres commis à l’époque n’est encore en prison.
Selon l'Eglise locale, la tragédie se poursuit aujourd’hui encore, car plusieurs centaines de familles chrétiennes ne sont toujours pas en mesure de revenir dans leurs maisons et dans leurs villages, par crainte de nouvelles représailles.
« A plus d'une décennie de ces jours tragiques, ceux dont les droits ont été violés et foulés aux pieds attendent encore que justice leur soit rendue », a rappelé l’archevêque de Cuttack-Bhubaneswar, Mgr John Barwa, qui qualifie les massacres des chrétiens d’Orissa « d'expérience la plus douloureuse de l'histoire de l'Eglise en Inde ».
(Sources : Fides - FSSPX.Actualités)
All India Christian Council / CC BY-SA (http://creativecommons.org/licenses/by-sa/3.0/)