Les chrétiens d’Orissa réclament justice pour les crimes commis il y a 13 ans
L’une des 5600 maisons détruites
Le 25 août 2021 s’est tenue la 13e “Journée du souvenir” dédiée aux victimes des massacres subis par les chrétiens à Orissa il y a 13 ans. Des prêtres, des religieux, des fidèles ainsi que des avocats et des universitaires ont célébré cette journée visant à faire mémoire de la féroce campagne de violence anti-chrétienne qui s’est déroulée en 2008 à Kandhamal, dans l’Etat indien d’Orissa.
Kandhamal, l’un des districts les plus pauvres de l’Inde, a été le théâtre de l’une des campagnes les plus terribles de violence aveugle en décembre 2007 puis en août 2008. L’élément déclencheur serait le meurtre d’un chef religieux hindou, Swami Lakshmananda Saraswati.
Une propagande haineuse de groupes extrémistes hindous a accusé les chrétiens du meurtre, ce qui a provoqué une spirale de violence contre les chrétiens dalits et adivasis du district.
Plus de 360 églises et lieux de culte ont été attaqués, 5 600 maisons ont été détruites ou incendiées, plus de 100 personnes ont été tuées, plus de 40 femmes violées, molestées ou abusées. Plus de 60 000 personnes ont été contraintes de quitter leur foyer, où elles n’ont jamais pu retourner, tandis que l’éducation de plus de 12 000 enfants a été perturbée.
Les victimes et les survivants n’ont toujours pas obtenu justice. L’Eglise catholique d’Orissa a soutenu les chrétiens persécutés par des initiatives et une solidarité de nature spirituelle, matérielle, juridique et psychologique.
Un webinaire national
Un séminaire en ligne intitulé “Pour la défense des droits de l’homme et des libertés démocratiques” a rassemblé des milliers de participants dans tout le pays.
« Le gouvernement de l’Etat d’Orissa n’a absolument rien fait pour empêcher ces crimes horribles. Il a tenté de dépeindre le massacre comme un différend intertribal, au lieu de reconnaître la gravité de la violence », a déclaré A.P. Shah, ancien juge à la Haute Cour de Delhi et de Madras.
« Le gouvernement a nommé deux commissions, comme il est d’usage en pareil cas, mais toutes deux ont été inefficaces. Aucune Commission n’a publié de rapport sur les faits. Près de 13 ans plus tard, il n’y a même pas de documents avec des rapports » a expliqué l’ancien juge.
« La façon dont les violences de Kandhamal ont été traitées est un exemple typique de l’échec du système de justice pénale indien », a-t-il encore déclaré.
Il a rappelé qu’à la tête du National People’s Tribunal à Delhi en 2012, « nous avons publié un rapport qui concluait sans équivoque que “le carnage de Kandhamal” était un acte prémédité dirigé principalement contre la communauté chrétienne, composée en grande majorité de dalits et d’adivasis chrétiens ; et contre ceux qui soutenaient ou travaillaient avec la communauté ».
Il a enfin noté « la résurgence inquiétante du communautarisme ces dernières années en Inde. Le nationalisme religieux est passé au premier plan, soutenu par de puissantes forces politiques. Cette idéologie imagine une nation sous domination hindoue, une nation exclusivement hindoue. Selon cette vision, les musulmans et les chrétiens sont des étrangers et des indésirables. »
Ce constat est malheureusement trop vrai, et l’actualité en provenance de l’Inde se charge de le confirmer régulièrement. A quand la justice pour les chrétiens d’Orissa ?
(Sources : Agence Fides – FSSPX.Actualités)
Illlustration : Facebook / National People's Tribunal on Kandhamal Violence