Les maronites s’élèvent contre une loi menaçant le Liban chrétien
Beit-Mery, village de montagne au-dessus de Beyrouth.
Le cardinal Béchara Raï, patriarche des chrétiens maronites, a vivement dénoncé les 7 et 8 avril 2018 un article de la loi budgétaire menaçant l’identité nationale et chrétienne du pays.
Selon les nouvelles dispositions votées le 29 mars 2018, « tout ressortissant arabe ou étranger qui achète une unité résidentielle au Liban peut obtenir un permis de séjour permanent ». L’article, qui profite également à l’épouse et aux enfants mineurs de l’acheteur, impose une condition : « La valeur du bien acquis ne doit pas être inférieure à 1 million de dollars s’il est situé dans Beyrouth, et à 500.000 dollars s’il se trouve dans les autres régions ».
A deux reprises - le 7 avril, lors du sacre de deux évêques à la basilique Notre-Dame du Liban à Harissa, et le 8 avril, au cours de la messe dominicale à Bkerké - Mgr Raï a évoqué « cette loi insérée comme par magie dans le budget 2018 », dénonçant « une largesse dans la vente de la terre libanaise ». « Y aurait-il des marchés financiers et politiques derrière ces offres nocives pour le pays ? Et au profit de qui ? » s’est interrogé le prélat.
Un début de réponse a été donné par un expert joint par le quotidien L’Orient-Le Jour. Selon lui, « en général, ce ne sont pas les Européens qui viendront acheter des appartements, mais plutôt des personnes appartenant à une confession déterminée ». Et d’indiquer que « plusieurs personnalités musulmanes construisent actuellement de nombreux complexes d’habitation dans des régions chrétiennes », ce qui, craint-il, « tend à modifier la configuration de ces zones au plan de leurs populations ».
D'autres personnalités chrétiennes sont montées au créneau, notamment Chamel Roukoz, candidat aux législatives dans la circonscription du Kesrouan-Ftouh. Lors d’un rassemblement électoral à Akoura, il a estimé qu’« une telle démarche ne relèvera pas le secteur immobilier mais videra le pays de son peuple ». M. Roukoz a exhorté le président de la République Michel Aoun à « intervenir en personne pour empêcher ce nouveau phénomène d’implantation camouflée, qu’on cherche à imposer par la ruse », estimant que « la préservation de la Constitution et de l’entité du Liban est entre les mains du chef de l’Etat ».
C'est en effet au président Aoun que revient, selon les termes de la Constitution du pays, le pouvoir de promulguer les lois pour qu'elles entrent en vigueur.
(Source : L’Orient-Le Jour - FSSPX.Actualités - 26/04/2018)