Les réactions aux Etats-Unis

Source: FSSPX Actualités

 

Aux Etats-Unis, une association américaine de prêtres actifs dans la communauté homosexuelle a dénoncé la nouvelle instruction du Vatican, qui juge les homosexuels inaptes au sacerdoce, estimant qu’elle conduira à plus de refoulement. Ce texte "va pousser des prêtres et séminaristes gays à se cacher encore plus, ce qui entraînera plus de dégâts personnels et spirituels, tant pour eux que pour ceux qu’ils servent", estime Francis DeBernardo, directeur exécutif de l’association New Ways Ministry.

 DeBernardo reproche notamment au Vatican "une conception terriblement étroite et ignorante" de ce qu’est l’homosexualité. Selon lui, cette dernière va bien au-delà du simple "désir de se livrer à certains actes sexuels". L’approche du Vatican conduit à une attitude "méprisante" pour les prêtres et séminaristes gays, estime-t-il. - New Ways Ministry est une association américaine créée il y a 28 ans, qui oeuvre à la "réconciliation" entre l’Eglise catholique et la communauté homosexuelle.

 De même une association de défense des droits des homosexuels, The Human Rights Campaign (HRC), a également condamné la directive du Vatican, reprochant à l’Eglise de prendre les homosexuels pour des "boucs émissaires" à la suite des récents scandales provoqués par des prêtres pédophiles.       

Le président de la Fédération nationale des conseils presbytéraux, située à Chicago, le Père Robert Silva a affirmé que le ministère de ces prêtres est "un don inestimable fait à l’Eglise et une valeur incommensurable pour le peuple de Dieu". Il estime, en effet, qu’une orientation homosexuelle n’est pas un obstacle pour devenir un bon prêtre. Le Père Robert Silva est d’avis que la nouvelle instruction n’aura en fait pas d’impact sur le recrutement dans les séminaires. Mais il pense tout de même qu’elle fera beaucoup de mal à des prêtres homosexuels et qui pourtant vivent le célibat.

 "La première chose qui me vient à l’esprit est que ce document va causer beaucoup de souffrances humaines", a déclaré pour sa part le Père Donald Cozzens, ancien supérieur de séminaire et professeur à l’Université John Carroll, à Cleveland.

 L’abbé Leonard Walker, prêtre à Mesa, en  Arizona, a quant à lui annoncé sa démission. Il a critiqué les "positions anti-gay agressives" du Vatican et de l’Eglise américaine. Ce prêtre de 58 ans a déclaré au journal The Arizona Republic qu’il ne pouvait pas rester plus longtemps dans cette institution s’il voulait conserver son intégrité.

 Plusieurs professeurs catholiques ont fait remarquer que le véritable enjeu était la fixation de l’Eglise sur la question du célibat des prêtres, règle qui ne s’applique que pour les prêtres de rite latin, pas pour les prêtres de rite oriental. Daniel Maguire, professeur de théologie morale à Marquette, une université jésuite dans l’Etat du Wisconsin, a qualifié le célibat "d’expérience manquée de contrôle humain".

 Du côté des évêques, alors que le cardinal Francis George, archevêque de Chicago, expliquait que les critères contenus dans le document romain correspondaient totalement à la doctrine de l’Eglise en matière de morale sexuelle et de célibat sacerdotal, d’autres se montraient plus circonspects. Plusieurs évêques, en effet, estimant que l’Instruction vaticane confirme la pratique actuelle dans les séminaires, ont salué le fait qu’on laisse aux ordinaires, supérieurs de congrégations et directeurs de séminaires la façon de mettre en œuvre les critères nécessaires.

 

Mgr William S. Skylstad, président de la Conférence des évêques des Etats-Unis,  a affirmé à CNS qu’il n’y avait pas de "preuves empiriques" que l’homosexualité avait un rapport direct avec les cas d’abus sexuels sur des mineurs commis par des membres du clergé. Essayant de désamorcer la controverse suscitée par le document romain, Mgr Skylstad a déclaré que des prêtres ayant des "inclinations homosexuelles" pouvaient aussi être de bons prêtres et ne devraient pas craindre de discuter de cette question.