Les réactions des ultra-progressistes à l’élection de Benoît XVI

Source: FSSPX Actualités

 

Le théologien contestataire d’origine suisse Hans Küng s’est montré très critique face au nouveau pape. Il a estimé que le choix par le Collège des cardinaux du cardinal Joseph Ratzinger était une " immense déception" pour les innombrables fidèles qui espéraient un pape pastoral et réformateur.

Mais on doit attendre, a déclaré le professeur de Tübingen: car l’expérience le montre, le service pétrinien dans l’Eglise catholique est un tel défi qu’il peut changer toute personne. Ainsi, note-t-il, celui qui était entré comme cardinal progressiste dans le conclave peut en ressortir comme pape conservateur, en mentionnant le cardinal Montini devenu Paul VI. A contrario, celui qui était entré au conclave comme cardinal conservateur, Roncalli, en est ressorti comme un pape progressiste sous le nom de Jean XXIII. Ainsi, aux yeux du théologien suspendu d’enseignement en 1979 par Jean-Paul II, il faut laisser "une chance" au nouveau souverain pontife. "Comme pour un président des Etats-Unis, il faut donner au nouveau pape un délai de grâce de cent jours pour apprendre", a-t-il lancé. Mais les premiers signaux seront très parlants: les nominations des fonctions les plus importantes de la curie, comme le cardinal secrétaire d’Etat et le chef de la Congrégation pour la doctrine de la foi, seront déterminantes pour la suite. De même que le discours d’inauguration du pontificat, qui donnera le ton, comme les premières encycliques. Selon Küng, le nouveau pape devra garantir l’égalité de l’homme et de la femme à tous les niveaux de l’Eglise et promouvoir l’œcuménisme.

Pour un autre contestataire, l’Allemand Eugen Drewermann, interdit d’enseignement en 1991, "il est à craindre que Ratzinger continue à renforcer les divergences entre les Eglises dans le monde et en Allemagne". "Il faudrait pouvoir souhaiter que Ratzinger engage une réforme de la contre-réforme" qu’il a conduite sous le pontificat de Jean-Paul II, a-t-il déclaré au journal Neue Westfaelische.

"Ce qu’il faut à l’Eglise aujourd’hui est un authentique retour à la tradition, c’est un pape qui peut revenir à des approches légitimes de l’autorité de l’Eglise obscurcies par des interprétation extrêmes de la définition de l’infaillibilité et de la primauté du pape", affirme de son côté Paul Collins, un historien de l’Eglise australien qui a quitté la prêtrise après une critique par le Saint-Siège de son livre Papal Power.

Le théologien de la libération, Leonardo Boff, se déclare déçu du choix exprimé lors du conclave. "Il sera difficile d’aimer le nouveau pape", a-t-il déclaré à la presse brésilienne. Mais en tant que chrétien, il assure accepter et respecter la décision des cardinaux. Leonardo Boff, qui a été rappelé à l’ordre en 1985 par la Congrégation pour la doctrine de la foi et son préfet, Joseph Ratzinger, a exprimé l’espoir que Benoît XVI aura le "regard porté davantage sur l’humanité et moins sur l’Eglise". Il souhaite également que le dialogue avec les autres Eglises et avec la science soit renforcé.