Les réactions en Europe

Source: FSSPX Actualités

 

Au Royaume-Uni, le cardinal Cormac Murphy O’Connor, archevêque de Westminster, a déclaré : "L’instruction ne dit pas que les hommes ayant une tendance homosexuelle ne soient pas volontiers accueillis pour le sacerdoce. Mais elle dit clairement qu’ils doivent être capable d’une maturité affective, de pratiquer le célibat et ne pas partager les valeurs de la culture gay éroticisée. Ceci est particulièrement important parce que les séminaires sont en grande partie des sociétés masculines."

 Critique, en Allemagne où l’Instruction a suscité de nombreuses réactions de la part d’élus de gauche comme de droite, ainsi que d’une association contestataire catholique. Ce texte, approuvé par Benoît XVI, est "inacceptable sur le fond comme sur la forme", a lancé le député libéral (droite) Hans-Michael Goldmann, chargé des questions religieuses au sein de son parti. "Jésus lui-même nous a enseigné par ses actes que Dieu aime et accepte tous les hommes. Le fait que le Vatican revienne sur ce principe de base est effrayant. C’est un signe inquiétant d’une intolérance croissante dans notre société", poursuit Goldmann qui souligne que "la capacité à prendre soin des âmes et à transmettre l’enseignement de l’Eglise ne dépend pas de l’orientation sexuelle".

 A gauche, la directive papale a également suscité la désapprobation du député Vert Volker Beck, qui a mis en garde contre une "damnation généralisée des homos". "Lorsque le Vatican exige plus des séminaristes homos que des aspirants prêtres hétéros, c’est de la discrimination, et c’est indéfendable", a déclaré l’élu écologiste, estimant que "cette directive s’apparente à une diabolisation théologique des homosexuels". "Même l’abstinence ne les sauve pas (de la condamnation de l’Eglise)", a-t-il regretté.

 De son côté le mouvement contestataire catholique "Nous sommes l’Eglise" a évoqué "un très mauvais signal", qui va "aggraver encore le manque de prêtres dans l’Eglise catholique".

Commentaire en France, du quotidien La Croix. "Discutable sur le fond, ce document risque d’être inapplicable dans sa forme", écrit l’éditorialiste du journal Michel Kubler. "Il fixe des conditions d’acceptation au sacrement de l’ordre qui ne répondent à aucun critère sûr". L’association française "David et Jonathan", qui regroupe des catholiques homosexuels, a jugée cette directive "contraire à la vérité, mais surtout désespérante, inapplicable et dangereuse".

 Le magazine ultra-progressiste Golias déclare ce texte "scandaleux, discriminatoire et insultant". "Le plus grave, dans ce texte, c’est que les homosexuels sont quasiment considérés comme des handicapés, puisqu’il est clairement écrit qu’ils se trouvent "dans une situation qui est un grave obstacle à des relations correctes avec les hommes et les femmes", a affirmé à l’AFP son rédacteur en chef, Christian Terras. "Ce texte va entretenir un climat malsain dans l’Église, on va vers de plus en plus de délations, qui ne pourront être basées que sur des rumeurs ou des jugements discriminatoires."

 "Les Panthères roses" - une association d’homosexuels - appelaient le 26 novembre, à Paris, à "une procession revendicative" pour inviter les passants à faire "acte d’apostasie, c’est-à-dire à abandonner publiquement et volontairement leur appartenance à l’Église catholique". "Par cette action, nous protestons contre le sexisme et l’homophobie de cette institution dans la vie publique", précise l’association. Pour les Panthères roses, "l’Église catholique tire sa légitimité du nombre de personnes baptisées : en invitant à faire acte d’apostasie, les Panthères roses entendent refuser de cautionner cette idéologie antichoix, sexiste, transphobe, lesbophobe et homophobe".

 Sophie de Ravinel dans Le Figaro cite Mgr Hervé Giraud, évêque auxiliaire de Lyon et président de la commission des évêques de France pour les ministres ordonnés qui précise que "la question n’est pas d’abord de savoir si un candidat est homosexuel ou non, mais plutôt de discerner ses aptitudes aux relations pastorales".

 En Belgique, le cardinal Danneels, d’abord, puis toute la Conférence épiscopale, ont estimé devoir commenter le contenu de l’Instruction. Pour les évêques belges, la Congrégation pour l’éducation catholique a surtout voulu "rappeler quelques critères de discernement permettant de s’assurer qu’un candidat à la prêtrise a la liberté psychologique nécessaire pour s’engager sur cette voie". "En fait, explique Eric de Beukelaer, le porte-parole de la Conférence épiscopale, le cardinal Danneels a dit qu’il fallait juger le candidat sur l’aptitude à vivre ce qu’on lui demande." Une vie chaste n’est pas toujours aisée. Et les situations impossibles existent bel et bien, comme le fait "de ne pas pouvoir se passer de relations charnelles" ou encore "parce que le désir sexuel est tellement enraciné en lui qu’il en devient obsessionnel et qu’il l’empêche de vivre son célibat consacré en toute liberté et avec sérénité".

 Les milieux chrétiens homosexuels belges sont loin de partager l’analyse de la hiérarchie ecclésiastique. Benoît Van Parijs, au nom de la Communauté du Christ libérateur, constate que "pour la première fois, ce ne sont plus seulement les actes qui sont peccamineux mais c’est la seule orientation homosexuelle qui justifie notre exclusion d’un sacrement". Et de déplorer que "cette mesure d’exclusion atteint dans leur dignité tous les homosexuels catholiques" avant de conclure que "les personnes homosexuelles chrétiennes ne se résument pas à une seule orientation sexuelle". Ils rejettent donc cette "simplification identitaire et non fondée".

 En Hollande, la conférence des évêques hollandais a indiqué que le but de l’instruction est de s’assurer que "tout prêtre est capable d’établir avec autrui des relations pastorales et affectives qui soient compatibles avec son célibat."

 En Suisse, les évêques ont publié, dès le 23 novembre, une déclaration où l’on peut lire : "Une prédisposition homosexuelle vécue dans la continence n’exclut pas du ministère ecclésial; une continence vécue fidèlement peut même annoncer un charisme particulier tout comme le célibat librement choisi. Si une tendance homosexuelle ne permet pas à un homme de vivre dans la chasteté, alors une admission aux Ordres Sacrés n’est pas possible". Les évêques suisses affirment : "Celui qui décide délibérément d’une vie de célibataire en s’engageant pour l’Eglise, ne peut pas cultiver en toute sincérité un style de vie qui est opposé à cette décision ou prendre une position qui n’est pas compatible avec celle de l’Eglise". Et de conclure cependant : "Ce qui nous tient à cœur, c’est que chaque séminariste et chaque prêtre fasse l’expérience d’un accompagnement humain et spirituel qui l’aide à vivre avec conviction et en liberté son style de vie".