Les unions contre-nature légalisées à Taïwan
La loi adoptée par le parlement le 17 mai 2019 garantit aux paires de même sexe des protections juridiques similaires à celles prévues pour les unions entre un homme et une femme. Taïwan devient le premier pays d’Asie à légaliser le « mariage » homosexuel.
Juste avant le vote, la présidente de la République de Chine, Tsai Ing-wen, était sortie de sa réserve en déclarant : « aujourd'hui, nous pouvons écrire l’histoire et montrer au monde que des valeurs progressistes peuvent s’enraciner dans une société est-asiatique ».
Le vote du 17 mai 2019 revêt surtout un aspect symbolique, car le résultat ne laissait guère de place au doute : déjà en 2017, la Cour constitutionnelle avait décidé que les couples de même sexe devaient avoir le droit de se marier légalement. Elle avait donné au gouvernement jusqu'au 24 mai 2019 pour faire adopter par le Parlement un règlement spécifique.
Un vice-président catholique et atone
Dans ce pays qui compte 270 000 catholiques sur un total de 23 millions d’habitants, on aurait pu imaginer que l’Eglise eût un soutien de poids en la personne du vice-président, Philip Chen Chien-jen. Ce dernier, qui n’a jamais caché son appartenance à la religion catholique, avait même été poussé, en 2015, sur le devant de la scène politique par l’archevêque de Taipei, Mgr John Hung Shan-chuan.
Ce dernier, dans des propos rapportés par l’Aide à l’Eglise en détresse en 2015, expliquait : « j’ai rappelé à [Chen Chien-jen] que le concile Vatican II a encouragé l'implication des laïcs dans la politique comme un moyen de servir la société et d’inculquer les valeurs chrétiennes. Je lui ai aussi dit que sa candidature serait un exemple pour les 270 000 catholiques de Taïwan et qu’elle pourrait encourager davantage les catholiques à se lancer en politique ».
Cet adoubement n’a pas manqué de créer le malaise, car Chen Chien-jen a rapidement déçu. Loin de défendre la loi naturelle et la position de l’Eglise, le futur vice-président avait déclaré au cours de la campagne : « Dieu aime tout le monde, c’est pourquoi il aime aussi ceux qui sont homosexuels. Par conséquent, je crois aussi que les homosexuels ont le droit de rechercher le bonheur et que nous devons respecter ce droit ». Avec un tel “allié” dans la place, il était difficile pour l’Eglise de peser de façon positive sur le débat politique.
Il faut préciser que, à l’époque, le rapport intermédiaire de la première session du Synode sur la famille avait déjà été publié. Présenté par le cardinal Péter Erdö le 13 octobre 2014, ce document offrait une tribune aux promoteurs de l’homosexualité au nom d’un faux accueil pastoral oublieux de la vraie charité. Si l’erreur et le vice se trouvent encouragés par des cardinaux, il ne faut pas s’étonner que des “laïcs engagés” les répandent à leur tour. Le poisson pourrit par la tête.
(Source : The Guardian/EDA/AED - FSSPX.Actualités - 27/05/2019)