L’escapade corse du pape François passe mal

Source: FSSPX Actualités

Le projet de voyage du pape en Corse une semaine après la réouverture solennelle de Notre-Dame de Paris provoque des remous du côté de l’Elysée et au sein de la Conférence des évêques de France qui vient d’achever à Lourdes sa traditionnelle session d’automne.

Le cardinal François Bustillo se savait attendu au tournant : l’évêque d’Ajaccio a dû déminer le terrain dès l’ouverture de la session d’automne de la Conférence des évêques de France (Cef) qui se tenait à Lourdes (Hautes-Pyrénées) du 5 au 10 novembre 2024.

Pas facile en effet d’expliquer à des confrères perplexes la venue du successeur de Pierre dans l’île de Beauté autour des 14 et 15 décembre prochains, alors qu’il a décliné l’invitation de participer à la réouverture de la cathédrale Notre-Dame de Paris programmée le 8 décembre 2024.

Officiellement, le pape François a été convié au colloque organisé par le diocèse sur « la religiosité populaire en Méditerranée » en compagnie d’autres prélats espagnols, sardes et siciliens : une invitation qui passe mal du côté de certains cadres de la Cef qui estiment avoir été quelque peu court-circuités.

Parmi les prélats présents à Lourdes, il y a ceux qui font contre mauvaise fortune bon cœur : « La joie des Corses sera au moins aussi grande que celle des Marseillais l’an passé. (…) Nous sommes reconnaissants au pape de l’attention qu’il a accordée à notre pays en une de ses villes », a ainsi réagi Mgr Eric de Moulins-Beaufort, président de la Cef, lors de son discours de clôture.

D’autres réactions sont moins positives : « Parmi nous, c’est la surprise qui a dominé, il n’y a pas eu de mécontentements », explique un évêque de la moitié nord du pays au journal La Croix. « La proximité avec Notre-Dame pourrait être perçue comme une provocation, mais le pape François est avant tout imprévisible. Cela va être difficile pour nous de l’expliquer aux fidèles » estime un autre.

D’après une information donnée par nos confrères du Figaro, les responsables de l’épiscopat français ont eu vent du projet papal quelques semaines plus tôt et ont tenté d’en dissuader l’hôte de Sainte-Marthe.

En vain, car le pontife argentin a maintenu son choix d’aller visiter le diocèse du cardinal Bustillo, un franciscain formé en Italie, remarqué par son livre entretien sur le sacerdoce réalisé avec Mgr Edgar Peña Parra, substitut de la secrétairerie d’Etat, l’un des prélats les plus influents de la Curie à l’heure actuelle.

Du côté de l’Elysée, c’est aussi la douche froide, car le pape avait sèchement décliné, le 13 septembre dernier, l’invitation d’Emmanuel Macron à assister à la cérémonie de réouverture de Notre-Dame : « Je n’irai pas à Paris », avait prévenu François lors du vol retour de son voyage en Asie et en Océanie.

Il n’était pas en effet question pour le souverain pontife d’assister au discours du chef de l’Etat français dans la cathédrale et de servir de faire-valoir à celui-ci. Du côté du 55 rue du Faubourg Saint-Honoré, on préfère rester philosophe : « Après sept ans de pouvoir, on apprend à ne pas avoir d’orgueil mal placé », explique un conseiller élyséen au journal Le Monde.

A Lourdes, un évêque de France, beau joueur, résume à sa manière la situation au quotidien du soir : « C’est dommage que ça coince au niveau des dates, mais c’est une très bonne chose pour la Corse. Et puis, si l’on avait été l’évêque d’Ajaccio et que l’on pouvait faire venir le pape chez soi, on aurait tous fait la même chose… »