Liban : profondes inquiétudes de l’Eglise maronite

Source: FSSPX Actualités

Les évêques de l’Eglise maronite, réunis le 8 janvier 2020 au siège patriarcal de Bkerké ont publié un message à l’issue de leur réunion mensuelle. L’agence Fides rapporte l’inquiétude des évêques qui demandent aux hommes politiques libanais de faire leur possible pour renforcer la cohésion nationale du Liban et tenir le pays à l’abri des nouveaux vents de guerre qui agitent l’ensemble de la région. 

Depuis la mi-octobre 2019, le pays est en proie à un important mouvement de manifestations anti-gouvernementales. L’Aide à l’Eglise en Détresse (AED) s’était alors entretenue avec l’archevêque melkite de Beyrouth, Mgr Georges Bacouni, sur la situation au Liban : 

« Nous vivons comme un tremblement de terre. Nous sommes confrontés à d’énormes problèmes économiques avec notamment un système bancaire en faillite. Depuis le début des manifestations, encore plus de gens ont perdu leur emploi, et maintenant certains ne touchent plus que la moitié de leur salaire. Cela a un impact énorme sur les familles. Des ONG du monde entier s’occupent des réfugiés syriens au Liban, ce qui est apprécié. Mais compte tenu de la nouvelle situation, vont-elles aussi envisager d’aider le peuple libanais ? En raison de la crise économique, les chrétiens envisagent d’émigrer à la recherche d’un meilleur mode de vie. Nous craignons de perdre la jeune génération : les jeunes ne veulent pas rester au Liban. (…) L’Eglise soutient ceux qui demandent la fin de la corruption et qui veulent avoir des ministres qui soient des experts dans leur domaine et qui agissent pour mettre fin à toutes les formes de corruption ». 

Dans son homélie du dimanche 15 décembre 2019, le cardinal Béchara Boutros Raï, patriarche d’Antioche des Maronites avait vivement critiqué la classe politique dirigeante libanaise : « Si les hommes politiques se laissaient véritablement inspirer par la volonté divine et s’ils priaient, le Liban ne se trouverait pas aujourd’hui dans une situation désespérée au plan économique et financier, avec des institutions paralysées. Le peuple ne serait pas réduit à la faim, humilié avec plus d’un tiers de Libanais vivant sous le seuil de pauvreté, alors que près de la moitié est au chômage. (…) Si les responsables avaient écouté la voix de Dieu, ils n’auraient pas gaspillé les deniers publics, ils ne se seraient pas partagés entre eux les ministères et n’auraient pas ignoré les requêtes des personnes qui manifestent et font grève ». Après la nomination du Premier ministre Hassan Diab, le 19 décembre, le patriarche maronite a exhorté à la formation d’un gouvernement indépendant des dirigeants et partis politiques qui ne prennent soin que de leurs intérêts propres, rapportait l’agence italienne AsiaNews. 

Le communiqué des évêques maronites a appelé les responsables à maintenir des « salaires qui permettent aux gens de vivre de manière digne, et des transactions qui permettent aux entreprises privées de poursuivre leurs opérations d’importation et d’exportation, en particulier dans les secteurs vitaux » de l’économie. Il est également demandé aux politiques de « cesser de tergiverser avec les manœuvres et les jeux de palais » afin de hâter la formation d’un gouvernement, et de « s’engager à préserver l’harmonie interne » au Liban. 

L’Assemblée des évêques a condamné les « tentatives d’ignorer et de contourner » les revendications exprimées dans les manifestations publiques depuis le 17 octobre, ainsi que la volonté du peuple libanais d’un gouvernement de « personnalités indépendantes, formé d’hommes d’expérience et d’intégrité ». Et de conclure : « La liberté a toujours été, à travers les siècles, au cœur de l’existence de cette petite patrie, qui s’en écarte de plus en plus en s’orientant vers des choix qui sont nuisibles à l’homme. »