L’Italie criminalise un peu plus la GPA

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Le Sénat italien vient d’adopter à une large majorité une modification de la loi faisant de la gestation pour autrui un « délit universel ». Un vote qui conforte un peu plus la position de la première ministre Giorgia Meloni issue du courant national-conservateur, et qui est aussi l’aboutissement de l’implication du Saint-Siège qui avait récemment dénoncé une pratique visant à « propager la culture de mort ».
84 « pour », 58 « contre ». Giorgia Meloni est tout sourire en ce 16 octobre 2024, alors que le Sénat vient d’approuver son projet de criminalisation maximale de la pratique de gestation pour autrui (GPA). Depuis la loi du 19 février 2004, toute personne ayant recours sur le sol italien à la GPA encourait de trois mois à deux ans de prison, et une amende allant de 600 000 à 1 million d’euros.
Le texte adopté par la Chambre haute du Parlement précise que désormais, des « parents » qui reviendraient en Italie après avoir eu recours à cette pratique pourront être inculpés et subir les mêmes peines. « Avec cette mesure – a précisé le président du groupe de la Ligue au Sénat, Massimiliano Romeo – nous voulons éviter que l’interdiction prévue en Italie soit contournée, en allant à l’étranger pour commander un enfant qui est ensuite reconnu dans notre pays. »
La première ministre italienne a applaudi la décision des sénateurs, déclarant dans les colonnes du Corriere della Sera qu’il s’agit là « d’un choix dicté par le bon sens contre la marchandisation du corps féminin et des enfants : la vie humaine n’a pas de prix et n’est pas une marchandise qu’on pourrait échanger à son gré ».
Dramatisant quelque peu l’amendement voté par le Sénat, le Washington Post y voit « la loi la plus restrictive en Occident contre la GPA, faisant de cette dernière l’un des rares crimes qui dépassent les frontières, à l’instar du terrorisme ou du génocide ». Les médias progressistes quant eux, faisant habituellement le choix de la victimisation plutôt que celui de la réflexion, dénoncent un texte qui « cible directement la communauté LGBT »…
Du côté de la Fédération des associations familiales catholiques en Europe (Fafce) l’heure est au soulagement : son président, Vincenzo Bassi, explique à l’agence d’informations religieuses SIR, que le Sénat « reconnaît à juste titre la maternité de substitution comme une forme de traite des êtres humains », et souhaite que l’exemple italien « suscite un appel d’air dans le monde entier ».
Il faut souligner enfin que Giorgia Meloni avait trouvé un allié de circonstance du côté de Sainte-Marthe : si le pape François a souvent marqué ses distances par rapport à la politique anti-immigration de la présidente du conseil italien, le ton pontifical devient plus conciliant avec l’égérie de Fratelli d’Italia lorsqu’il s’agit de défendre le droit à la vie.
Ainsi, en janvier 2024, s’adressant aux diplomates accrédités auprès du Saint-Siège, le pontife argentin avait clairement pris parti contre la GPA : « Chers Ambassadeurs, la voie de la paix exige le respect de la vie, de toute vie humaine, à commencer par celle de l’enfant à naître dans le ventre de la mère, qui ne peut être supprimée, ni devenir l’objet de marchandage. »
« A cet égard – ajoutait-il – je trouve regrettable la pratique de la soi-disant maternité de substitution, qui porte gravement atteinte à la dignité de la femme et de l’enfant. (…) A chaque instant de son existence, la vie humaine doit être préservée et protégée, alors que je constate avec regret, surtout en Occident, la propagation persistante d’une culture de la mort. »
Un engagement papal auquel la presse de la péninsule italienne a largement fait écho et qui semble avoir contribué à emporter l’adhésion de la majorité des parlementaires du Palais Madame.
(Sources : Il Messaggero/SIR/Courrier international – FSSPX.Actualités)
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