L’Occident au secours de l’Ukraine, mais quel Occident ?
Depuis le début du conflit russo-ukrainien, l’Occident – Etats-Unis en tête – vole au secours de l’Ukraine. Ce qui est paradoxal et que peu d’analystes signalent, c’est que cet Occident est en plein reniement de soi et de ses racines chrétiennes. D’où cette interrogation : au nom de quels principes, l’Occident est-il le défenseur de l’Ukraine ?
Dans La Nuova Bussola Quotidiana du 14 avril 2022, Riccardo Cascioli rappelle quelques vérités élémentaires : « Quand nous parlons d’Occident, nous entendons la civilisation chrétienne qui lui a donné naissance, avec toutes les valeurs qui y sont associées : l’ordre naturel, la valeur de la personne, le caractère sacré de la vie.
« La haine de soi [de l’Occident] est représentée par le tiers-mondisme, l’écologisme, l’indigénisme, l’idéologie du gender, l’avortement. Ce sont toutes les non-valeurs promues aujourd’hui par ceux qui ont usurpé le titre d’Occident. »
Reprenant un article de Stefano Fontana paru dans La Nuova Bussola Quotidiana du 18 mars, Capire cos’è l’Occidente (come via per la pace) [Comprendre ce qu’est l’Occident (comme chemin vers la paix)], Riccardo Cascioli insiste fortement. A juste titre, il estime nécessaire une bonne compréhension de ce qu’est vraiment l’Occident, pour avoir des éléments de jugement sérieux sur le conflit russo-ukrainien :
« Ainsi, selon Fontana, l’Occident “est une civilisation dans laquelle le christianisme a synthétisé et purifié la philosophie grecque et le droit romain”. Cela a des conséquences concrètes : tout d’abord, la reconnaissance qu’il existe un Dieu créateur, pour qui le monde entier est une création, avec l’homme au sommet, un homme qui est responsable devant Dieu de tout ce qui l’entoure.
« Cela signifie qu’il existe un ordre naturel qui correspond au plan de Dieu pour l’homme et pour l’ensemble de la réalité, que nous sommes appelés à soutenir, y compris avec nos règles sociales.
« Cela signifie que chaque personne a une valeur en soi, que la vie est sacrée et inaliénable, et qu’il existe des droits naturels qui précèdent les Etats et les communautés sociales, et que les Etats et les communautés sociales doivent garantir.
« Cela signifie aussi une conception de l’histoire linéaire qui tend vers le dernier jour, le Jugement dernier, puisque l’homme est toujours appelé à construire la Jérusalem terrestre à l’image de la Jérusalem céleste ; d’où aussi la valeur positive du travail (dans d’autres sociétés, il est réservé aux esclaves, aux prisonniers et aux classes inférieures), et donc aussi la conception du développement.
« C’est tout cela qui a fait la grandeur de la civilisation occidentale au cours des siècles et qui lui a garanti la suprématie culturelle, économique et politique dans le monde, et non la capacité d’utiliser la force et la violence comme beaucoup le souhaiteraient. »
Riccardo Cascioli montre qu’en face de la civilisation occidentale traditionnelle, se dresse désormais la haine de soi de l’Occident : « le rejet du christianisme, le reniement des racines de notre civilisation. Comme l’a souligné Fontana, il s’agit d’un processus qui a duré des siècles, mais qui est sans nul doute arrivé à maturation au cours des dernières décennies.
« Il s’agit d’une lecture de l’histoire dans laquelle tous les maux sont le fruit de la culture occidentale et de la civilisation chrétienne en particulier. Aujourd’hui, nombreux sont les courants culturels et politiques qui interprètent ce sentiment.
« Le tiers-mondisme, par exemple, selon lequel les pays pauvres sont pauvres parce que les pays riches existent, de sorte que même les politiques de développement international sont perçues en termes de compensation des torts passés, et non en termes d’évolution des pays pauvres.
« Il ne nous vient même pas à l’esprit que la pauvreté est le résultat de facteurs internes, tels que les croyances religieuses, la culture et la corruption, comme cela devrait être évident ; non, tout est de la faute des pays riches, c’est-à-dire de l’Occident.
« Le phénomène de l’environnementalisme, notamment dans sa version du changement climatique, peut également être lu sous cet angle : ce sont les pays industrialisés qui polluent et modifient le climat, et les pauvres en paient les conséquences. Ici aussi, peu importe que la réalité soit tout autre d’un point de vue scientifique et statistique, l’Occident est toujours à blâmer.
« Et encore : l’indigénisme, l’exaltation mythologique des peuples indigènes qui, bien sûr, étaient heureux avant l’arrivée des colonisateurs occidentaux ; oubliant que les cultures primitives sont tout sauf un exemple de respect de la personne et de l’environnement.
« Le phénomène de la cancel culture, avec la destruction de statues, l’autodafé de livres, la suspension d’enseignants… n’est que le résultat final de l’enracinement de cette idéologie anti-occidentale.
« Quant à l’écologisme, il est intéressant de souligner comment la culture judéo-chrétienne est directement mise en cause comme responsable de la prétendue crise écologique, car l’accent mis sur la centralité de l’homme l’aurait conduit à détruire la nature.
« La négation de la civilisation chrétienne occidentale a également des conséquences dans d’autres domaines : par exemple, l’idéologie du gender est la négation de l’ordre naturel que Dieu a établi dans la création et qui est décrit dans la Genèse. Tout comme le refus de la vie – avortement, euthanasie – et la destruction systématique de la famille en tant que cellule fondamentale de la société.
« S’il s’agit donc d’une véritable haine de soi par l’Occident, un problème surgit immédiatement : aujourd’hui, c’est précisément l’autorité influente (leadership) de l’Occident tout entière qui représente et promeut cette haine de soi.
« Ce n’est pas une coïncidence si les dirigeants européens ont explicitement interdit la reconnaissance des racines chrétiennes de l’Europe ; le président américain Joe Biden a fait du programme LGBTQ une priorité de sa politique étrangère, après que ses prédécesseurs démocrates aient imposé de la même manière le contrôle des naissances au niveau international.
« Les agences de l’ONU, sous la pression des gouvernements occidentaux, promeuvent l’avortement, la contraception, la destruction de la famille, l’écologisme, le tiers-mondisme, l’indigénisme. Et nous pourrions continuer.
« Dès lors, comment quelqu’un qui aime l’Occident en tant qu’héritier de la civilisation chrétienne, de la pensée grecque et du droit romain, pourrait-il se sentir en phase avec ceux qui ont désormais usurpé le titre d’Occident ? »
Les « valeurs » que l’Occident renégat soutient
La haine de soi de l’Occident par le reniement de ses racines chrétiennes n’est pas une abstraction idéologique, elle se manifeste de manière horriblement concrète, en Ukraine précisément. Le 12 avril, Agostino Nobile, contributeur régulier du blogue de Marco Tosatti, Stilum Curiæ, écrivait :
« L’OTAN défend le pays le plus corrompu d’Europe, où règnent les mafias et les institutions immorales. La partie honnête de l’Ukraine est impuissante. […] Un aspect pour le moins honteux, en dehors des mafias est certainement l’usine à bébés soutenue par le gouvernement et les autorités ukrainiennes.
Sur internet, j’ai trouvé la page du Centre mondial des mères porteuses. La présentation et la mise en page sont impeccablement “professionnelles”, qu’on en juge par leur sinistre publicité :
– Le coût de la gestation pour autrui en Ukraine est l’un des avantages qui attirent l’attention des couples à la recherche d’une mère porteuse. Avec un niveau élevé de qualité de service et d’assistance, vous avez un prix beaucoup plus bas à payer si vous optez pour la GPA en Ukraine.
– Le coût moyen d’une GPA en Ukraine est d’environ 35 000 dollars. Il s’agit d’une estimation, elle ne dépend pas du programme ou d’une agence particulière.
– Pour connaître le coût total, demandez une consultation gratuite. Un professionnel vous informera du coût de la GPA en Ukraine et choisira le meilleur programme pour vous. Un autre grand avantage (sic !) du coût des mères porteuses ukrainiennes est la possibilité de paiements échelonnés. […] Il existe une possibilité de s’acquitter du coût en 4 versements.
Agostino Nobile fait remarquer que, dans cette démarche commerciale, il n’y a « pas d’enquête spécifique concernant l’honnêteté des acheteurs. Il suffirait d’un petit pourcentage de crapules pour connaître une horreur sans fin. Ils peuvent faire ce qu’ils veulent de ces “chiots” sans défense, même exporter les organes et les vendre au plus offrant. »
Et de noter : « Le centre de reproduction humaine BioTexCom de Kiev, la plus grande clinique de mères porteuses au monde, ne s’arrête pas, même pendant le conflit russo-ukrainien. Son site présente une vidéo où des nouveau-nés sont transportés comme des marchandises. »
Sont-ce là les « valeurs » que l’Occident renégat veut imposer au monde entier ? Agostino Nobile se demande pourquoi Rome se tait sur cet épouvantable trafic d’êtres humains, elle qui devrait, toujours et partout, soutenir et promouvoir le trésor intellectuel, moral et spirituel de l’Occident chrétien.
(Sources : Nuova Bussola Quotidiana/Stilum Curiæ – trad. à partir de benoitetmoi/DICI n°420 – FSSXP.Actualités)
Illustration : Photo 119158648 © Bumbleedee | Dreamstime.com