Malaisie : un nouveau module islamique dans les écoles publiques contesté

Source: FSSPX Actualités

Une organisation interreligieuse, le Conseil consultatif malaisien du bouddhisme, du christianisme, de l’hindouisme, du sikhisme et du taoïsme, a dénoncé la mise en œuvre d’un nouveau module par le ministère de l’Education, qui recommande les enseignements des hadiths dans les écoles publiques du pays. Le Conseil dénonce cette mesure comme anticonstitutionnelle.

Dans un communiqué, l’organisation a déclaré que l’application du module portant sur « les 40 hadiths de l’imam Al Nawawi » viole la liberté religieuse garantie par la Constitution, parce qu’elle épouse le mode de vie islamique, selon le Malay Mail.

L’imam Al Nawawi (1230-1277), dignitaire religieux, juriste et érudit islamique d’origine syrienne, est auteur de plusieurs ouvrages sur les hadiths ou recueils de paroles et d’actes relevant de la tradition orale musulmane, lus et pratiqués dans de nombreux pays islamiques.

« Les hadiths font clairement partie de la religion islamique. Il semble qu’il n’y ait rien dans notre Constitution fédérale qui autorise de tels enseignements islamiques dans les écoles publiques. Cela peut très bien être mis en place dans les écoles religieuses islamiques », a souligné le Conseil.

Pour ce dernier, la Constitution fédérale autorise chaque personne à pratiquer sa propre religion, et empêche de la contraindre à prendre part à tout culte ou acte religieux autres que le sien, tandis que la mise en place du module sur les 40 hadiths transmettrait non seulement les valeurs des enseignements islamiques mais aussi « les fondamentaux religieux » de l’islam.

Le Conseil a noté que l’article 3 (1) de la Constitution stipule que « l’islam est la religion de la fédération », tout en précisant que c’est seulement en référence aux rituels et cérémonies islamiques. « Cela ne concerne pas l’islam vu comme un concept universel, car il est en général compris comme un système de vie intégral », a poursuivi l’organisation interreligieuse.

« Une école nationale doit être un lieu où l’unité est favorisée »

Le groupe a aussi souligné que l’article 12 (2) de la Constitution précise que « chaque groupe religieux a le droit d’établir et maintenir des institutions pour l’éducation des enfants selon sa propre religion : les 40 hadiths peuvent être enseignées dans les écoles islamiques, mais dans les écoles publiques, ce serait anticonstitutionnel », a insisté le Conseil.

De plus, l’article 12 (3) dit qu’« aucune personne ne peut être forcée de recevoir des instructions ou de prendre part à tout acte cultuel ou à toute cérémonie d’une religion autre que la sienne ». Ainsi, la Constitution « protège les personnes, y compris les élèves, contre toute instruction religieuse autre que la leur ».

Le Conseil a conclu que le gouvernement et le ministre de l’Education doivent agir conformément à la Constitution fédérale : « une école nationale doit être un lieu où l’unité est favorisée, et non pour introduire des politiques qui créent la division ».

La Malaisie est un pays majoritairement musulman de 34 millions d’habitants. Les musulmans représentent près de 63,5 % de la population, pour 18,7 % de bouddhistes, 9,1 % de chrétiens, 6,1 % d’hindous et environ 9 % d’autres groupes religieux (animistes, confucianistes, taoïstes, sikhs, bahaïs Témoins de Jéhovah et Mormons).

Ces derniers temps, les groupes extrémistes et les partis politiques islamistes poussent de plus en plus à imposer une forte identité islamique dans le pays. Ainsi le PAS (Parti islamique malaisien), un parti conservateur islamiste, est devenu une force politique majeure après les élections de 2022 et les élections parlementaires de 2023.