Marcel De Corte, “Philosophie de l’économie”
Les éditions Hora Decima font paraître un nouvel ouvrage inédit de Marcel De Corte, Philosophie de l’économie.
Il est ainsi présenté sur la 4e de couverture : « Philosophe aristotélicien, Marcel De Corte (1905-1994) s’est confronté toute sa vie aux questions contemporaines et notamment à la place et au rôle de l’économie dans nos sociétés modernes.
« Les réflexions qu’il propose dans cet ouvrage inédit sont destinées aux (futurs) chefs d’entreprise et plus largement à tous ceux qui transforment la matière en utilités économiques. Il pointe notamment l’influence grandissante des techniques qui, dans le domaine de la production, se libère de plus en plus de la finalité de l’économie.
« Parallèlement, la croissante subordination de l’économie à la technique s’accompagne de sa subordination grandissante à un type d’Etat d’où le sens du bien commun a disparu. En s’appuyant sur la sagesse philosophique et sur trois évidences (les faits économiques ne sont pas des choses, l’importance de la finalité de l’économie et la liberté du marché), l’auteur a perçu avec trente ans d’avance les maux actuels de l’économie et a défini les principes pour les résoudre. »
A tous ceux qui douteraient de l’utilité d’un regard philosophique aristotélicien sur l’économie, Marcel De Corte répond dans sa préface avec beaucoup de pertinence : « Une expérience déjà longue nous a enseigné que l’homme d’action éprouve un dédain secret – qu’il ne dissimule pas toujours – à l’égard des “spéculations doctrinales”.
« A vrai dire, il n’a que trop souvent l’occasion de manifester son mépris ou son ironique indulgence vis-à-vis des utopies que les philosophes ont abondamment soufflées, comme des nuages inconsistants, au-dessus du sol ferme où se déploie son labeur. Encore un banc de brouillard qui m’empêchera de voir clair, murmure-t-il à bon droit ! Que ne me laisse-t-on travailler !
« Et il s’estime heureux, favorisé même par la chance, si cette brume, en passant dans le cerveau des hommes d’Etat, ne se solidifie pas en institutions qui dressent devant lui d’insurmontables barrages. On comprend cette réaction. »
Mais voici la réponse juste : « Personne ne nie l’existence des liens étroits qui unissent l’économie et la technique. Il est banal de constater que la puissance économique des peuples s’accroît à mesure des progrès techniques. Mais ce qui l’est moins, ce qui ne l’est même pas du tout, c’est d’apercevoir l’emprise grandissante que la technique exerce sur l’économie.
« Ce n’est plus l’économie qui utilise la technique comme un bon instrument sans cesse amélioré, indispensable à ses fins. C’est la technique elle-même, sous ses diverses formes sociales, industrielles, commerciales, financières, administratives, etc. qui impose à l’économie ses cadres fluents et sa structure perpétuellement mouvante. »
Dès lors, on comprend la nécessité d’une réflexion philosophique à la lumière du réalisme aristotélico-thomiste, telle que Marcel De Corte la présente : « Cette brève esquisse n’a d’autre but que de montrer comment une philosophie réaliste de l’économie articule l’économique au social et, par là au politique.
« Lorsqu’un arbre souffre, c’est par la guérison des racines qu’il faut commencer. L’économie souffre aujourd’hui de tous les maux conjugués d’un libéralisme anarchique et d’un dirigisme étouffant, avec toutes leurs néfastes conséquences sociales et politiques. Il importe au premier chef de l’en délivrer afin d’en assainir du même coup l’Etat et la société. »
Ce livre est le deuxième édité par Hora Decima dans sa « Collection Marcel De Corte ».
Dans le précédent, paru en 2022, Descartes : philosophe de la modernité, le philosophe réaliste analysait la philosophie de Descartes, montrant que dans ce système, « il ne s’agit pas tant de donner à la raison toute sa place que d’opérer une rupture radicale avec l’héritage reçu des Anciens, dans une conception prométhéenne de l’homme à l’origine de la modernité et qui postule qu’il peut agir sur l’ordre naturel, la société et l’être humain lui-même. »
Un troisième ouvrage est annoncé pour la mi-janvier 2025 : Les mutations de l’Eglise catholique au XXe siècle : où en est le catholicisme ? dans lequel on pourra lire les textes et les analyses du philosophe belge « sur la crise traversée par l’Eglise après le concile Vatican II, telle qu’il a pu la vivre à son rang de laïc engagé et d’intellectuel catholique intervenant dans les débats de l’époque. Après d’autres, il s’agit là d’un témoignage historique sur une époque difficile pour l’Eglise. »
Marcel De Corte, Philosophie de l’économie. Introduction d’Adrien Peneranda. Editions Hora Decima, 292 pages, 25 €
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(Source : Hora Decima/DICI n°449 – FSSPX.Actualités)