Marthe de Noaillat (1865-1926), apôtre du Christ-Roi

Source: FSSPX Actualités

Georges de Noaillat (alors devenu prêtre) et son épouse Marthe

Cette courte présentation est largement inspirée des numéros de la revue Au Christ Roi fondée par Georges de Noaillat et de la biographie de Marthe de Noaillat rédigée par sa belle-sœur Simone Ponvert-Noaillat.

Marthe de Noaillat, née Devuns, est appelée l’apôtre du Christ-Roi car elle eut à remplir une mission bien précise au service de la royauté universelle de Notre-Seigneur.

Après sept années de tentatives de vie cloîtrée, elle devint missionnaire dans le monde et organisa, avec l’approbation des papes Benoît XV et Pie XI, un référendum mondial qui devait aboutir en six années à la proclamation solennelle des droits souverains du Christ et à l’institution de la fête du Christ-Roi par l’encyclique Quas Primas en décembre 1925.

I] Marthe avant la campagne pour l’instauration de la fête du Christ-Roi : 1865-1919

Une enfance pieuse

Marthe naît le 29 novembre 1865 au Crotoy (commune de la Somme) dans une famille qui comptera douze enfants. Son père, avocat de talent au barreau de Saint-Etienne, est l’aîné de deux frères prêtres et d’une sœur religieuse. Quant à sa mère, Anne Goyard, elle est d’une telle piété que Marthe dira « avoir compris très jeune le vrai sens de la vie » à son contact.

Dès l’âge de huit ans, elle manifeste une piété ardente, mettant déjà le sacrifice à la base de sa sanctification. Lors de sa première communion, elle renouvelle le don, précédemment formulé, de toute sa vie au Christ. Elle montre très tôt une énergie rare et une étonnante ténacité de caractère toujours orientées vers des buts nobles, grands et surnaturels.

Elle est profondément habitée par la conversion des pécheurs : elle entreprend des démarches auprès des domestiques et des voisins pour les inciter à la pratique dominicale. Elle se dévoue auprès des pauvres du village. On raconte que, vers ses douze ans, elle sauve, seule, une pauvre femme alitée et menacée de la hache de son mari effroyablement excité par l’alcool.

Par ailleurs, une telle fermeté de caractère va de pair avec une grande intelligence. En effet, une passion pour la lecture se dessine très vite au point qu’elle dévore quatre-cents volumes pendant ses sept années de scolarité à l’école privée de Clamecy où elle habite alors.

Une jeunesse brillante

A quinze ans, elle devient pensionnaire des religieuse éducatrices de l’Assomption d’Auteuil et fait de brillantes études. C’est, d’ailleurs, en secondant ses frères dans leurs devoirs qu’elle devient une latiniste émérite et se prépare au brevet supérieur qu’elle obtient en 1884.

Elle dépasse même le programme de cet examen en faisant, sans maître, sa philosophie « dans un véritable ravissement intellectuel » selon ses dires, et en entreprenant pour son compte personnel l’étude approfondie de saint Thomas.

Une expérience douloureuse de vie religieuse

En 1888, elle entre au noviciat des Assomptionnistes à Paris. Son oncle, l’abbé Paul Devuns, à qui elle a confié sa décision d’entrer en religion, a frémi intérieurement : « Une telle contrainte [est] si peu conforme aux besoins de la nature extrêmement vivante de Marthe. » Il a vu juste : elle tombe malade et est transférée au couvent de Jouarre qui pouvait mieux lui convenir. Mais sa santé s’altère encore plus vite au point de l’obliger à retourner dans le monde.

En 1889, elle prend l’habit chez les Assomptionnistes mais, cette fois, dans leur couvent de Poitiers. Puis elle rentre au noviciat à Paris mais sa maigreur est telle qu’elle est renvoyée, pour l’été, en famille. Elle est finalement reprise mais va être mutée de couvents en couvents tant sa santé est mauvaise : Cannes, Saint-Martin-Vésubie, Bordeaux, Gênes (de 1892 à 1894).

Finalement, elle tombe si gravement malade que la supérieure de l’ordre met définitivement fin à sa vie religieuse après sept années de tentatives infructueuses. Marthe a alors trente-et-un ans.

Une âme d’apôtre dans le monde

« Marthe n’est pas faite pour vivre entre quatre murs, avait dit une des supérieures de l’Assomption, c’est sur les places publiques qu’elle doit prêcher. » Après avoir pérégriné à Jérusalem, à Rome deux fois, à Notre-Dame de Lorette, elle commence à Nevers un apostolat de missionnaire qui durera cinq ans, animée par une grande soif de sainteté.

Elle soigne également les malades, se montrant particulièrement attentive aux agonisants. Elle mène une vie ascétique, faite de privations en particulier alimentaires. Plus tard, des religieuses, sécularisées par la loi de 1901, viennent lui demander de l’aide, sur le conseil du cardinal Richard, pour ouvrir une institution pour jeunes filles à Paris, le cours Bossuet.

Finalement, elle prend la direction des études et donne elle-même des cours dans l’enseignement supérieur mais aussi dans les toutes petites classes. Elle loge dans la chambre la plus humble de la maison, dispense un cours de catéchisme et visite ses chers pauvres. En trois années, le succès est complet.

C’est alors que sa vie va prendre une tournure inédite : elle rencontre Simone et Georges de Noaillat qui était le vice-président de l’ACJF (Association de la jeunesse catholique de Paris). Une amitié naît entre Marthe et les Noaillat, frère et sœur.

Geneviève de Bournonville, présidente de la Ligue patriotique des Françaises, militant pour que la France reste chrétienne, obtient de Marthe, par l’intermédiaire de Simone Noaillat, qu’elle fasse des conférences pour sa Ligue. La nouvelle conférencière est frappée par la réussite de ses discours. Marthe finit par abandonner le cours Bossuet en 1906 pour se consacrer à des tournées de conférences avec un grand succès, étant la digne héritière des talents d’éloquence de son père.

Malgré ses voyages harassants, elle maintient une règle de vie intérieure stricte : oraison et communion quotidiennes ainsi qu’une pénitence d’une très grande austérité. Elle devient la directrice de la Ligue patriotique et fonde en 1911 le premier cercle de jeunesse féminine visant à la formation intellectuelle et religieuse des ligueuses.

Les Noaillat et Marthe habitent désormais dans le même appartement, chacun voyageant pour son congrès ou ses conférences. Mais le mariage de Simone en juin 1911 entraîne la séparation du trio. Finalement, Georges, âgé de 37 ans et Marthe, de 45 ans, se marient quelques mois après Simone. Ils concluent un mariage joséphin 1 et font graver dans leurs anneaux cette parole de saint Jean : « Lucerna ejus est Agnus » (« Sa lumière est l’agneau »).

Le musée du Hiéron de Paray-Le-Monial

En 1876, le baron Alexis de Sarachaga 2 et le père Victor Devron (SJ) ont conçu l’idée d’un musée eucharistique et d’une association, tous deux visant à promouvoir le règne social de Jésus-Christ. Ce sera le musée du Hiéron de Paray-Le-Monial édifié entre 1890 et 1893 et la Société du Règne Social de Jésus-Christ fondée en 1877. Le musée dédié à « Jésus-Hostie-Roi » réunit des œuvres d’art sur le thème de l’eucharistie, en lien étroit avec le Sacré-Cœur.

En 1881, le Père Jean-Marie Sanna-Solaro, jésuite de Turin, de passage au Hiéron, a conçu l’idée d’une fête de Jésus-Christ-Roi en écoutant M. de Sarachaga. Le religieux a adressé à Léon XIII une supplique pour l’instauration de cette fête mais le pontife n’a pas jugé l’idée opportune.

En 1908, le baron choisit Georges de Noaillat, devenu son ami, comme son successeur à la direction du musée et de la société du Règne. En 1919, les Noaillat s’installent au sous-sol du musée et se dévouent corps et âme par des séries de conférences au service du règne du Christ-Roi.

II] Le Référendum pour la fête du Christ-Roi organisé par les époux de Noaillat (1920-1925)

La demande par Benoît XV de l’approbation épiscopale de la fête du Christ-Roi

En décembre 1919, Marthe a la pensée de reprendre la tentative malheureuse du Père Sanna-Solaro en faveur d’une fête du Christ-Roi. Dès lors, il se forme dans son esprit l’inébranlable conviction que la proclamation par une encyclique papale de la royauté universelle du Christ et l’institution d’une fête liturgique porteraient un coup à la laïcité qui, imbue des principes de la Révolution, proclame hautement les droits de l’Homme au détriment des droits de Dieu.

En 1920, les Noaillat obtiennent le soutien de Mgr Albert Nègre, évêque de Tours, qui accepte de préfacer un exposé historique où M. de Noaillat montre les développements successifs de l’idée de la royauté du Christ. Puis, Marthe rédige une supplique adressée au pape Benoît XV pour lui demander d’instituer une fête du Règne Social de Jésus Christ.

Cette supplique est communiquée au pape par Mgr Désiré Hyacinthe Berthoin, évêque d’Autun, lors des fêtes de la canonisation de sainte Marguerite-Marie. Ce dernier approuve l’esprit de cette demande mais avant d’instituer une fête de Jésus-Christ-Roi, il veut la preuve du consentement universel des peuples chrétiens s’exprimant par la voix de leurs évêques. Le pontifie n’acceptera la supplique que si elle est signée par la majorité de l’épiscopat 3.

Les exigences de Pie XI

En 1921, les Noaillat obtiennent leur premier soutien de poids : le R.P. Joseph Calot (S.J.), directeur de l’Apostolat de la Prière, qui va devenir le puissant intermédiaire de la Société du Règne, dirigé par Georges de Noaillat, auprès de l’épiscopat étranger. La même année, au Congrès Eucharistique National de Paray-Le-Monial, Mgr Nègre fait l’exposé de la thèse doctrinale de l’instauration d’une fête du Christ-Roi. Le vœu de cette fête est émis en public et approuvé.

En 1922, les Noaillat sont reçus par le cardinal Pietro Gasparri, Secrétaire d’Etat, qui, enthousiasmé par leur supplique, obtient une audience du nouveau pontife, le pape Pie XI. Ce dernier leur demande de lui adresser un mémoire sur leurs attentes.

Le cardinal Antonio Vico, préfet de la Sacrée Congrégation des Rites, leur demande de recueillir l’approbation des évêques pour l’instauration d’une nouvelle fête. A Rome, ils reçoivent le soutien du cardinal Camillo Laurenti, préfet de la S.C. des Religieux et du R.P. Galileo Venturini (S.J.), organisateur de l’Apostolat de la Prière, ami du Père Calot.

Puis, les époux Noaillat envoient le mémoire au pape, approuvé par Mgr Hyacinthe-Jean Chassagnon, nouvel évêque d’Autun. Ils apprennent peu après que le pape a lu de manière favorable le mémoire et qu’il demande la liste des adhésions cardinalices et épiscopales nation après nation.

Le P. Venturini annonce au pape qu’environ trois cents évêques de toutes les parties du monde ont adhéré au projet de l’instauration de la fête du Règne Social de Jésus-Christ. Mais le saint Père refuse de lire les suppliques épiscopales et exige une large préparation des masses avant de penser à la création de cette solennité.

En 1923, les époux ont la joie d’annoncer au cardinal Laurenti l’adhésion de treize grands ordres religieux. Ils sont reçus la même année par Pie XI qui leur déclare que la demande de la fête du Christ-Roi s’accorde avec le programme qu’il a tracé dans sa première encyclique Ubi Arcano Dei, de décembre 1922. Il accepte les suppliques épiscopales qu’il avait refusées trois mois auparavant.

En 1924, presque mille évêques adhèrent au projet mais le pape, aux dires du cardinal Laurenti, veut une plus large adhésion en suscitant un mouvement universel par la presse, périodiques et journaux. Il veut « une réalisation digne, grandiose, mondiale, qui fasse époque, qui donne un ébranlement aux esprits ». Après la voix de l’Eglise enseignante, le pape veut entendre celle de l’Eglise enseignée.

La pétition populaire

Marthe rédige alors une lettre-circulaire en guise de pétition populaire qui, pendant deux ans, va apporter aux pieds de Pie XI un nombre considérable de signatures. Elle écrit aux présidents de toutes les associations connues d’elle, en France et à l’étranger. Elle sollicite les directeurs de l’Apostolat de la Prière et huit autres associations pour lancer cette pétition.

Le directeur de La Croix du dimanche accepte de la faire connaître à ses lecteurs qui, pendant des mois, vont envoyer au Hiéron des lettres individuelles d’adhésion. Alors, commencèrent les vastes campagnes de pétitions qui débordèrent de la France en Italie, en Pologne, en Hongrie, au Canada, en Amérique Centrale, en Amérique du Sud, en Afrique et jusqu’à Pékin.

Les diocèses de Tours et d’Autun, sous l’impulsion de leurs évêques, se mettent à la tâche. A Paray-Le-Monial, pendant toute la saison des pèlerinages, la plus fructueuse campagne pour le Christ-Roi, la campagne par la parole, est réalisée au musée du Hiéron. L’évêque de Toulon fait graviter les travaux de son Congrès Eucharistique autour de la « Souveraineté universelle du Christ ».

En parallèle à la pétition populaire, les directeurs du Hiéron n’abandonnent pas le référendum épiscopal qui atteint un chiffre supérieur à celui obtenu pour la définition du dogme de l’Immaculée Conception ou celui de l’Infaillibilité pontificale. La cause du Christ-Roi est présentée à La Semaine Sociale de Turin avec succès et l’épiscopat du Piémont rédige une demande au Pape.

Les Congrès Eucharistiques Nationaux de Paray-Le-Monial en 1921, de Paris en 1923, de Rennes en 1925, les Congrès Internationaux de Jeunesse Catholique à Innsbruck en 1923, de la Ligue Internationale Catholique à Lugano en 1924, à Oxford en 1925, plusieurs congrès au Canada, envoyèrent au Souverain Pontife des vœux très fervents concernant la fête.

Les époux Noaillat sont reçus à Rome par au moins dix-sept cardinaux et ils présentent au pape les adhésions épiscopales et les suppliques laïques. Ce dernier leur recommande de ne pas faire intervenir dans leurs démarches l’argument d’autorité : « Le Pape est favorable au projet. » Pour lui, si Rome influence l’adhésion de l’épiscopat, celle-ci n’a plus la même valeur probante.

Quatre semaines plus tard, le cardinal Laurenti leur annonce dans une lettre que le pape souhaite proclamer la fête du Christ-Roi lors de la clôture de l’Année Sainte, en décembre 1925. Par ailleurs, la promulgation de l’encyclique est prévue à la même date. Un bénédictin spécialisé dans le chant grégorien travaille pour vêtir de notes musicales la messe et l’office.

Finalement, 764 cardinaux, patriarches archevêques et évêques, 102 abbés supérieurs de communautés, 149 communautés de femmes et 12 universités ont adhéré à la supplique.

III] La mort tragique de Marthe en 1926

En décembre 1925, Marthe se hâte de mettre sous presse le premier numéro du nouveau bulletin Au Christ-Roi, échos de son règne social visant à populariser les enseignements de la prochaine encyclique Quas Primas et de la fête du Christ-Roi. Les époux reçoivent de la main du cardinal Laurenti, le lendemain de la proclamation de l’Encyclique, datée du 11 décembre, un exemplaire du texte papal.

Ils visitent les membres du Sacré Collège qui ont daigné les recevoir chaque année. L’accueil des cardinaux Gasparri, Vico, Merry del Val leur laisse un souvenir impérissable. Le 29 décembre, ils tombent aux pieds du Pape du Christ-Roi qui les écoute avec bienveillance. Ils ne reverront Pie XI que dans la Basilique Vaticane célébrant la première messe du Christ-Roi, le 31 décembre 1925.

Voici comment les deux époux décrivent cette cérémonie papale dans la revue Au Christ-Roi, échos de son règne social de février 1926 : « Dès 6 heures du matin, les foules déferlent vers Saint-Pierre comme pour les plus grandioses cérémonies. […] Le cortège papal passa vers 10 heures, comme une radieuse vision, dominé par sa sainteté Pie XI, porté sur la sedia gestatoria, longuement acclamé. […]

« Au Gloria, coup de théâtre céleste. Au moment où Pie XI entonne l’hymne de gloire que les chantres de Dom Ferretti vont prolonger en ondes triomphales, voici que le ciel, terne jusqu’alors, se met à lancer des rayons de soleil fulgurants à travers les larges baies de Saint-Pierre. […] [Juste avant la Consécration], le Pape a quitté son trône, lentement il a traversé le Presbyterium et est remonté à l’autel.

« Un à un, il a dépouillé tous les splendides ornements de Sa Majesté, et tête nue, il va sacrifier la divine Victime. […] C’est le point culminant de ce grand jour : Pie XI élève sur le monde Jésus-Hostie-Roi ! Jésus d’autant plus Roi de toutes les nations qu’Il est leur volontaire et totale Hostie, embrasée d’amour. Oui, Roi de toutes les nations.

« Mais nos cœurs de Français crient à se rompre : Seigneur, si notre patrie fut insensée pour proclamer, un jour de folie, les Droits de l’homme, souviens-Toi que c’est d’un monument français portant au frontispice Jésus-Hostie-Roi, [le Hiéron], que partirent les semences qui levèrent aux quatre coins du monde pour demander la célébration de tes Droits de Dieu fait Homme ! […]

« [A la fin de la messe], voici qu’éclatent en fanfare les anciennes acclamations ressuscitées par Dom Ferretti et qui, résumant vingt siècles de christianisme, assoient nos espoirs au-dessus de toutes les tempêtes : Christus vincit, Christus regnat, Christus imperat ! […] Il était 1 heure et demie de l’après-midi. Nous étions là depuis 7 heures du matin.

« Le temps avait fui comme l’éclair. Le trisagion sacré résonnait encore que, remonté sur sa sedia, le Pape nous quittait au milieu des vivats sans fin. Nos cœurs ne le quitteront jamais plus. Pie XI vient d’immortaliser son nom. Pour les siècles futurs, il sera le Pape du Christ-Roi ! »

Le soir, à minuit, Marthe a ces mots à l’adresse de son époux : « Songez que peut-être 1926 m’ouvrira l’éternité… » Le vendredi 5 février, premier vendredi du mois, à Paray-Le-Monial, un prêtre, ami de la famille, surpris de ne pas voir Marthe et sa secrétaire, Mlle Jeanne Lépine, au repas de midi qu’elles ont l’habitude de prendre à l’hôtel du Sacré-Cœur, se rend au musée, rue de la Paix, pour prendre de leurs nouvelles.

Il prend l’escalier qui conduit à la loge et quel n’est point son saisissement lorsqu’il se voit en face de deux corps inertes étendus sur le sol, ceux de Jeanne et de Marthe. Une rapide enquête établit que les malheureuses ont dû être asphyxiées par les émanations toxiques d’oxyde de carbone émanant du poêle placé dans la pièce voisine. L’époux de Marthe ne put arriver à Paray que le lendemain…

Le père Quénard, supérieur général des Assomptionnistes écrira : « Sa mort est comme la rançon d’une immense grâce pour l’Eglise. » Plus tard, en juin 1930, Georges de Noaillat sera ordonné prêtre et se consacrera à son apostolat au musée du Hiéron. Il mourra en 1948.

  • 1

    Désigne un mariage fondé sur l’abstinence de l’acte conjugal, comme entre la Vierge Marie et saint Joseph.

  • 2

    La personnalité du baron de Sarachaga est ambivalente, et le rôle qu’il a joué pour l’institution de la fête du Christ-Roi ne saurait servir de caution à une tendance peu orthodoxe, à saveur gnostique, décelable dans ses écrits et ses fréquentations La première revue du Hiéron, Regnabit, était loin d’être recommandable en tous points. Les époux Noaillat, ainsi que la revue Au Christ-Roi qu’ils ont fondée, étaient indemnes de ces erreurs.

  • 3

    Peut-être est-il opportun de préciser que la demande de Benoît XV et de Pie XI de consulter l’Eglise universelle n’a rien à voir avec la synodalité, dernier en date des fruits gâtés de Vatican II. La consultation des évêques s’explique du fait que, membres de l’Eglise enseignante, ils ont part au magistère ordinaire universel défini à Vatican I : ils sont les témoins autorisés de ce qui a été cru « toujours, par tous et partout » que le pape est chargé de proclamer.

    La consultation du peuple chrétien s’explique d’abord dans le fait que la croyance des fidèles est un bon reflet de l’enseignement des évêques. Mais elle servit aussi à susciter une attente pour que l’encyclique et la fête du Christ-Roi ne soient pas un événement sans lendemain. Pie XI voulait « une réalisation digne, grandiose, mondiale, qui fasse époque, qui donne un ébranlement aux esprits ». Il s’agissait d’une manière de préparer les esprits pour que l’acte pontifical porte plus de fruit.

Tombe de Georges et Marthe de Noaillat