Mayotte : le Secours Catholique décrit l’apocalypse
Samedi 14 décembre, Mayotte, archipel français de l’océan Indien, a été balayé par le cyclone Chido : des rafales de vent jusqu’à 226 km/h ont été enregistrées, avant que les équipements de relevé ne soient endommagés. Les vagues s’élevaient à des hauteurs entre 5,30 et 7,30 mètres, au nord-ouest de l’île, hors lagon.
Villages dévastés, téléphone coupé, réseau d’électricité hors d’usage, approvisionnement en eau potable compromis… Quelques heures après le drame, on dénombrait une vingtaine de morts selon un bilan très provisoire appelé à s’alourdir. Car les autorités redoutent « plusieurs centaines » de morts, peut-être même « quelques milliers », selon le préfet de l’île.
Sur place, l’organisation catholique Caritas-France dispose d’une équipe qui témoigne d’une situation apocalyptique : « Certains comparent ce qu’ils voient à des villes bombardées. Nous avions à peu près 100 000 personnes qui vivaient dans un habitat précaire et tout a été rasé, il n’y a plus rien qui tient debout.
« Cela veut dire qu’il y a au minimum 100 000 personnes qui sont aujourd’hui sans abris », explique Marc Bulteau, délégué du Secours Catholique, lui-même encore coincé aux Comores, mais qui a pu joindre ses collaborateurs qui sont à pied d’œuvre sur l’île.
A Mayotte, le Secours Catholique peut compter sur 80 bénévoles qui accompagnent environ 300 à 400 personnes. A ceux-ci s’ajoutent les quelques dizaines de secouristes et de pompiers qui viennent d’être dépêchés en urgence de la Réunion voisine, ou de la métropole : « On a, par rapport à un tel cataclysme, des effectifs totalement insuffisants en termes de sécurité publique.
« Le pont aérien est actuellement en mauvais état, seuls des avions militaires peuvent se poser. Et les bateaux vont mettre des jours et des jours avant d'arriver. Donc il faut vraiment compter sur l’engagement et la résilience de la population car, de toute façon, si on veut sauver des vies, ce n’est pas dans trois jours, mais c’est maintenant », explique Marc Bulteau joint par Vatican News.
Saura-t-on jamais combien ont péri dans la catastrophe ? Pour Marc Bulteau, « cela va être extrêmement compliqué pour au moins deux raisons : la première, c’est que les migrants sans papiers ne vont pas forcément se rapprocher des autorités pour faire part des enterrements auxquels ils ont assisté.
« La deuxième, c’est que comme nous sommes en terre d’Islam, pour beaucoup de gens, les personnes décédées doivent être enterrés dans les 24 heures. Donc, on compte beaucoup sur le bouche-à-oreille pour arriver à avoir un chiffre le moins éloigné de la réalité mais de toute façon cela va être très compliqué. »
Le cyclone s’est abattu sur une île marquée par une précarité difficile à imaginer, surtout quand on sait que c’est le 101e département français depuis 2011, sur la volonté exprimée par les Mahorais.
Comme le rappelle Le Monde, plus de 30 % de la population du département – 310 000 personnes, immigrés clandestins non compris – n’a pas accès à l’eau courante et plus de 50% de la population a moins de 17 ans. Mamoudzou, le chef-lieu du département, concentre tous les maux mahorais. Habitat insalubre, pauvreté, risques sanitaires, violence, surpopulation et immigration incontrôlée.
Le représentant du Secours catholique n’est pas très optimiste : « Nous allons mettre, je pense, une décennie à se remettre de cette affaire, car c’est quand même le plus grand cyclone depuis au minimum 1934. La production agricole a été mise à plat. Il n’y a plus rien ! C’est une véritable catastrophe. Cela ne pouvait pas être pire, le cyclone est passé juste au-dessus de Mayotte… »
En déplacement sur l’île au lendemain du passage de Chido, le ministre de l’Intérieur l’a assuré sur le réseau social X : « Ce qui attend la France à Mayotte est colossal : l’île est dévastée. Il faut déjà penser au jour d’après. On ne pourra pas reconstruire Mayotte sans traiter, avec la plus grande détermination, la question migratoire. Mayotte est le symbole de la dérive que les gouvernements ont laissé s’installer sur cette question », a déclaré Bruno Retailleau.
(Sources : Vatican News/Le Figaro/Le Monde – FSSPX.Actualités)
Illustration : Secours Catholique, Caritas France, Délégation de Mayotte