Medjugorje : la lune de miel entre la Gospa et la Camorra
Medjugorje, vue générale
Depuis plus de quarante ans, les événements de Medjugorje (Bosnie-Herzégovine) engendrent confusion et division au sein de l’Eglise. Mais ce qu’on sait moins, c’est que, dans le même temps, le sanctuaire marial est devenu la source de profits juteux, au point d’attirer le crime organisé.
S’il y a bien une chose qui ne fait aucun doute à Medjugorje, ce sont les profits financiers engendrés par le sanctuaire : on parle même, en Herzégovine, d’une « économie de la Gospa », terme faisant référence à la mystérieuse « Dame » dont les prétendues apparitions sont à l’origine d’une controverse théologique débutée un 24 juin 1981.
En 2018, c’est l’envoyé spécial du pape François à Medjugorje, Mgr Henryk Hoser – un prélat polonais décédé en 2021 – qui jetait un pavé dans la mare en déclarant : « D’une part, (à Medjugorje) nous rencontrons des milliers de jeunes qui usent du sacrement de pénitence, mais d’autre part, nous devons être conscients qu’en raison de l’afflux massif de pèlerins, ce lieu a été infiltré par les mafias, notamment celle des Napolitains qui opère ici de nombreux profits. »
Des propos qui n’ont pas manqué de soulever les protestations de nombreux catholiques de Naples, mais qui s’appuyaient sur un fait avéré sur lequel a pu enquêter la justice italienne : l’organisation de « pèlerinages » pour des membres de la Camorra, qui passaient, semble-t-il, plus de temps à prospecter pour acheter des terres, construire des hôtels, organiser la vente de produits contrefaits aux pèlerins, que de réciter le rosaire aux pieds de la Gospa…
Le flou – assez peu artistique – qui entoure les événements de Medjugorje, souvent entretenu au plus haut dans l’Eglise, a profité au sanctuaire : on estime qu’entre 1981 et 2013, vingt-huit millions de pèlerins se sont rendus sur place, chacun dépensant en moyenne quarante-trois euros autour du sanctuaire.
Les habitants – environ 4 000 – qui vivaient autrefois de la culture du tabac et de leurs troupeaux, exercent désormais une activité touristique plus lucrative : ainsi, les familles des prétendus « voyants » gèrent désormais chambres d’hôtes, restaurants et bars, et il y en a pour toutes les bourses. En tout, la capacité hôtelière atteindrait les 17 000 lits à Medjugorje…
La route qui mène au pied de la colline dite des « apparitions » ressemble davantage à un souk moyen-oriental, avec environ 200 magasins vendant de tout : objets religieux, mais aussi chaussures, sacs, sweat-shirts, parfums, presque tous contrefaits.
Mais l’Eglise locale n’est pas en reste : elle a su aussi profiter de cette manne, à hauteur de 290 millions d’euros, sans parler des subventions publiques.
Dans ce contexte – et compte tenu du fait que seuls 43% des recettes seraient fiscalement documentées – on comprend l’aubaine que représente Medjugorje pour le crime organisé. Cela pourrait aussi expliquer le peu de zèle de certains membres de la hiérarchie ecclésiastique à se prononcer définitivement sur des événements, dont les enquêtes sérieuses déjà menées ont toutes montré le manque de crédibilité.
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(Source : Il Post – FSSPX.Actualités)
Illustration : CJ, CC BY 2.0, via Wikimedia Commons