Message du pape pour la 91e Journée du Migrant et du Réfugié

Source: FSSPX Actualités

 

Le pape a lancé le 9 décembre un appel en faveur d’une "intégration authentique" des immigrés dans un message adressé aux catholiques du monde entier, à l’occasion de la 91e Journée du Migrant et du Réfugié, qui sera célébrée le 16 janvier prochain sur le thème de "l’intégration culturelle". Pour Jean Paul II, il est nécessaire de reconnaître "la légitime pluralité des cultures présentes dans un pays", mais "d’une façon compatible avec la protection de l’ordre dont dépendent la paix sociale et la liberté des citoyens".

 "Dans nos sociétés touchées par le phénomène global de la migration, il est nécessaire de chercher un juste équilibre entre le respect de sa propre identité et la reconnaissance de celle d’autrui", écrit Jean Paul II. A ses yeux, on doit "exclure aussi bien les modèles fondés sur l’assimilation, qui tendent à faire de celui qui est différent une copie de soi-même, que les modèles de marginalisation des immigrés, comportant des attitudes qui peuvent aller jusqu’aux choix de l’apartheid". Le pape précise alors que la voie à parcourir est celle de "l’intégration authentique dans une perspective ouverte, qui refuse de considérer uniquement les différences entre les immigrés et les populations locales".

Jean Paul II insiste sur un aspect : le migrant, dans son processus d’intégration, "doit s’engager à accomplir les pas nécessaires pour son insertion sociale, tels que l’apprentissage de la langue nationale et son adaptation aux lois et aux exigences du travail". "Ainsi, poursuit-il, se fait jour la nécessité d’un dialogue entre les hommes de cultures différentes, dans un contexte de pluralisme allant au-delà de la simple tolérance pour parvenir à la sympathie".

 "On devrait promouvoir une fécondation réciproque des cultures", ce qui suppose "la connaissance et l’ouverture des cultures entre elles, dans un contexte de compréhension et de bienveillance authentiques". Car, pour le pape, une simple juxtaposition des groupes de migrants et d’autochtones tend à la fermeture réciproque des cultures, ou bien à l’instauration entre celles-ci de simples relations d’apparence ou de tolérance.

 Le pape évoque finalement le rôle des chrétiens qui savent "reconnaître la présence dans les diverses cultures de précieux éléments religieux et humains", pouvant "offrir de solides perspectives d’entente réciproque". Pour Jean Paul II, les chrétiens doivent d’abord "écouter l’appel à l’aide provenant de nombreux migrants et réfugiés", pour ensuite "promouvoir, à travers un engagement actif, des perspectives d’espérance", prélude à une société plus ouverte et solidaire…

 Selon le pape, il est cependant nécessaire "de conjuguer le principe du respect des différences culturelles avec celui de la sauvegarde des valeurs communes inaliénables fondées sur les droits humains universels", car, conclut-il, c’est de là seul "que naît ce climat de justesse civique qui permet une coexistence amicale et sereine".

 Au cours de la présentation à la presse de ce message du pape, rapportée par l’Apic, le cardinal Stephen Fumio Hamao, président du Conseil pour la pastorale des migrants et des itinérants, a regretté les conditions "d’inégalité sociale" dans lesquelles vivent souvent les immigrés. "L’éducation à l’interculturel", qui est surtout "éducation et acceptation des diversités", est pour lui, "la solution au difficile problème d’harmonisation" de l’humanité. "Souvent, lorsque l’on parle d’interculture, on privilégie le discours sur les différences culturelles" et on oublie "les inégalités sociales qui caractérisent la vie des immigrés". Il est aussi nécessaire "d’œuvrer pour lever les obstacles à la parité sociale des immigrés valorisant les caractéristiques des personnes provenant de différents contextes culturels".

 Définissant les différents types d’immigrés - ceux apportant leur compétence au service de l’économie d’un pays d’accueil et ceux, persécutés ou menacés, qui y cherchent refuge -, le Père Michaël Blume, sous-secrétaire du Conseil pour la pastorale des migrants et des itinérants, a mis en garde contre deux écueils possibles de l’immigration. D’une part, l’intégration qui, prenant la forme de l’assimilation, ne fait pas bénéficier à la société d’accueil "de la contribution culturelle et humaine de l’immigré", et d’autre part, "le contraire de l’assimilation", manifesté par un repli identitaire des immigrés, qui peut conduire à une ghettoïsation de ces populations. "L’intégration n’est pas une voie à sens unique, elle ne relève pas seulement de la responsabilité de l’immigrant, mais aussi de la société d’accueil", a alors déclaré le Père Blume soulignant que l’intégration est aussi "un projet à long terme". Pour lui, "il y a vraie intégration, là où il y a interaction entre les immigrés et la population autochtone", pas seulement sur le plan économique mais aussi sur le plan culturel. Telles sont les conditions pour "un enrichissement réciproque et pour que la société se transforme en kaléidoscope, où chaque culture a sa place", a-t-il ajouté.

 Relevant de son côté que "l’un des défis les plus difficiles du troisième millénaire est celui d’apprendre à vivre unis dans la diversité et la multiplicité des cultures, des ethnies et des religions", Mgr Agostino Marchetto, secrétaire du Conseil pour la pastorale des migrants et des itinérants, a expliqué que "le respect et la reconnaissance des différentes identités culturelles ne devait pas être un obstacle, mais une condition essentielle à la construction d’une humanité unie dans la pluralité". Pour lui, "l’actuel phénomène migratoire, devenu prépondérant dans nos communautés, requiert non seulement d’être reconnu, mais nous demande aussi des engagements précis de discernement et d’éducation".

 Le monde compte 175 millions de migrants, a rappelé le Père Blume. Sur ces 175 millions, l’Europe en dénombre 56 millions, l’Asie 50 millions, l’Amérique du Nord 41 millions, l’Afrique 16 millions, l’Amérique du Sud, tout comme l’Océanie, 6 millions. Les principaux pays d’accueil sont les Etats-Unis (35 millions d’immigrés), la Russie (13 millions), l’Allemagne (7 millions), l’Inde, la France et le Canada (6 millions chacun), et l’Arabie Saoudite (5 millions).