Messe d’intronisation de Benoît XVI

Source: FSSPX Actualités

 

"L’Eglise est vivante, l’Eglise est jeune", a déclaré Benoît XVI au cours de la messe d’inauguration de son pontificat, le 24 avril, devant 350.000 fidèles. Au cours de son homélie, régulièrement interrompue par les applaudissements, le pape n’a pas souhaité "présenter un programme de gouvernement" mais évoquer plutôt les insignes de sa charge, le pallium et l’anneau du pêcheur. Il a longuement évoqué la figure de son prédécesseur, Jean-Paul II, invitant les jeunes à ne pas avoir peur et "à ouvrir tout grand les portes au Christ".

 "En ce moment, je n’ai pas besoin de présenter un programme de gouvernement", a déclaré le souverain pontife, souhaitant évoquer plutôt "certains aspects de ce que je considère comme de ma charge". "Mon véritable programme de gouvernement est de ne pas faire ma volonté", (…) "mais, avec toute l’Eglise, de me mettre à l’écoute de la parole et de la volonté du Seigneur, et de me laisser guider par lui, de manière que ce soit lui-même qui guide l’Eglise en cette heure de notre histoire", a-t-il souligné. 

Benoît XVI a alors exposé "les deux signes qui, sur le plan liturgique, représentent le début du ministère pétrinien": le pallium et l’anneau du pêcheur. "Le premier signe est le pallium", a-t-il souligné, le soulevant pour le désigner à la foule, "tissu en pure laine, qui est placé sur mes épaules". "Ce signe très ancien, que les évêques de Rome portent depuis la fin du IVe siècle, peut être considéré comme une image du joug du Christ, que l’Evêque de cette ville (…) prend sur ses épaules".

 "Connaître ce que Dieu veut, connaître quel est le chemin de la vie, (…) telle est notre joie", a-t-il continué expliquant que la volonté de Dieu n’aliène pas mais purifie. "En réalité, le symbolisme du pallium est encore plus concret: la laine d’agneau entend représenter la brebis perdue". "L’humanité  - nous tous - est la brebis perdue qui, dans le désert, ne trouve plus son chemin".

 "Combien de fois désirerions-nous que Dieu se montre plus fort! Qu’il frappe durement, qu’il terrasse le mal et qu’il crée un monde meilleur!", a déclaré le pape. "Toutes les idéologies du pouvoir se justifient ainsi, justifient la destruction de ce qui s’oppose au progrès et à la libération de l’humanité". "Le monde est racheté par la patience de Dieu et détruit par l’impatience des hommes", a-t-il encore lancé. Le souverain pontife s’est dit "prêt à souffrir", avant de déclarer : "priez pour moi, pour que j’apprenne toujours plus à aimer le Seigneur". "Priez pour moi, pour que j’apprenne à aimer toujours plus son troupeau, vous tous, la Sainte Eglise, chacun de vous personnellement et vous tous ensemble". "Priez pour moi, afin que je ne me dérobe pas, par peur, devant les loups", a-t-il enfin demandé.

 Puis il a évoqué le deuxième signe du commencement du ministère pétrinien, la remise de l’anneau du pêcheur. Rappelant l’épisode de l’Evangile au cours duquel Pierre est appelé à devenir pasteur et qui fait suite au récit d’une pêche abondante, Benoît XVI a rappelé combien aujourd’hui encore, "l’Eglise et les successeurs des apôtres sont invités à prendre le large sur l’océan de l’histoire et à jeter les filets, pour conquérir les hommes à Dieu, au Christ, à la vraie vie".

"Nous, les hommes, nous vivons aliénés, dans les eaux salées de la souffrance et de la mort, dans un océan d’obscurité, sans lumière", a-t-il alors souligné. "Le filet de l’Evangile nous tire hors des eaux de la mort et nous introduit dans la splendeur de la lumière de Dieu, dans la vraie vie". "Il faut tirer les hommes hors de l’océan salé de toutes les aliénations vers la terre de la vie, vers la lumière de Dieu", a-t-il alors continué. "Nous ne sommes pas le produit accidentel et dépourvu de sens de l’évolution", a-t-il encore expliqué, précisant que "chacun de nous est le fruit d’une pensée de Dieu" et que "chacun de nous est voulu, chacun est aimé, chacun est nécessaire".

 "Je voudrais encore souligner une chose: de l’image du pasteur et de celle du pêcheur émerge de manière très explicite l’appel à l’unité", a lancé Benoît XVI. "Hélas, (…) aujourd’hui le filet s’est déchiré, aurions-nous envie de dire avec tristesse!" en évoquant le difficile chemin œcuménique. Mais, le pape a demandé de "ne pas être tristes" et de faire "tout ce qui est possible pour parcourir la route vers l’unité". "Ne permets pas que ton filet se déchire et aide-nous à être des serviteurs de l’unité !", a-t-il encore affirmé en s’adressant au Seigneur.        

Benoît XVI s’est alors rappelé du "22 octobre 1978, quand le pape Jean-Paul II commença son ministère ici, sur la Place Saint-Pierre". "Les paroles qu’il prononça alors résonnent encore et continuellement à mes oreilles : ‘N’ayez pas peur, au contraire, ouvrez tout grand les portes au Christ’". "Le pape parlait aux forts, aux puissants du monde, qui avaient peur que le Christ les dépossède d’une part de leur pouvoir, s’ils l’avaient laissé entrer et s’ils avaient concédé la liberté à la foi". "Oui, a poursuivi Benoît XVI, il les aurait certainement dépossédés de quelque chose: de la domination de la corruption, du détournement du droit, de l’arbitraire", affirmant que le Seigneur "ne les aurait nullement dépossédés de ce qui appartient à la liberté de l’homme, à sa dignité, à l’édification d’une société juste".

Enfin, au terme de l’homélie, Benoît XVI s’est adressé particulièrement aux jeunes. "Je voudrais, avec une grande force et une grande conviction, à partir d’une longue expérience de vie personnelle, vous dire, à vous les jeunes : n’ayez pas peur du Christ !", leur a-t-il lancé. Il leur a précisé que le Christ "n’enlève rien" et "donne tout", affirmant que "celui qui se donne à lui reçoit le centuple" et concluant : "Oui, ouvrez, ouvrez tout grand les portes au Christ, et vous trouverez la vraie vie".