Mgr Lefebvre: la fondation de l'Institut Saint-Pie X pour les 10 ans de la Fraternité

A l’occasion des dix ans de la fondation de la Fraternité Sacerdotale Saint-Pie X, Mgr Marcel Lefebvre avait salué l’ouverture de l’Institut Universitaire Saint-Pie X comme un cadeau du Ciel.
Le 27 juin 1980, lors des ordinations sacerdotales à Ecône, à la veille de l’inauguration de l’Institut, Mgr Lefebvre disait voir dans cette œuvre nouvelle l’occasion providentielle de former une jeunesse capable de faire rayonner l’esprit de vérité. Il poursuivait en confiant son espoir de voir l’Eglise officielle réintégrer prochainement la Tradition avec tous ses droits et prérogatives.
L’Institut Universitaire Saint-Pie X fondé pour répandre la vérité
Voilà mes bien chers frères, ce qu’est la Fraternité : écoles, prieurés, paroisses en définitive, chapelles répandues dans le monde entier et demain, avec la grâce du Bon Dieu encore – car tout se fait d’une manière presque miraculeuse – ouverture de facultés universitaires à Paris.
A vrai dire, moi-même je suis le premier stupéfait, je n’en reviens pas. O certes, nous le rêvions ; nous souhaitions un jour pouvoir ouvrir, commencer une université par quelques facultés. Et aujourd’hui à Paris, demain peut-être à Rome, après-demain peut-être aux Etats-Unis, nous voudrions donner la vérité, communiquer la vérité aux esprits qui ne l’ont plus, qui l’ont perdue, aux esprits égarés par les fausses philosophies modernes. Que va devenir demain ce monde, s’il n’y a plus d’intelligences connaissant la vérité, connaissant la vraie philosophie, la vraie théologie, la vraie Ecriture sainte et par conséquent connaissant Notre Seigneur Jésus-Christ qui est la Vérité, la Vie, la Voie ?
Alors quelle joie pour nous de penser que ces jeunes gens, ces jeunes filles qui viendront s’instruire dans ces facultés seront des piliers de la vérité, seront des lumières de vérité partout où ils seront et dans des postes probablement importants qui leur permettront d’avoir un rayonnement autour d’eux afin de répandre la vérité. Nous remercions encore le Bon Dieu qui nous a envoyé lui-même les professeurs dont nous avions besoin. Ce sont les professeurs eux-mêmes qui se sont présentés à nous à Paris et qui nous ont dit : « C’est cette année, ou pour nous ce n’est plus possible. Ou vous nous employez cette année, ou nous prenons un autre emploi et par conséquent vous ne pourrez plus compter sur nous ».
Que faire ? De bons professeurs, des professeurs convaincus et qui ont dit : « Désormais, après toutes les expériences que nous avons faites, nous voulons enseigner sous l’autorité de la Fraternité Sacerdotale Saint-Pie X. Nous voulons qu’un de vos prêtres soit là pour nous diriger, pour nous conseiller, parce que nous sentons que là au moins se trouve l’Eglise, là se trouve la vérité. » Alors que faire ? Devant cette proposition, malgré les difficultés que tout cela peut représenter, nous avons décidé d’ouvrir ces facultés. C’est que le Bon Dieu le voulait. Une occasion unique, extraordinaire ! Voilà ce que le Bon Dieu nous a donné en quelque sorte comme cadeau pour notre dixième anniversaire. Remercions-le.
Espérer une reconnaissance officielle par souci des âmes désemparées
Voilà, mes bien chers frères, ce que le Bon Dieu nous a permis de faire à travers la Fraternité Sacerdotale Saint-Pie X. Et alors demain, qu’allons-nous devenir ? Eh bien, nous demeurerons toujours les mêmes. Nous n’avons pas à chercher notre route. Nous ne pouvons pas continuer autre chose que l’Eglise ; nous ne pouvons pas faire autre chose que prêcher Notre Seigneur Jésus-Christ, prêcher la vérité, enseigner la vérité. Alors demain ? Eh bien, si le Bon Dieu le veut – et je pense qu’il le veut et qu’il le voudra – il nous intégrera dans l’Eglise officielle, tels que nous sommes. Tels que nous sommes ! Il n’est pas question de changer, d’aller ni à droite, ni à gauche : nous voulons rester l’Eglise et nous voulons rester ce que nous avons toujours été depuis le début de la Fraternité parce que nous n’avons pas d’autre idée que de continuer l’Eglise.
Par conséquent, nous avons toujours pensé qu’un jour – quand le Bon Dieu le voudra, quand il le décidera – nous rentrerons dans l’Eglise officielle, puisqu’on nous a jeté hors de cette Eglise officielle, qui n’est pas l’Eglise réelle mais une Eglise officielle, infestée de modernisme. Aussi, nous avons cru au devoir de la désobéissance, si désobéissance il y a, pour obéir à l’Eglise de toujours, obéir à tous les papes, obéir à toute l’Eglise catholique. Nous avons cru de notre devoir de désobéir à ces cardinaux qui nous demandaient d’adopter en partie les erreurs modernistes, parce que nous n’avons pas voulu empoisonner nos esprits et nos cœurs par les erreurs qui ont été condamnées par notre saint patron, saint Pie X. Et nous demeurons fidèle au serment antimoderniste, serment que saint Pie X nous demande de prononcer. Nous demeurons fidèles à cela, et on nous recevra avec le serment dans les mains, ou alors nous resterons ce que nous sommes !
Et nous sommes persuadé – nous l’espérons, nous prions pour cela, mes bien chers frères – que peut-être les choses s’arrangeront bientôt. Cette chose paraît impossible : être reçus comme nous sommes, avec ce que nous faisons, avec ce que nous réalisons, avec notre foi ; cela paraît presque impossible… Eh bien, le Bon Dieu peut faire l’impossible ! Et nous avons plus d’espoir que jamais.
Nous sommes peut-être plus près que jamais de cette solution, de pouvoir être reconnus officiellement dans la sainte Eglise, comme Fraternité Sacerdotale Saint-Pie X et avec tout ce que nous sommes, tout ce que nous pensons, tout ce que nous croyons, tout ce que nous faisons.
Et par le fait même, tous ceux qui comme nous, ont défendu la même foi, le même Saint Sacrifice de la Messe, les mêmes sacrements, viendront avec nous, seront acceptés avec nous. Cela ne fait pas de doute. Alors nous devons prier aujourd’hui d’une manière toute particulière pour ce résultat, car vous pouvez imaginer le nombre que nous serions ici, si nous n’étions plus persécutés par certains membres de la sainte Eglise. Ce ne sont pas cinq ou six mille personnes, ce seraient vingt mille, cinquante mille personnes qui profiteraient alors des grâces que le Bon Dieu nous donne, que la sainte Eglise nous donne, alors que maintenant elles sont assoiffées, elles se perdent, elles perdent la foi, elles sont désemparées, abandonnées. Nous devons penser à toutes ces âmes et souhaiter, par conséquent, que cessent ces persécutions injustes dont nous sommes l’objet.
