Mgr Schneider apporte son soutien aux quatre cardinaux qui publient leurs dubia

Source: FSSPX Actualités

Le 23 novembre, Mgr Athanasius Schneider apportait son soutien aux quatre cardinaux qui avaient publié leurs dubia sur Amoris lætitia (voir DICI n°345 du 25/11/16), et il rappelait à cette occasion « la confusion doctrinale généralisée de la crise arienne au quatrième siècle ».

(…) Toute l’Eglise, de nos jours, doit réfléchir au fait que le Saint-Esprit n’a pas inspiré en vain à saint Paul d’évoquer, dans la Lettre aux Galates, l’incident de sa correction publique de Pierre. On doit avoir confiance en ce que le pape François puisse accepter cet appel public des quatre cardinaux dans l’esprit de l’apôtre Pierre, lorsque saint Paul lui offrit une correction fraternelle pour le bien de toute l’Eglise. Que les paroles de ce grand docteur de l’Eglise, saint Thomas d’Aquin, nous illuminent et nous réconfortent tous : « Lorsqu’il existe un danger pour la foi, les sujets sont tenus de réprouver leurs prélats, même publiquement, puisque Paul, qui était sujet de Pierre, l’a réprouvé publiquement, en raison du danger du scandale. Et Augustin commente : ‘Pierre lui-même a donné un exemple aux supérieurs en ne dédaignant pas d’être corrigé par ses sujets lorsqu’il leur est apparu qu’il s’était écarté du bon chemin’ » (Summa theol., I-II, 33, 4c). (…)

Ressemblance avec la crise arienne

Les réactions négatives à la déclaration publique des quatre cardinaux ressemblent à la confusion doctrinale généralisée de la crise arienne au quatrième siècle. Il est utile à tous de citer, dans cette situation de confusion doctrinale de notre temps, certaines affirmations de saint Hilaire de Poitiers, l’« Athanase de l’Occident ».

« Vous [les évêques de Gaule] qui demeurez avec moi fidèles au Christ, vous n’avez pas cédé lorsque vous avez été menacés par l’apparition de l’hérésie, et maintenant, en faisant face à cette apparition, vous avez brisé toute sa violence. Oui, mes frères, vous avez vaincu, à la joie abondante de ceux qui partagent notre foi : et votre constance sans faille a obtenu la double gloire de garder une conscience pure tout en donnant un exemple d’autorité. » (Hil. De Syn., 3). (…)

Devoir de garder le trésor sacré

Aujourd’hui, ces évêques et ces cardinaux qui demandent la clarté et essaient de remplir leur devoir de garder le trésor sacré et d’interpréter fidèlement la divine Révélation qui nous a été transmise par rapport aux sacrements de mariage et de l’Eucharistie, ces évêques ne sont plus exilés comme l’étaient les évêques Nicéens pendant la crise arienne. Contrairement à ce qui se passait à l’époque de la crise arienne, aujourd’hui, comme l’écrivait Rudolf Graber, l’évêque de Ratisbonne, en 1973, l’exil des évêques est remplacé par des stratégies d’étouffement et par des campagnes de diffamation. (cf. Athanasius und die Kirche unserer Zeit, Abensberg 1973, p. 23 – traduction française Athanase et l’Eglise de notre temps, 1973, DMM). (…)

Lorsqu’en 357, le pape Libère a signé l’une des dites formules de Sirmium, dans laquelle il a délibérément écarté l’expression dogmatiquement définie de « homo-ousios », et excommunié saint Athanase afin d’obtenir la paix et l’harmonie avec les évêques ariens et semi-ariens de l’Orient, des catholiques fidèles et un petit nombre d’évêques, spécialement saint Hilaire de Poitiers, ont été profondément choqués. Saint Hilaire a transmis la lettre écrite par le pape Libère aux évêques orientaux, annonçant l’acceptation de la formule de Sirmium et l’excommunication de saint Athanase. Dans sa profonde douleur et dans son désarroi, saint Hilaire a ajouté à sa lettre, comme avec désespérance, la phrase : « Anathema tibi a me dictum, prævaricator Liberi » (je te dis anathème, prévaricateur Liberius), cf. Denzinger-Schönmetzer, n° 141. Libère voulait la paix et l’harmonie à n’importe quel prix, même au prix de la vérité divine. Dans sa lettre aux évêques latins hétérodoxes, Ursace, Valence et Germinius, annonçant les décisions ci-dessus mentionnées, il écrivait qu’il préférait la paix et l’harmonie au martyre (cf. Denzinger-Schönmetzer, n° 142).

Quel contraste dramatique offre ce comportement du pape Libère par rapport à cette ferme affirmation de saint Hilaire de Poitiers : « Ne faisons pas la paix au prix de la vérité, en faisant des concessions en vue d’acquérir une réputation de tolérance. Nous faisons la paix en nous battant légitimement, selon les règles du Saint-Esprit. Il y a un danger à s’allier subrepticement avec l’incroyance sous le beau vocable de la paix. » (Hil. Ad Const., 2, 6, 2).