Mise en garde du pape aux évêques belges
Au terme de la visite ad limina des évêques belges, fin septembre, le pape a fait part de son inquiétude : "Les informations qui me parviennent concernant la situation de votre Eglise sont pour moi particulièrement préoccupantes. On ne peut cacher une réelle et sérieuse inquiétude devant la baisse régulière et importante de la pratique religieuse dans votre pays, qui affecte les célébrations dominicales mais aussi de nombreux sacrements, en particulier le baptême, la réconciliation et surtout le mariage".
Le pape sest dit également inquiet de "la diminution importante du nombre des prêtres et la crise persistante des vocations". Sil considère comme "un motif de satisfaction, la participation toujours plus active des fidèles laïcs à la mission de lEglise", il rappelle cependant "la différence essentielle entre le sacerdoce commun et le sacerdoce ministériel, et le caractère irremplaçable du ministère ordonné. De ce fait, pour éviter les éventuelles confusions, il est nécessaire que soient clairement exprimés les principes doctrinaux en cette matière".
Abordant ensuite la "sécularisation de grande ampleur" qui caractérise la société belge, Jean- Paul II regrette les récentes décisions législatives "inquiétantes dans des domaines qui touchent des dimensions fondamentales de la vie humaine et sociale, comme la naissance, le mariage et la famille, la maladie et la mort". "Il est important que les pasteurs fassent toujours entendre leur voix pour réaffirmer la vision chrétienne de lexistence et, dans cette circonstance, pour marquer leur désapprobation".
Pour le Saint-Père, "ces changements au niveau de la loi ne sont pas seulement le signe dadaptations ou dévolutions devant des mentalités ou des comportements nouveaux, mais ils affectent profondément la dimension éthique de la vie humaine et ils remettent en cause le rapport à la loi naturelle, la conception des droits humains et, plus profondément encore, la conception de lhomme et de sa nature". Dans une société qui perd ses repères traditionnels et qui favorise volontiers un relativisme généralisé au nom du pluralisme, "notre premier devoir est de faire connaître le Christ, son Evangile de paix et la lumière nouvelle quil apporte sur la destinée de lhomme".
Le pape a enfin encouragé les catholiques belges "à poursuivre activement le dialogue avec la société civile en ayant le souci de faire connaître explicitement les valeurs de la foi chrétienne et sa riche expérience de lhomme à travers lhistoire et les cultures, non pas pour imposer son propre modèle, mais par respect pour la vérité".
Jean-Paul II a encore prôné une meilleure formation théologique, spirituelle et morale des fidèles laïcs, mais aussi des futurs prêtres. "Un effort particulier simpose " quant aux "exigences objectives de lappel au ministère presbytéral, notamment en ce qui concerne le célibat pour les ordres sacrés réservés aux hommes", a-t-il précisé.
Le cardinal Godfried Danneels, archevêque de Malines-Bruxelles, président de la Conférence épiscopale belge, a donné dans son rapport le portrait dune Eglise en Belgique "avec ses ombres et ses lumières" : "Il ny a guère de domaine de la vie ecclésiale dans notre pays, où le positif et le négatif ne sentremêlent pas, presque inextricablement, et marquent le tissu de notre charge de pasteurs".