Monaco s’apprête à dépénaliser l’avortement
L’avortement devrait connaître une nouvelle avancée de taille sur le Rocher : le 5 août, un communiqué de presse faisait savoir que le gouvernement princier avait adressé au Conseil National un projet de loi visant à dépénaliser le meurtre de l’enfant à naître, sans pour autant le légaliser.
Dans la principauté de Monaco, l’interruption volontaire de grossesse (IVG) n’est autorisée depuis 2009 que dans certains cas précis, comme le risque pour la vie de la mère, une pathologie grave détectée chez l’enfant, ou des violences ayant entraîné la grossesse.
Un récent projet de loi, présenté par le gouvernement monégasque au Conseil national le 2 août 2019, entend faire évoluer le cadre législatif vers une dépénalisation de l’avortement : si le projet est entériné, les femmes qui avorteront jusqu’à la fin de la douzième semaine de grossesse ne tomberont plus sous le coup de la loi qui prévoit une peine d'emprisonnement de six mois à trois ans et une amende de 9.000 à 18.000 euros. Le crime cessant d’être puni, cette mesure ne peut qu’encourager à le commettre.
“Accompagner la détresse de la femme enceinte” (sic)
L’intention du législateur n’est pas pour l’instant de légaliser l’avortement de façon pure et simple : il reste interdit à tout praticien monégasque, sous peine de sanctions pouvant aller jusqu’à dix ans de prison. Néanmoins, le projet de loi entend assouplir la situation des professionnels de santé en leur donnant la possibilité d’orienter leurs patientes vers des médecins étrangers. Ceci afin de répondre « à la détresse de la femme enceinte ». Qu’en est-il de la détresse de l’innocent dont la vie sera bientôt abrégée par de soi-disant médecins ?
Le gouvernement monégasque a tenu, dans un communiqué officiel, à défendre son projet bancal, invoquant un compromis permettant de préserver « des valeurs aussi fondamentales que le droit à la vie de l’enfant à naître et les principes de la religion d’Etat ».
En effet, la constitution monégasque est l’une des rares à accorder à l’Eglise catholique, apostolique et romaine le statut de religion d’Etat : c’est probablement pour cette raison que les régressions morales issues de la révolution de mai 68 et des dernières décennies, ont tardé plus qu’ailleurs à entrer en vigueur.
Dans ce contexte, la légalisation de l’avortement apparaîtrait comme contraire à la loi fondamentale de la principauté, et n’aurait aucune chance d’être adoptée. Mais le statut de religion d’Etat est un verrou qui s’est fragilisé au fil du temps : avec un sécularisme croissant qui n’épargne pas le clergé lui-même, avec la fausse doctrine de la liberté religieuse et le primat de la conscience sur l’ordre naturel, les atteintes aux droits de Dieu sur sa créature se multiplient.
Il est par ailleurs bien évident que cette « avancée » est un premier pas vers la légalisation complète du meurtre de l’enfant à naître. Comme cela a été vu de nombreuses fois depuis 50 ans, l’Etat commence par dépénaliser – l’avortement en France, l’euthanasie aux Pays-Bas – avant de permettre totalement.
(Sources : Le Figaro/gouv.mc - FSSPX.Actualités - 7/08/2019)