Myanmar : plus de trois millions de personnes déplacées par le conflit

Le nombre de personnes déplacées au Myanmar a augmenté de façon spectaculaire depuis octobre de l’année dernière, lorsque la résistance armée menée par les Forces de défense populaires et plusieurs autres groupes ethniques – qui se sont soulevés contre le coup d’Etat militaire de février 2021 – s’est intensifiée dans le nord et l’ouest du pays.

Les combats se sont aggravés et les forces gouvernementales ont lancé des représailles massives, impliquant et créant d’immenses souffrances pour la population civile. Selon l’ONU, plus de 2,7 millions de personnes ont fui leurs foyers depuis que l’armée a pris le pouvoir et plus d’un tiers d’entre elles sont des enfants.

Les enfants déplacés sont confrontés à d’énormes obstacles dans l’accès à l’éducation et à une alimentation correcte, ce qui compromet leur avenir, prévient l’ONU, qui confirme que la moitié des personnes déplacées au Myanmar sont originaires des régions du nord-ouest de Chin, Magway et Sagaing.

Les Forces de défense populaires se sont emparées récemment de Myawaddy, la plus grande ville birmane frontalière de la Thaïlande, le 7 avril dernier, comptant 200 000 habitants. C’est un signe supplémentaire que l’offensive de la rébellion a pris une dimension nouvelle. Le premier ministre thaïlandais, Srettha Thavisin, l’a d’ailleurs reconnu : « Le régime actuel commence à perdre un peu de sa force. »

L’Etat Kayin, où se trouve Myawaddy, accueille déjà plus de 700 000 personnes déplacées par les combats. « Les personnes déplacées luttent pour survivre dans une crise humanitaire généralisée qui a laissé un total de 18,6 millions de personnes dans le pays dans le besoin. C’est un million de plus que l’année précédente.

« Parmi les personnes dans le besoin, on compte 6 millions d’enfants », précise le communiqué de l’ONU. A l’heure actuelle, près d’un tiers de la population totale du pays (54 millions) a besoin d’une aide humanitaire d’urgence.

L’armée birmane est engagée dans des combats acharnés contre des combattants de l’ethnie Karen – dont une partie est catholique – pour reprendre le contrôle de la ville de Myawaddy. Cette ville est considérée comme stratégique car elle est le principal centre commercial avec la Thaïlande.

Selon des estimations publiées par des organisations indépendantes, plus de 6 000 civils ont été tués au Myanmar depuis février 2021. Plus de 20 000 personnes sont détenues pour des raisons politiques, dont la dirigeante Aung San Suu Kyi, qui purge une peine de 27 ans pour corruption présumée.

La vague de chaleur qui frappe actuellement l’Asie du Sud-Est – les températures approchent 40 voire 45°C – aggrave la situation et spécialement celle des réfugiés. La junte birmane a d’ailleurs déplacé Aung San Suu Kyi du bâtiment vétuste construit pour elle dans une section spéciale de la prison de Naypyidaw, à une « résidence surveillée » en raison de la chaleur et de son âge (78 ans).