Ni schismatiques, ni excommuniés (7)

Le site FSSPX.Actualités reproduit un article de 1988 qui, devenu difficile à trouver, mérite une nouvelle présentation. Le texte reprend la constatation de la crise de l’Eglise et de sa gravité qui met les fidèles en demeure de choisir entre leur foi et l’obéissance aux nouvelles orientations ecclésiales.
[Dans la partie précédente, il a été montré qu’il existait une situation extraordinaire dans l’Eglise, et qu’elle engendrait des devoirs du même ordre pour les laïcs et pour le clergé, spécialement pour les évêques.]
Devoirs et pouvoirs de l’Episcopat
Si le comportement extraordinaire de la hiérarchie actuelle justifie, mieux, impose aux fidèles un comportement sortant pareillement de l’ordinaire, à plus forte raison l’exige-t-il des évêques, du fait des plus graves devoirs et des plus amples pouvoirs qui sont les leurs dans l’Eglise.
Du fait des plus graves devoirs
Les évêques, présents dans l’Eglise de par une institution divine 1 « ne sont pas des délégués ou des vicaires du Pape, mais proprement et véritablement des pasteurs des âmes 2 ».
Maîtres et gardiens, en vertu de leur degré hiérarchique, « de la foi et des mœurs 3 », les évêques sont responsables devant le Christ de leur mandat divin 4. Ce mandat est exécuté indubitablement avec et sous Pierre, mais Pierre n’a le pouvoir ni de l’annuler, ni de le modifier, ni de l’orienter vers d’autres fins : de même que l’Eglise est le Corps du Christ et non celui de Pierre, de même les évêques, tout subordonnés qu’ils soient à Pierre, sont les serviteurs du Christ et non de Pierre 5.
Papauté et Episcopat « sont étroitement solidaires » : ce sont « deux formes, l’une suprême… l’autre dépendante… d’un même pouvoir qui vient du Christ, qui est ordonné au salut éternel des âmes 6 ». Un évêque ne peut donc prétendre avoir accompli tout son devoir quand il s’est limité, comme un laïc, à résister dans la foi uniquement pour son propre compte.
Du fait des pouvoirs plus amples
Pour pourvoir au salut éternel des âmes, chaque évêque reçoit :
1) immédiatement de Dieu par l’intermédiaire du Souverain Pontife — ou immédiatement du Souverain Pontife mais par droit divin 7 — le pouvoir de juridiction « pour gouverner les fidèles en vue de l’obtention de la vie éternelle » et ce par le moyen du magistère sacré, du pouvoir législatif et du pouvoir judiciaire 8;
2) immédiatement de Dieu, au moment de la consécration épiscopale, le pouvoir d’ordre « pour sanctifier les âmes par l’offrande du Sacrifice de la Messe et par l’administration des sacrements », sacrements parmi lesquels sont proprement de l’évêque ceux de Confirmation et d’Ordre, ce dernier lui permettant de transmettre le Sacerdoce même dans sa plénitude (épiscopat).
A la différence du pouvoir de juridiction qui est révocable, le pouvoir d’ordre est indélébile. Pour cette raison, la consécration épiscopale par un évêque est valide même dans les cas où elle est rendue illicite par l’Autorité compétente 9.
- 1
Vatican I, Dz. 1828 ; Actes 20, 28.
- 2
Ludwig Ott, Grundriss der Dogmatik, éd. Herder, Fribourg, Allemagne ; Dictionnaire de Théologie catholique, t. V, col. 1703.
- 3
Cardinal Journet, L’Eglise du Verbe incarné, t. I, p. 506 ; cf. can. 336 de l’ancien Code de Droit canonique.
- 4
1 Pierre 5, 2.
- 5
Ludwig Ott, op. cit. ; Raoul Naz et divers auteurs, Traité de Droit canonique, éd. Letouzey et Ane, Paris.
- 6
Cardinal Journet, op. cit., t. I, p. 522.
- 7
Cette question est encore ouverte : voir Dictionnaire de Théologie catholique, sous Evêques, t. VIII, col. 1703.
- 8
Parente-Piolanti-Garofalo, Dizionario di teologia dommatica, éd. Studium, Rome, sous gerarchia.
- 9
Raoul Naz et divers auteurs, op. cit., p. 455.
(Source : Courrier de Rome/Sì sì no no – FSSPX.Actualités)
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