Nigéria : démission d’un évêque sur fond de lutte ethnique

Source: FSSPX Actualités

Mgr Peter Ebere Okpaleke (à gauche).

Nommé en 2012 par Benoît XVI à la tête du diocèse d’Ahiara, contesté par les laïcs et le clergé local en raison de son origine ethnique, Mgr Peter Ebere Okpaleke a présenté sa renonciation qui a été acceptée par le pape François le 19 février 2018.

C’est dans une lettre pastorale publiée le mercredi des cendres que le prélat a annoncé son prochain départ : « Dès l’annonce de ma nomination, il y a eu des réactions violentes et des résistances de la part d’un groupe de prêtres diocésains d’Ahiara, de laïcs et d’autres », écrivait-il.

Le nœud du problème ? L’origine ethnique de l’évêque. Bien qu’issu du peuple Ibo, majoritaire dans le sud-est du Nigeria, Mgr Okpaleke n’appartient pas à la tribu Mbaise dont le territoire tribal recoupe le diocèse d’Ahiara créé en 1987 et dont le premier évêque, mort en 2010, était issu.

« Celui qui vient d’être consacré n’est pas notre évêque », expliquait même en 2013 un prêtre au quotidien nigérian The Sun.

Après les efforts de la Congrégation pour l’évangélisation des peuples et de la Secrétairerie d’Etat, le pape François était intervenu lui-même, en des termes forts, pour tenter de débloquer la situation. En vain.

Résigné, Mgr Okpaleke conclut : « Je ne crois pas que mon apostolat dans un diocèse où certains prêtres et laïcs sont aussi mal disposés à mon égard, puisse être efficace ».

En attendant la nomination d’un nouveau pasteur pour le diocèse, un administrateur apostolique a été désigné en la personne de Mgr Lucius Iwejuru Ugorji, évêque d’Umuahia.

Un prélat de haut rang, le cardinal John Onaiyekan de l’archidiocèse d’Abuja, craint pour sa part que cette renonciation acceptée par Rome ne constitue un précédent dangereux : « ça ne s’arrêtera pas là », déplore-t-il dans les colonnes de Crux – ajoutant que le pape s’est ici « fait forcer la main ».