Nigéria : les évêques s’opposent à l’accord de Samoa

Source: FSSPX Actualités

L’agence Fides rapporte la ferme opposition des évêques du Nigéria à l’accord de Samoa, préparé le 15 novembre 2023 à Apia – capitale des Iles Samoa – entre les 27 Etats membres de l’Union européenne (UE) et les 79 pays membres de l’Organisation des Etats d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (OACPS). Le Nigéria a signé cet accord le 28 juin 2024.

ACI Afrique explique que cet accord est « un partenariat économique entre l’UE et les pays membres de l’OACPS. Il couvre six domaines principaux, à savoir : la démocratie et les droits de l’homme, la croissance économique durable, le changement climatique, le développement social humain, la paix et la sécurité, la migration et la mobilité ».

Ce nouvel accord, qui servira de cadre juridique général à leurs relations pour les 20 prochaines années, remplace les précédents (l’accord de Lomé de 1975 et l’accord de Cotonou de 2000). Selon l’agence Fides, les évêques ont qualifié cet accord « de menace pour la souveraineté et les valeurs du Nigéria ». L’ambassadeur du Nigéria à Bruxelles a signé l’accord le 28 juin.

Le rappel de la responsabilité du Nigéria

Par un communiqué en 25 points du 10 juillet, la Conférence des évêques catholiques du Nigéria (CBCN), décrivant ses membres comme « des sentinelles et des guides, profondément engagés dans la saine croissance morale, religieuse et culturelle de notre cher pays », cite Fides, demande au gouvernement nigérian « de proposer une modification de l'accord ou de s’en retirer ».

Selon la CBCN, « l’accord semble inoffensif et attrayant en surface, mais il est soigneusement mélangé à des idéologies laïques post-modernes qui sapent considérablement les convictions morales, culturelles et religieuses des citoyens nigérians », accuse la déclaration selon ACI Afrique.

Ils ajoutent : « Nous craignons que nos autorités civiles ne soient pas pleinement conscientes des implications du langage nuancé du document, qui menace notre souveraineté et nos valeurs nationales », poursuivent les évêques.

La signature de l’accord de Samoa, selon les évêques, « fait renoncer le Nigéria à sa position d’opposant persistant à un langage contesté lors des négociations dans plusieurs forums internationaux », cite encore ACI Afrique.

« La majeure partie de l'Afrique a toujours compté sur le leadership du Nigéria pour contester les valeurs anti-vie, anti-famille, anti-culture et anti-africaines aux Nations Unies », expliquent-ils, et ils rappellent que « la décision de ne pas signer l'Accord de Samoa en novembre 2023 était cohérente avec l’objection persistante du Nigéria à ces questions », continue le même média.

Une vigoureuse mise en garde contre l’idéologie du genre et « les droits reproductifs »

« L'accord de Samoa contient 61 références à l'égalité des sexes, aux perspectives de genre et à l’intégration de la dimension de genre », poursuivent les évêques. « La plus importante est l’article 2.5 : les parties doivent systématiquement promouvoir une perspective de genre et veiller à ce que l’égalité des sexes soit intégrée dans toutes les politiques », cite Fides.

Selon le CBCN, « le terme de genre n'est plus un terme innocent. Il y a plus de 110 genres qui revendiquent une place dans le terme “égalité des genres” » rappellent-ils, ajoutant que l'accord engage également le Nigéria à veiller à ce que la perspective de genre soit systématiquement intégrée dans toutes les politiques et tous les programmes, selon ACI Afrique.

Le Nigéria devra également soutenir un accès universel pour promouvoir la santé et les droits sexuels et reproductifs (SRHR). « Cela signifie l’accès de tous, y compris des enfants. C’est l'objectif constant de l’éducation sexuelle sans valeur dans les écoles (…) qui a permis d’augmenter la demande de produits SRHR chez les enfants et les jeunes », notent les évêques, selon le même média.

C’est pourquoi les évêques proposent au gouvernement l’insertion d’un article dans l’accord général et le protocole régional africain libellé comme suit : « Rien dans cet accord contraignant ne peut être interprété comme incluant des obligations concernant l’orientation sexuelle, l’identité de genre, l’éducation sexuelle complète, l’avortement, la contraception, la légalisation de la prostitution, le mariage entre personnes de même sexe ou les “droits” sexuels des enfants. »

S'il est accepté, cet amendement contribuera grandement à empêcher que les droits sexuels et reproductifs ne deviennent internationaux par le biais d’un accord de partenariat économique.

Les évêques concluent que « le Nigéria devrait se retirer de l’accord de Samoa si l’UE rejette l’amendement proposé. Un précédent a déjà été créé par l’Afrique du Sud, qui s’est retirée de l’Accord de Cotonou en 2023. »