Nigéria : nouvelle tuerie dans un village chrétien

Source: FSSPX Actualités

Des fidèles devant les tombes de 73 personnes tuées par les Fulani en janvier 2018

Les jours se suivent et malheureusement se ressemblent au Nigéria. Au moins 11 personnes, la plupart catholiques, ont été tuées dans la nuit du jeudi 19 janvier par des bergers Fulani qui ont attaqué un village autour du camp de personnes déplacées d’Abagena, dans le diocèse de Makurdi au Nigeria (sud-est du pays), a déclaré un prêtre catholique dans une interview à ACI Afrique.

Dans un entretien du vendredi 20 janvier avec ACI Afrique, le vicaire général de la pastorale du diocèse de Makurdi a raconté les persécutions “horribles” dont les catholiques ont été l’objet pendant l’attaque.

« Les images de l’attaque sont horribles, et je ne cesse de dire que même l’ISIS – Islamic State of Iraq and Syria – n’est pas capable d’une telle brutalité », a déclaré le père Moses Aondover Iorapuu à ACI Afrique, et il a expliqué : « Après avoir tué, ces gens-là ont décapité certaines victimes et ont emporté les têtes comme preuve pour celui qui est le commanditaire. »

« Les attaques ont eu lieu hier, jeudi 19 janvier, autour du camp de déplacés d’Abagena vers 21 heures », a déclaré le père Aondover, ajoutant que « ce village se trouve à 4 km de Makurdi, la capitale de l’Etat de Benue ».

Le prêtre poursuit : « ce soir-là, 11 personnes ont été tuées, dont des femmes et des enfants, et bien d’autres se trouvent dans un état critique à l’hôpital ».

« Presque toutes les victimes » de l’attaque du 19 janvier étaient des catholiques, a-t-il encore précisé, avant d’ajouter : « Les assaillants, selon les survivants, étaient des Peuls, qui occupaient certains des villages qu’ils avaient abandonnés lors de précédents raids. »

Le père Aondover a déploré la réponse tardive des agents de sécurité : « La réponse de la police et de l’armée a été fidèle à elle-même : arrivée tardive sur les lieux, et les attaquants restent non identifiés. »

Le Nigeria connaît l’insécurité depuis 2009, date à laquelle l’insurrection de Boko Haram a débuté dans le but de transformer le pays en un État islamique. Depuis lors, ce groupe, l’un des plus grands groupes islamistes d’Afrique, orchestre des attaques terroristes aveugles contre diverses cibles, notamment des groupes religieux et politiques ainsi que des civils.

La situation d’insécurité dans ce pays d’Afrique de l’Ouest a été compliquée par l’implication des bergers Fulani, majoritairement musulmans, également appelés milices Fulani, qui se heurtent fréquemment aux agriculteurs chrétiens pour des questions de pâturages.

Le P. Aondover a enfin conclu : « Nous nous sentons terriblement frustrés et abandonnés par notre gouvernement et la communauté internationale. » Il a terminé par une question : « Nous avons des camps de déplacés depuis 2001. Comment faut-il que nous racontions notre histoire avant d’obtenir la protection et l’aide nécessaires ? », a-t-il demandé.