Nigéria : Vers un « nettoyage ethnique et religieux »

Source: FSSPX Actualités

Le 6 janvier, une attaque contre des chrétiens a fait 17 morts dans l'Etat d'Adamawa (nord-est). Des hommes armés ont ouvert le feu sur un rassemblement de fidèles en deuil. Les victimes étaient réunies dans la maison d'une des cinq personnes assassinées au cours d'une attaque similaire la veille au soir. Le même jour, 11 personnes ont été tuées par balles dans un temple protestant, à Gombe, au nord du Nigéria. « Il était environ 19h30 (...) quand quelques hommes armés ont fait irruption et ont ouvert le feu sur l´assemblée des fidèles », a expliqué le pasteur John Jauro à l´AFP.

Cette série de meurtres intervient après l'expiration, le 4 janvier, d'un ultimatum fixé par un porte-parole de la secte islamiste Boko Haram aux chrétiens, afin de les contraindre à quitter le nord du pays majoritairement musulman. Boko Haram, qui veut l'application stricte de la loi islamique – la charia – dans tout le pays, et dont l'une des branches est soupçonnée d'être en lien avec Al-Qaïda, a déclaré être l’auteur de ces nombreux assassinats. Cette secte avait également revendiqué l'attentat suicide d'août 2011 contre le siège de l'ONU dans la capitale Abuja qui avait fait alors 25 morts.

Ces opérations de destruction semblent avoir pris une nouvelle ampleur avec une vague d'attentats à Noël dernier (49 morts), visant l´église Sainte-Thérèse à Madalla, près d´Abuja, ainsi qu’une église à Jos, dans le centre du pays. Le 26 décembre 2011, lors de la prière de l’angélus, Benoît XVI a dénoncé un « geste absurde » et assuré qu´il n´oubliait pas tous les chrétiens persécutés à travers le monde. Le 31 décembre, les évêques catholiques ont demandé au chef de l’Etat nigérian, Goodluck Jonathan, l´aide d´experts étrangers pour assister les forces de sécurité dans la lutte contre Boko Haram. Des responsables laïcs ont condamné, le 7 janvier, les violences perpétrées contre leurs communautés, les qualifiant de « nettoyage ethnique et religieux ».

Le schéma de ces tueries « nous fait effectivement penser à un nettoyage ethnique et religieux systématique », a déclaré Ayo Oritsejafor, président de l´Association chrétienne du Nigeria (CAN). Réunis en urgence, les représentants religieux catholiques et protestants ont décidé de définir les moyens nécessaires pour « se défendre face à ces tueries insensées ». Nous avons « le droit légitime de nous défendre, quoiqu´il en coûte », a averti Ayo Oritsejafor, avant d'ajouter que les événements actuels rappellent les débuts de la guerre civile au Nigeria qui avait touché le pays à la fin des années 60 faisant près d’un million de victimes. Le chef de l’Etat, Goodluck Jonathan, a décrété l´état d´urgence dans les zones du nord et du centre le 31 décembre et annoncé la fermeture des frontières dans les régions les plus touchées par les violences.

(Sources : apic/ats/theguardian/cnn/afp/leparisien – DICI n°248 du 13/01/12)