Notre-Dame de Paris : découvertes archéologiques en marge du chantier
Un élément du jubé
Le bilan de la campagne exceptionnelle de fouilles menée dans le chœur de Notre-Dame de Paris a été révélé le Jeudi saint, 14 avril, par les archéologues de l’Institut national de recherches archéologiques préventives.
La campagne, menée du 2 février au 8 avril 2022, a livré d’importantes données sur la construction et l’évolution de la cathédrale, des sépultures et de très nombreux éléments du jubé médiéval.
Le jubé perdu de Notre-Dame de Paris
Construite vers 1230, la clôture monumentale qui séparait le chœur de la nef, est détruite au début du XVIIIe siècle. Sous le règne de Louis XIV, la section de jubé séparant le transept et le chœur est démolie. Seules subsistent les sections du jubé le long des parois latérales du chœur, au nord (daté du XIIIe siècle) et au sud (daté du XIVe siècle), dénommée aujourd’hui « clôture du chœur ».
De ce mur décoré et sculpté ne subsistent que quelques éléments mis au jour lors des travaux de Viollet-le-Duc (conservés au Louvre) et quelques blocs dans les réserves lapidaires de la cathédrale. Grâce à la fouille, plusieurs centaines d’éléments lapidaires allant de plusieurs centaines de grammes à près de 400 kg ont été retrouvés, enfouis dans la zone est du transept.
Ils se présentent sous la forme de fragments sculptés et polychromes, de personnages et d’éléments architecturaux religieux. Une première analyse stylistique des décors végétaux, de la façon de représenter les visages, les cheveux, les drapés… permet d’envisager une datation au XIIIe siècle.
Contrairement à ceux conservés au Louvre, ces fragments frappent par leur polychromie, les couleurs se superposant parfois avec des rajouts, des réparations et l’application de feuilles d’or. Leur disposition intéresse les archéologues car s’ils ont sans doute été laissés dans la cathédrale pour des raisons pratiques, ils y ont néanmoins été « inhumés » avec soin.
L’intégralité du jubé n’a toutefois pas pu être extraite. Les archéologues savent d’ores et déjà que certains fragments reposent juste un peu plus loin, dans le chœur. Mais cette partie contiguë du terrain, sur laquelle trône déjà un énorme échafaudage, sortait de leur saisine.
« Pourra-t-on aller voir plus tard, quand il sera démonté ? Je l’espère, confesse un chercheur. Car une fois que le public sera de retour, plus aucun archéologue ne pourra y mettre les pieds. »
Les sépultures
Les inhumations dans les églises et cathédrales se pratiquent pendant toute la période médiévale et moderne. Lors des travaux de Viollet-le-Duc, les cercueils de plomb découverts dans la nef et dans le chœur appartenaient majoritairement à des archevêques. Quelques 400 personnes reposent à Notre-Dame.
Lors de la fouille, les archéologues ont identifié et exhumé plusieurs sépultures. Elles sont organisées et ne se recoupent pas, ce qui est rare dans un espace aussi prisé. Leur datation est pour l’instant estimée entre le XIVe et le XVIIIe siècle. Au moins quatre tombes en pleine terre ont été identifiées.
Un sarcophage anthropomorphe en plomb a été également mis au jour dans la partie ouest de l’emprise. Il est en bon état de conservation. Sa datation et son identification restent à mener.
La fouille a également livré du mobilier céramique très uniformément daté du XIVe siècle, ainsi que du mobilier antique qui témoigne des percements de couches archéologiques plus anciennes par les calorifères (céramique sigillée et marbre).
La fouille qui vient de s’achever laisse place à une longue période d’analyse et d’étude du mobilier, des vestiges organiques, de l’ADN, des matériaux, de la stylistique, de la polychromie, du répertoire iconographique…
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(Sources : Inrap.fr/Le Figaro/Le Monde – FSSPX.Actualités)
Illustration : © Denis Gliksman, Inrap