Notre-Dame de Paris, l’année d’après

Source: FSSPX Actualités

Alors qu’une année vient de s’écouler depuis l’incendie ayant ravagé Notre-Dame de Paris, dans la nuit du 15 au 16 avril 2019, l'avenir de la cathédrale s’écrit encore en pointillés : des promesses du chef de l’Etat, à la paralysie des travaux entraînée par l’épidémie de coronavirus, en passant par le débat sur les projets de reconstruction. 

« Nostre-Dame, c’est aussi une espèce d’adverbe d’admiration », soulignait, en 1694, l’illustre Dictionnaire de l’Académie française : preuve que la cathédrale emblématique de Paris est devenue, au fil des siècles, une allégorie du destin français. 

Aussi, lorsque dans la soirée du 15 avril 2019, les caméras du monde entier se sont braquées vers l’imposante charpente métamorphosée en un ardent brasier, c’est une part notable de la France que chacun a cru voir partir en fumée. 

Un an après, alors que la pandémie causée par le coronavirus confine près de la moitié de l’humanité, l’avenir de la cathédrale est plus que jamais en suspens.  

Du côté de l’enquête, le parquet met en avant la thèse de l’accident : « nous n’excluons jamais rien dans une enquête, mais ce que l’on peut dire, c’est qu’il n’y a pas d’élément nouveau aujourd’hui qui accréditerait une hypothèse criminelle », déclarait le procureur Rémy Heitz le 11 février 2020. 

Du côté de la reconstruction - estimée à une durée de cinq ans par le chef de l’Etat - le débat peut se résumer au clivage entre les partisans d’une reconstruction à l’identique, et ceux qui, au nom de la modernité, proposent une « relecture » qui se voudrait artistique, du toit et de la flèche. 

Cette opposition est incarnée par des hommes. A la mi-octobre 2019, Philippe Villeneuve, ancien architecte en chef des monuments historiques, désormais chargé de la restauration de la cathédrale, affirmait sur RTL : « le futur, c’est soit je restaure à l’identique, et ce sera moi, soit on fait une flèche contemporaine, et ce sera un autre. »  

Une prise de position peu goûtée par le général Jean-Louis Georgelin, désigné par le palais de l’Elysée afin de superviser les différents aspects de l’imposant projet de reconstruction. Celui-ci répondait à Philippe Villeneuve un mois plus tard, en souhaitant « qu’il ferme sa gueule (sic) et que nous avancions en sagesse pour que nous puissions sereinement faire le meilleur choix ». 

Ce choix sera-t-il éclairé ? Peu avant le confinement général du pays, en février 2020, un membre de la délégation de la commission diocésaine participant au projet de restauration de l’édifice, a cru devoir déclarer, béat, après avoir visité le chantier : « C’était un vendredi, il faisait un temps superbe, la lumière passait entre les travées. C’était à vous donner envie d’installer une voûte en verre. » Avec une telle déclaration, rapportée par le journal La Croix, il y a de quoi s’inquiéter. 

Figée tel un vaisseau de pierre, la cathédrale se rit du théâtre qui se joue à ses pieds, car elle a encore du temps devant elle, si l’on en croit les vers du poète : 

« Notre-Dame est bien vieille : on la verra peut-être 

Enterrer cependant Paris qu’elle a vu naître ; 

Mais, dans quelque mille ans, le Temps fera broncher 

Comme un loup fait un bœuf, cette carcasse lourde, 

Tordra ses nerfs de fer, et puis d’une dent sourde 

Rongera tristement ses vieux os de rocher ! » 

Gérard de Nerval : Notre-Dame de Paris, Odelettes, 1853.