Notre-Dame de Paris ou la couleur retrouvée

Source: FSSPX Actualités

La question de la décoration des murs de Notre-Dame de Paris au Moyen Age rebondit une nouvelle fois, depuis la toute récente découverte d’anciennes polychromies, à l’intérieur de la cathédrale emblématique de la capitale.

« On sait que la cathédrale était peinte extérieurement comme toute cathédrale gothique, mais Viollet-le-Duc estimait qu’elle avait été aussi faite pour être peinte à l’intérieur. Peut-être tenons-nous la preuve de ce qu’il avançait », explique à La Croix, Jonathan Truillet, le 21 décembre 2020.

Le conservateur en chef du patrimoine revient sur la découverte de traces de polychromies anciennes, découvertes lors du nettoyage de la pierre, juste avant l’entrée de la chapelle Notre-Dame-de-Guadalupe, située sur le bas-côté Nord de l’édifice : « on retrouve des bleus, des rouges, des ocres. (…) Des fleurs de lys avec un peu de dorure et d’autres dont la trace est conservée en négatif », précise Jonathan Truillet.

Viollet-le-Duc (1814-1879) avait évoqué la présence de nombreuses traces de polychromie médiévale sur la façade extérieure de Notre-Dame de Paris : dans son Dictionnaire raisonné, il les présente comme une mise en couleur partielle. Mais l’architecte n’avait jamais parlé d’une possible décoration intérieure.

Cependant, qu’on n’aille pas s’imaginer des décors très chargés, à l’image de ceux réalisés par Viollet-le-Duc lors de la restauration de Notre-Dame, au XIXe siècle : « la polychromie médiévale cherche plutôt à mettre en valeur la maçonnerie en accentuant sa régularité tant formelle que chromatique. D’autre part, la polychromie représente une couche de protection pour la pierre », explique Anne Vuillemard-Jenn.

Pour l’historienne de l’art, les couleurs choisies dépendant de celles de la pierre utilisée : « à Chartres, on pose un ocre jaune sur un calcaire clair. A Strasbourg, un ocre rouge sur du grès rouge », explique-t-elle.

De plus, si dans les grandes nefs la polychromie se fait plus discrète, soulignant surtout les lignes architecturales et l’effet de verticalité, « les décors avec de nombreux ornements se limitent généralement à des espaces restreints, comme des chapelles rayonnantes », précise Anne Vuillemard-Jenn.

En fin de compte, à la faveur du chantier de restauration entrepris après le désastreux incendie du 15 avril 2019, il devrait être possible de mieux comprendre la décoration intérieure des édifices religieux, au grand siècle des cathédrales : « la plupart du temps, c’est lors de chantier de restauration que l’on découvre les polychromies », confirme l’historienne. Tant il est vrai que, parfois, le diable porte pierre.