Nouveau doyen : le Sacré-Collège devra attendre

Source: FSSPX Actualités

Cardinal Giovanni Battista Re, actuel doyen du collège cardinalice

La fonction de cardinal-doyen du Sacré-Collège était vacante depuis fin janvier 2025. Plutôt que de lui trouver un successeur en réunissant le groupe très fermé des cardinaux-évêques afin de procéder à une élection importante dans la perspective du prochain conclave, le souverain pontife a préféré prolonger le mandat du doyen sortant. Une façon de montrer que le locataire de Sainte-Marthe entend garder la main sur tout ce qui pourrait toucher à sa succession et son héritage.

Oltretevere, on sait qu’il ne faut pas trop se fier au calme feutré des palais apostoliques. Surtout en ce début de mois de février 2025, au moment où le Sacré-Collège attendait – en vain depuis le 7 février 2025 – que le souverain pontife donnât le signal de l’élection du nouveau cardinal-doyen, un poste-clef dans le futur interrègne et la préparation du conclave.

Le doyen du Sacré-Collège – qui fait du cardinal élu par ses pairs un primum inter pares – n’exerce pas une fonction purement symbolique. Lorsqu’un pontificat s’achève, c’est à lui que revient la tâche de présider les funérailles du pape défunt, de convoquer les cardinaux en vue du prochain conclave et de diriger les fameuses congrégations décisives pour que les électeurs puissent faire leur choix.

Si le cardinal-doyen est âgé de moins de quatre-vingts ans, c’est lui qui présidera le vote dans la chapelle Sixtine et qui demandera à l’élu choisi par les cardinaux électeurs s’il accepte de recevoir la charge du souverain pontificat. Autant dire que le doyen est le personnage placé sous les feux des projecteurs durant la vacance du Siège apostolique.

Jusqu’au 19 janvier 2025, jour où son mandat a expiré, la fonction de doyen était occupée par le cardinal Giovanni-Battista Re : il restait à lui trouver un successeur. Cette mission incombe au cercle très fermé des “cardinaux-évêques” une appellation honorifique – les cardinaux, sauf exception, sont tous évêques – qui regroupe les hauts prélats à la tête d’un diocèse de la périphérie romaine dit “suburbicaire” ainsi que quelques autres cardinaux que le pontife romain a décidé d’agréger.

Treize hauts prélats font partie de ce groupe et sont potentiellement électeurs du doyen du Sacré-Collège dont le mandat a été fixé à cinq ans par la Constitution apostolique Praedicate Evangelium du 19 mars 2022 : il s’agit des cardinaux Fernando Filoni, Pietro Parolin, Luis Antonio Tagle, Francis Arinze, Tarcisio Bertone, Marc Ouellet, Leonardo Sandro, Giovanni Battista Re, Jose Saraiva Martins, Beniamino Stella, Robert Francis Prevost, Louis-Raphaël Sako et Boutros Béchard Raï.

Des noms émergeaient de cette liste : le cardinal Pietro Parolin, secrétaire d’Etat du Saint-Siège. Souvent devant les caméras en raison de ses fonctions diplomatiques, il a l’avantage d’être connu de la plupart des chefs d’Etat de la planète. Ses interventions au synode où il a refroidi les ardeurs des plus progressistes ont également été remarquées : si ses confrères l’élisaient au poste de doyen, le secrétaire d’Etat verrait son poids renforcé dans le Sacré-Collège lors d’un prochain conclave.

Deux autres noms circulaient : ceux des cardinaux Leonardo Sandri et Fernando Filoni. Tous deux pouvaient bien compter sur le soutien des cardinaux Raï et Sako, mais n’avaient pas forcément la faveur du souverain pontife qui, s’il ne participe pas formellement au vote, a un avis décisif dans cette discrète élection.

L’hôte de Sainte-Marthe n’a pas voulu trancher dans l’immédiat et donner ce qui aurait pu être interprété comme un signal fort pour le futur de l’Eglise dans la perspective d’un prochain conclave : déjouant les prédictions de plus d’un vaticaniste, le pape François a finalement décidé de prolonger sans indication de temps le mandat du cardinal Giovanni Battista Re.

Ce dernier – qui vient de souffler ses 91 bougies ! – avait pourtant fait « fuiter » dans la presse son désir de ne pas « rempiler » au poste de doyen… Mais le pontife argentin semble en avoir décidé autrement.