Nouvelle contestation contre le Chemin synodal en Allemagne

Source: FSSPX Actualités

Le journaliste Bernhard Meuser, responsable de l’ACA

L’Arbeitskreis Christian Anthropologie – Groupe de travail sur l’anthropologie chrétienne – une association d’anthropologues, de philosophes, de théologiens et de journalistes catholiques allemands, a publié un manifeste face à la dérive de l’Assemblée synodale de l’Eglise d’Allemagne.

La contestation fait tache d’huile en Allemagne contre le Chemin synodal qui a tenu sa 2e Assemblée générale du 30 septembre au 2 octobre. Après le site alternatif, créé par Mgr Voderholzer et soutenu par le cardinal Kasper, un nouveau site de critiques a fait son apparition sur la toile.

Le groupe de travail pour l’anthropologie chrétienne (ACA) est une initiative libre, non soumise à une institution publique ou religieuse, dans laquelle les chrétiens qui aiment l’anthropologie, l’éthique, la philosophie, la théologie et le journalisme ouvrent un lieu de débat.

Le site web du groupe se présente ainsi :

« Le débat sur les nouvelles voies de l’Eglise en Allemagne bat son plein : pourquoi si peu de gens sont autorisés à s’exprimer ? Pourquoi les prêtres ne peuvent-ils pas se marier et les femmes devenir prêtres ? Qui sera béni, qui ne le sera pas et pourquoi ? Le sexe a-t-il encore quelque chose à voir avec le mariage ? Avec tout cela, où est Dieu et ma foi personnelle ? Des questions nécessaires !

« Nous le demandons, ensemble avec vous ! Nous aimons l’Eglise et nous voulons la développer. Le processus de réforme a besoin d’un nouveau départ et de nouveaux points de vue ! Voulez-vous en savoir plus sur les débats passionnés du Chemin synodal ? Voulez-vous connaître des points de vue théologiques et philosophiques alternatifs ? »

Un manifeste en forme de brûlot

L’ACA a publié un manifeste qui met en garde contre la très grave dérive de l’Assemblée synodale allemande et propose des thèses pour une véritable réforme. Le préambule explique :

« En tant que catholiques, nous sommes convaincus de la nécessité de réformes fondamentales de l’Eglise. Cependant, il n’y a jamais eu de renouveau véritable et profond sans conversion et changement de vie par la redécouverte de l’évangile. C’est pourquoi le Chemin synodal manque la cible et s’éloigne considérablement de l’objectif d’une véritable réforme.

« En se focalisant sur la structure extérieure, elle passe à côté du cœur de la crise ; elle viole la paix dans les communautés, abandonne le chemin de l’unité avec l’Eglise universelle, porte atteinte à la substance même de la foi de l’Église et équivaut à un schisme. » Voilà qui est clair.

L’ACA propose neuf thèses alternatives

La légitimité du Chemin synodal qu’il remet totalement en question, sur un plan canonique – ce n’est pas un véritable synode – et sur le plan de la représentativité qui a été biaisée par l’intrusion massive du Comité central des catholiques allemands (ZdK) visé sans être nommé. Il parle même de « redistribution “laïque” du pouvoir » qui implique une « sécularisation interne de l’Eglise ».

La manière même d’aborder cette réforme, qu’il estime nécessaire, qui fait fi de l’aspect intérieur, qui doit toujours être premier.

Le lien avec l’Eglise universelle et avec le Pape est dangereusement relativisé. Il suffit de se rappeler de l’opposition au document de la Congrégation pour le Clergé sur l’organisation des paroisses, la bénédiction des unions homosexuelles et son insistance à demander l’ordination des femmes.

Le fait que la gestion des cas d’abus sexuels par la hiérarchie a servi de prétexte pour initier une réforme des structures de pouvoir de l’Eglise. Le Groupe affirme ne pas vouloir « une église de fonctionnaires, d’appareils hypertrophiés et de commérages installés en permanence », même s’il concède la nécessité d’une plus grande place pour les femmes et les laïcs en général.

Quant à la place des femmes, le Manifeste se croit obligé d’affirmer que « les femmes ne doivent pas être des citoyens de seconde classe dans l’Eglise ». Mais il souligne le mépris du Chemin synodal pour la déclaration Ordinatio sacerdotalis affirmant que « l’Eglise n’a aucune autorité pour ordonner des femmes et que tous les fidèles doivent définitivement se conformer à cette décision ».

Devant la multiplication d’unions sexuelles opposées à la foi de l’Eglise – divorcés et remariés, concubinage, relations prémaritales – les auteurs affirment que l’Assemblée synodale cherche à conformer la doctrine de l’Eglise à la tendance actuelle du monde.

L’ACA note que l’Assemblée synodale « élargit la perspective de la miséricorde et de la préoccupation pastorale pour le salut de tous les êtres humains présente dans Amoris Laetitia en ne tenant pas compte du péché ». Il y a une tendance à propager « un droit à la concupiscence pour tous », qui empêche la complémentarité féconde des sexes et porte atteinte à la nature du mariage.

Le Manifeste explique que « le Chemin synodal obscurcit la vocation spécifique du prêtre en marginalisant théologiquement et stratégiquement le prêtre et en tentant systématiquement d’élever des laïcs théologiquement qualifiés sans ordination à des postes de substitution au prêtre. Nous nous opposons à la fois à la laïcisation du prêtre et à la cléricalisation des laïcs. »

Enfin, l’ACA estime que la la crise des abus dans l’Eglise est exploitée à de mauvaises fins : « On peut à juste titre parler d’“abus d’abus”. Car les abus sexuels sont utilisés de manière synodale pour faire pression en faveur d’objectifs et de positions étranges dans l’Eglise. Cependant, cela conduit à une déformation totalement irresponsable d’une discussion qui requiert la plus grande attention. »

Le Manifeste ajoute des explications pertinentes sur ce point. Ainsi, il n’est pas tenu compte du fait que d’autres types d’églises – hiérarchisées ou non – sont affectées dans une mesure similaire par les abus. La réaction aux abus s’est transformée en une guerre par procuration, qui porte en réalité sur les revendications d’un programme ecclésiastique libéral.

Retournant l’arme des novateurs contre eux, les auteurs affirment que cette attitude révèle que les membres synodaux se préoccupent davantage de leur image que des victimes. Le Chemin synodal et ses propositions n’ont pas brisé, mais plutôt renforcé cette attitude. Mais les logiques d’auto-préservation ecclésiale conduisent ici, non à une véritable réforme, mais à l’athéisme ecclésial.