Ordre de Malte : la tempête apaisée

C’est la première fois que les capitulants se réunissent depuis que le pontife romain a imposé à l’Ordre sa nouvelle constitution et fait démissionner des instances dirigeantes les chevaliers les plus récalcitrants aux réformes.

Compte tenu de l’intervention décisive du pape dans le gouvernement de l’Ordre, on pouvait se demander comment le chapitre se déroulerait, et si des divisions entre chevaliers feraient à nouveau surface.

Mais il n’en fut – apparemment – rien, et plusieurs capitulants ont confié avoir travaillé dans une « atmosphère vraiment fraternelle », tandis qu’un autre précise : « Nous avons eu le sentiment d’être un ordre religieux à part entière, réuni à des fins religieuses, et non d’assister à une réunion politique ou à celle d’un conseil d’administration. »

Le chapitre général a été présidé par le lieutenant du grand maître Fra’ John Dunlap assisté du délégué spécial du Saint-Père pour l’Ordre, le cardinal Silviano Tomasi, et du souverain conseil, désigné l’an passé ad interim par le pape François.

Ont été élus pour un mandat de six ans les neuf conseillers du nouveau souverain conseil auxquels s’ajoutent les nouveaux titulaires des « hautes charges » : le grand commandeur Fra’ Emmanuel Rousseau, le grand chancelier Riccardo Paterno di Montecupo, le grand hospitalier Fra’ Alessandro de Franciscis et le receveur du commun trésor Fabrizio Colonna.

Il est à noter que les germanophones, pour la plupart opposés à la réforme de la gouvernance de l’Ordre poussée par le Saint-Siège, sont quasiment absents du souverain conseil qui vient d’être choisi.

Une fois les élections du souverain conseil terminées, l’Ordre de Malte peut maintenant tenir son conseil d’Etat complet pour élire le 81e grand maître, un poste demeuré vacant depuis le décès, en 2020, de Fra’ Giacomo Dalla Torre del Tempio di Sanguinetto.

Un habit qui semble taillé sur mesure pour l’actuel lieutenant de grand maître qui a présidé le chapitre général : « Je pense qu’il est vrai que Fra’ John Dunlap est le seul nom qui ressorte vraiment ; la seule question est de savoir s’il désire être grand maître, et il me semble que c’est le cas », confie un capitulant.

Une façon d’honorer également celui qui a évité une implosion de l’Ordre que beaucoup prévoyaient, en apaisant les chevaliers, tout en appliquant les réformes décidées, parfois à la hussarde, par l’hôte de Sainte-Marthe.