Où mène la politique d’accord du Vatican avec la Chine ?

Source: FSSPX Actualités

Célébration de la fondation du Parti communiste chinois dans la cathédrale de Leshan

Dans un entretien accordé à l’agence de presse Reuters, le 2 juillet 2022, le pape François exprime l’espoir d’un renouvellement de l’accord pastoral sur la nomination des évêques qui prendra fin en septembre prochain.

Cet accord a été passé entre le Saint-Siège et la Chine en 2018 pour deux années. Il a ensuite été renouvelé en 2020 pour deux nouvelles années. Il est censé donner au Pape le dernier mot sur la nomination des évêques dans le pays. Mais de fait, le contenu étant resté secret, il n’y a aucune certitude sur ce point.

En revanche, une chose reste certaine, ce sont les attaques régulières contre cet accord par de nombreuses voix autorisées, surtout en Asie. L’un des plus virulents adversaires de cette convention est le cardinal Joseph Zen Ze-kiun, qui a récemment été arrêté par le pouvoir mis en place par Pékin à Hong-Kong avant d’être libéré sous caution.

Selon François le processus de nomination des évêques « va lentement », mais il explique qu’il s’agit de la « “méthode chinoise” parce que les Chinois ont ce sens du temps où personne ne peut les presser ».

Le Pape défend cet accord par le raisonnement suivant : « Lorsque vous faites face à une situation bloquée, vous devez trouver la voie possible, et non la voie idéale, pour en sortir ». Et de comparer les critiques à celles qui visaient le cardinal Agostino Casaroli, artisan de l’Ostpolitik menée par les papes Jean XXIII et Paul VI dans les années 1960 et 1970.

Comparaison très malheureuse, quand on se souvient des conséquences au-delà du rideau de fer, en particulier la mise en place des « prêtres de la paix », véritables collaborateurs des gouvernements communistes.

La dictature communiste sur l’Eglise de Chine

Cette vue lénifiante de l’accord sino-Vatican est de plus en plus malmenée par les faits qui se déroulent au-delà du rideau de bambou. Ainsi la politique du Parti achève de s’immiscer dans tous les rouages de l’Eglise chinoise pour contrôler le clergé.

Pour donner un exemple récent, le 29 juin dernier, la cathédrale du diocèse de Leshan (province du Sichuan) a été utilisée pour célébrer l’anniversaire de la fondation du Parti communiste chinois (PCC), date qui coïncidait avec la fête des saints Pierre et Paul.

L’évêque, Mgr Lei Shiyin et d’autres prêtres et religieuses ont assisté à la célébration. Il convient de noter que celle-ci a été avancée de deux jours, puisque la fondation a eu lieu de fait le 1er juillet 1921. Au cours de l’homélie, les fidèles ont été appelés à « écouter la parole du Parti, sentir la grâce du Parti et suivre le Parti ».

Une source chinoise commente : « Il ne s’agit plus d’écouter le Seigneur, de sentir sa grâce et de le suivre. C’est la racine de la maladie de l’Eglise chinoise aujourd’hui, il est difficile de sortir de l’influence de l’idéologie. La politique est entrée dans l’Eglise ».

Mgr Lei traîne d’ailleurs une triste histoire. Après avoir été sacré illégitimement en 2011, il a été accusé d’avoir une maîtresse et des enfants puis excommunié. En 2018, le pape François a retiré son excommunication et il a retrouvé ses fonctions épiscopales, pour quel résultat…

Enfin, après la répression des activités religieuses, la capacité de mouvement et d’activité des catholiques est progressivement et drastiquement réduite. Le premier juin de cette année, les « Mesures pour la gestion financière des lieux de culte » ont été lancées, et depuis mars, les « Mesures administratives pour les services d’information religieuse sur Internet » sont en vigueur.