Paris : enquête sur le Denier du culte

Baisse du nombre de personnes contribuant au Denier du culte mais augmentation du montant du don moyen : l’archidiocèse de Paris tire les enseignements de l’évolution de la collecte du Denier sur les dix dernières années. Et ouvre des pistes pour l’avenir.
L’archidiocèse de Paris vient d’entreprendre une grande enquête sur le Denier du culte : deux enseignements principaux émergent des premiers résultats. Tout d’abord la baisse du nombre de donateurs : si l’on regarde dix ans en arrière, ils sont 58.000 donateurs réguliers sur la capitale, soit 9% de moins à s’acquitter du Denier.
Toutefois, pour contrebalancer le premier chiffre, l’enquête montre que le Denier a connu une progression de 17% : cela signifie que le don moyen est plus élevé, s’élevant à 450€ , le don médian étant de 200€.
Quels facteurs invoquer pour expliquer la baisse du nombre de donateurs sachant que depuis les attentats de novembre 2015, une hausse de la pratique religieuse moyenne a été enregistrée sur l’ensemble du diocèse ? Christophe Rousselot, directeur du développement des ressources financières, y voit le fruit d’une « évolution sociologique ».
Selon lui, certaines familles qui habitaient sur le territoire de certaines paroisses - telle Saint-Sulpice dans le VIe arrondissement - ne peuvent plus conserver les appartements familiaux au moment des successions étant donnée la hausse des prix de l’immobilier dans cet arrondissement de la capitale. Les logements sont souvent rachetés par des étrangers, non catholiques, qui ne sont pas paroissiens.
« Rue de Rivoli, ajoute-t-il, cela fait belle lurette qu’il n’y a plus de famille dans le secteur. Le denier de Saint-Germain-l’Auxerrois est porté à bout de bras par quelques paroissiens ». Puis pointant du doigt une autre raison, il ajoute : « d’autres quartiers sont aussi très complexes car très habités par des personnes d’autres religions ».
La hausse du montant du Denier serait due, quant à elle, aux efforts de sensibilisation des curés qui ont réussi à convaincre leurs ouailles d’être plus généreuses ; l’enquête montre aussi que le prélèvement automatique qui facilite la démarche du donateur est une pratique qui s’est étendue et qui représente à l’heure actuelle 25% des dons.
Si le nombre de pratiquants a augmenté, il reste donc tout un travail de sensibilisation à mener auprès d’eux, notamment auprès des jeunes. Etant donné que les 18-30 ans n’ont souvent plus un chéquier sur eux, certaines paroisses ont innové dans les moyens permettant de participer au Denier. Ainsi, dans le VIIe arrondissement, à Saint-François-Xavier, Christophe Rousselot explique qu’une équipe du diocèse « s’est installée au bas des marches avec un terminal de paiement, ce qui a permis de recueillir des souscriptions et des renouvellements de prélèvement automatique à la sortie de la messe ».
Les 18-25 ans sont aussi depuis quelques années sollicités pour les besoins du diocèse lui-même, « ce qui a suscité quelques centaines de prélèvements automatiques. Ils sont souvent tout petits, précise-t-il, de l’ordre de 1 à 5 €, mais cela permet d’instaurer une habitude ».
Et de conclure : « nous allons maintenant nous intéresser aux jeunes professionnels, en désignant une personne de notre équipe qui sera en lien avec toutes les paroisses, les groupes de formation de jeunes, les pèlerinages… »
Pour mémoire, depuis la loi de séparation de 1905, la République n’accepte plus "de reconnaître, de salarier ni de subventionner aucun culte ». Privés de toute ressource d’origine publique, les évêques et les prêtres ont été contraints de faire appel à la générosité des fidèles. C’est ainsi que fut instauré, dès 1906, le « Denier du clergé » qui devait prendre le nom de « Denier du culte » quelques années plus tard.
Le pape saint Pie X dans son Catéchisme rattache l’obligation grave de contribuer au Denier du culte au IVe commandement de Dieu qui « nous ordonne de faire les offrande établies par l’autorité ou par l’usage pour l’exercice convenable du culte et pour l’honnête subsistance des ministres de Dieu ».
(Source : La Croix ‘urbi & orbi’ - FSSPX.Actualités - 21/06/17)