Paris : exposition au Musée de Cluny, un « Voyage dans le cristal »
Merveille de la nature, le cristal de roche fascine par sa transparence et ses facettes diffractant la lumière. Dès l’Antiquité, la compréhension des formes cristallines passionne les scientifiques. Le phénomène des cristaux de neige est associé au cristal, et c’est Strabon, au Ier siècle avant notre ère, qui parle le premier de krystallos (glace, en grec ancien).
Au Moyen Age en Occident, le terme quartz est employé pour tous les cristaux jusqu’à ce que Georgius Agricola, au XVIe siècle, arrête sa définition à la silice pure, dont la désignation varie selon la teinte ; le quartz hyalin transparent est le cristal de roche.
Jusqu’au 14 janvier 2024, le musée de Cluny – musée national du Moyen Age – propose un Voyage dans le cristal. Construite en six actes de douze chapitres chacun, l’exposition révèle les mille et une facettes du cristal de roche à travers la présentation de plus de 200 pièces, véritables chefs d’œuvres artistiques, de la Préhistoire à l’art contemporain.
Le commissariat de l’exposition est assuré par Isabelle Bardiès-Fronty, conservatrice générale du patrimoine au musée de Cluny, et Stéphane Pennec, archéologue, président de la société AÏNU, service de restauration d’œuvres d’art. L’exposition bénéficie du soutien de L’Ecole des Arts Joailliers.
La beauté du quartz fascine l’artiste, d’autant plus que sa sculpture est particulièrement difficile. Le quartz peut être taillé par percussion directe ou indirecte. Il peut aussi être poli et percé. Les mêmes outils sont utilisés depuis l’Antiquité, comme le touret (petit tour), la scie, la bouterolle (outil à tête arrondie) ou encore la pointe de diamant. Sa dureté exige un travail par abrasion, à la poudre d’émeri notamment.
Chez les Grecs et les Romains, on retrouve dans des sanctuaires de luxueux vases cultuels en cristal de roche. Les artistes de l’Antiquité représentent également des figures humaines en quartz hyalin.
Aux temps mérovingiens, le cristal de roche est souvent présent dans les tombes et embellit les œuvres de prestige dans les églises. Dans le monde carolingien, une gravure d’une virtuosité inégalée permet de révéler de véritables tableaux sur des plaques de quartz, dans une technique qui annonce celles des grands sculpteurs de la Renaissance.
Au Moyen Age, le quartz hyalin est un matériau de prédilection pour les commandes artistiques dans les églises, allant des objets liturgiques aux reliquaires. Sur des croix reliquaires ou d’autel, de gros cabochons placés au centre des bras renvoient symboliquement à Jésus-Christ, « vraie Lumière qui éclaire tout homme en venant dans le monde ». (Jn 1, 9)
Si le quartz est souvent utilisé pour les objets liturgiques, il n’est cependant pas absent du monde profane. Il est même un matériau prisé pour la vaisselle de luxe dès l’Antiquité, comme en témoignent le skyphos (vase à boire, avec deux anses) et les flacons de Cologne. Gobelets, cuillères et coupes de cristal se déclinent ainsi aux côtés d’objets plus fantaisistes à l’instar d’une aiguière en forme de dragon du musée du Louvre.
Jusqu’au 14 janvier 2024, Voyage dans le cristal. Musée de Cluny, 28 rue du Sommerard, 75005 Paris. Ouvert tous les jours, sauf le lundi, de 9h30 à 18h15. Nocturne 1er et 3e jeudis du mois de 18h15 à 21h. Fermé le 25 décembre, le 1er janvier. Entrée 12 €, tarif réduit 10 €. Gratuit le premier dimanche du mois.
(Source : Musée de Cluny/DICI n°439 – FSSPX.Actualités)
Illustration : Musée de Cluny