A peine publiée, déjà appliquée
A peine publiée, l’exhortation Amoris lætitia qui prévoit des « exceptions pastorales » autorisant des divorcés civilement remariés à communier, est appliquée… dans l’urgence. Aux Philippines, Mgr Socrates B. Villegas, archevêque de Lingayen Daupan, président de la Conférence épiscopale, écrit le 9 avril : « Après un discernement collectif, nos évêques élaboreront des lignes directrices plus concrètes sur l'application de l'exhortation apostolique Amoris lætitia. Mais la miséricorde ne peut pas attendre. La miséricorde ne devrait pas attendre. Dès maintenant, les évêques et les prêtres doivent ouvrir des bras accueillants à ceux qui ont été tenus à l'écart de l'Eglise par un sentiment de culpabilité et de honte. (…) Ceci est une disposition de la miséricorde, une ouverture de cœur et d'esprit qui n'a besoin d'aucune loi, n'attend aucune ligne directrice. Cela peut et doit se faire immédiatement. »
En Italie, Mgr Alberto Carrara, directeur du bulletin diocésain de Bergame, déclare le 14 avril : « Divorcés et séparés qui se sont remariés peuvent être réadmis aux sacrements. C'est l'une des nouveautés d’Amoris lætitia, l'exhortation apostolique que le pape François a rédigée à l’issue des deux synodes sur la famille ».
Les critiques théologiques et canoniques de cette exhortation peuvent se multiplier, les applications pastorales ignorent ces analyses, considérées comme byzantines. On ne retient qu’une chose : ce qui était naguère interdit par rigidité doctrinale, est désormais permis par miséricorde pastorale.
Il faut se souvenir que, depuis le Concile, la doctrine n’est pas niée directement, ni combattue frontalement ; elle est simplement contournée – comme on évite un obstacle –, au nom de la pastorale. Opposer la doctrine traditionnelle à la praxis conciliaire, tenter d’argumenter avec des raisons théologiques contre cette pratique qui suit la mentalité du moment et s’accommode aux mœurs du jour, est aussi peu efficace que de chercher à saisir un savon glissant avec de savants concepts… On ne répond à la praxis conciliaire que par la discipline traditionnelle, appuyée sur la doctrine bimillénaire. Discipline qui n’est pas une praxis contraire, mais le contraire de la praxis conciliaire.
Abbé Alain Lorans
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